ChaudeyrollesJe suis arrivé bien moulu et bien écorché, mais j’ai fait celui qui n’est pas fatigué. Les premiers moments ont été tristes. Le cimetière est près de l’église, et il n’y a pas d’enfants pour jouer avec moi ; il souffle un vent dur qui rase la terre avec colère, parce qu’il ne trouve pas à se loger dans le feuillage des grands arbres. Je ne vois que des sapins maigres, longs comme des mâts, et la montagne apparaît là-bas, nue et pelée comme le dos décharné d’un éléphant. C’est vide, vide, avec seulement des bœufs couchés, ou des chevaux plantés debout dans les prairies ! Il y a des chemins aux pierres grises comme des coquilles de pèlerins, et des rivières qui ont les bords rougeâtres, comme s’il y avait eu du sang : l’herbe est sombre. Mais, peu à peu, cet air cru des mon