Je me retrouve devant cette église. Je ne saurai dire comment je suis arrivée là mais j'y suis. J'hésite à entrer un moment puis je me décide finalement. Les larmes n'arrêtent pas de couler de mes yeux. Je ne saurai expliquer la douleur que je ressens à ce moment. L'église a l'air vide. Tout doucement je m'avance vers l'autel devant lequel je mets à genoux.
Moi en pleure : seigneur pourquoi ? Pourquoi permets-tu que tout ceci m'arrive hein ? D'abord tu m'as pris mon père, puis la santé de maman et maintenant tu l'éloignes définitivement de moi. Pourquoi ? Hein ? C'était ça ton but ? Que je mène cette vie ? Depuis toute petite je t'ai aimé mais toi qu'est-ce que tu as fait seigneur ? Hein ? Pourquoi me fais-tu autant de mal toi qui est sensé m'aimer et me consoler ? Mon Dieu pourquoi ? Qu'est-ce que je vais devenir ? Pourquoi SNIF pourquoi ?
Je me lève et me mets à crier...
Moi : tous les jours tu manifestes ta main puissante dans la vie des autres... Ils réussissent, évoluent et te rendent gloire. Pourquoi pas moi ? Ou bien je ne suis pas aussi ton enfant ? Hein ? Réponds-moi seigneur SNIF stp répond moi...
Je m'écroule sur le sol toujours en pleurant...
Moi : seigneur stp viens parce que toute seule je ne pourrai supporter cette souffrance. Stp ne m'abandonne pas...
Je finis par m'endormir là...
Je suis réveillée quelques heures plus tard par une voix. Je ne sais même pas quelle heure il est, ni combien de temps j'ai mis ici.
: Eh, ma fille ? », lance une voix que je peine à reconnaître.
J'émerge difficilement de mon sommeil. J'ai tellement mal au corps. Quoi de plus normal, je viens de dormir sur le sol d'une église.
: pourquoi as-tu dormi par terre ? », reprend la même voix.
Il m'aide à me relever et m'emmène avec lui sur une chaise sur laquelle il me fait asseoir puis tire une autre et s'assoit face à moi.
Lui : comment tu t'appelles ?
Moi : Didi (du coup ça me rappelle de nouveau maman), SNIF Élodie !
Lui : et si tu me disais pourquoi tu pleures Didi
Moi : le seigneur m'a abandonnée
Elle : pourquoi dis-tu cela ?
Moi : il m'a tout pris et maintenant même m'écouter ou me parler il ne le fait pas. Il me laisse toute seule face à cette situation. C'est pour que je devienne quoi hein ?
Il me regarde me plaindre et parler pendant un long moment sans rien dire. Il me laisse parler un bon moment et ensuite prend la parole.
Lui : Élodie, la dernière fois que tu as prié c'était quand ?
Moi : je ne m'en souviens plus ?
Lui : comment voudrais-tu que le seigneur t'écoute si tu ne lui parles pas ?
Moi : mais maman priait tous les jours mais ça ne lui a pas empêché de la prendre.
Lui : aussi bizarres qu'elles puissent paraître, les voies de notre seigneur Jésus-Christ restent les meilleures. S’il permet que tu passes par cette situation c'est parce qu'il sait que tu en es capable. On ne donne pas de gros défis, de plus grosses tâches aux faibles, paresseux et incapable mais aux courageux. Je ne te demande pas de te réjouir de ta situation. Je te demande de te servir de cette douleur à l'intérieur de toi et d'en faire une force qui te permettra d'affronter l'épreuve. N'oublie pas que plus l'épreuve est difficile, plus la récompense est grande. Cesse de te lamenter. Dieu lui-même dit dans sa parole quel parent aussi mauvais puisse-t-il être pourrait donner la pierre à son enfant à la place du pain? Ne te bâts pas contre Dieu mais avec lui. Prends-le par sa parole et tu me diras s’il ne t'écoute pas. Élodie je sais que c'est difficile mais je le redis si notre Seigneur savait que tu ne pouvais pas, il ne te mettrait pas face à cette épreuve.
Il me conseille encore longtemps et on finit par une prière. Il me donne quelques versets bibliques à lire et m'exhorte à prier et à venir à l'église de temps en temps. Je lui fais comprendre que j'ai compris et que je n'y manquerai pas.
Au final je mentirais si je disais que cette séance avec le pasteur Mardochée ne m'a pas fait du bien.
Je rentre à la maison certes pas heureuse mais je sens mon corps plus léger.
Lorsque j'arrive devant la maison, je me retrouve face à cet homme à l'hôpital.
Lui : Élodie, j'étais tellement inquiet pour vous... Comment vous allez ?
Moi : comme quelqu'un qui a tout perdu
Lui : je suis vraiment désolé. Je sais que c'est de ma faute. Je me suis montré égoïste en acceptant l'aide de votre maman pour mon fils mais qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour ses enfants ?
Moi : hum !
Je le dépasse et ouvre la porte.
Moi : vous voulez entrer ?
Lui : oui... Merci
Je lui cède le passage et l'invite à s'assoir.
Moi : vous voulez boire quelque chose ?
Lui : non merci.... Élodie parlez-moi s'il vous plaît.
Moi : pour dire quoi ?
Lui : j'ai promis à votre mère de toujours être présent pour vous et…
Moi (l’interrompant) : sauf que vous n'êtes pas mon père.
Lui : je le sais et mon but n'est pas de prendre cette place mais s'il te plait laisse-moi t'aider. Je ne pourrais peut-être pas être ta mère ou ton père mais je saurai être là pour toi.
Moi : je veux être seule s'il vous plaît.
Lui : ok tu as raison.... Tiens voici ma carte pour n'importe quoi et à n'importe quel moment appelle moi s'il te plait. Laisse-moi une seule chance s'il te plait... J'y vais mais j'attendrai ton appel, ajoute-t-il face à mon silence.
Lorsqu'il sort, les larmes que je retenais depuis tout ce temps se remettent à couler puis je retombe sur la lettre de maman. Je la lis de nouveau et j'ai l'impression qu'elle est près de moi. Je tiens la lettre très fort contre moi et puis je repense à ses mots ainsi qu'à ceux du pasteur et je me dis qu'il est temps que je me reprenne.
Je vais mettre sa lettre dans mon coffre à bijoux car c'est mon bien le plus précieux puis je reviens au salon. Il y a du désordre partout...
Je mets Ebezina de Preye Odede. Maman adorait cette chanson. Je la passe en boucle puis je me mets à ranger la maison... J'ouvre les fenêtres et je me lance dans un grand ménage. Je commence par le salon, la cuisine, les toilettes puis ma chambre dans laquelle je me débarrasse de tout ce qui me rappelait mon ancien boulot. Oui ancien boulot parce que j'arrête tout. Ces vêtements, chaussures et objets bizarres je n'en ai plus besoin. Je fais également du tri dans mes vêtements et enfin je termine avec la chambre de maman. La partie la plus douloureuse car tout ici me la rappelle tellement. Je garde ce que je peux et plie le reste que je mets dans une valise même si je ne sais pas encore ce que j'en ferais.
Une fois que tout est fini, je prends ma bible et lorsque je veux commencer ma prière, je reçois un appel de ma boss.
Elle : Élodie ? Tout va bien ? Ça fait un moment qu'on t'attend
Moi : désolé je ne viendrai pas et je ne viendrai plus d'ailleurs.
Elle : euh... Comment ? Mais pourquoi ?
Moi : parce que j'ai trouvé une solution à tous mes problèmes.
Elle : je serai bien curieuse de savoir laquelle...
Moi : Jésus-Christ
Elle reste silencieuse.
Moi : bonne journée !
Je raccroche et enlève ma carte Sim que je vais jeter dans les toilettes. J'achèterai une nouvelle.
Où en étais-je ? Ah voilà ma prière. Je commence à prier puis à lire les versets que m'a donnée le pasteur Mardochée.
Moi : ceci est ta parole et là sont tes mots. Si tu as fendu la mer rouge en deux pour permettre à tes enfants d'échapper à pharaon, tu as fait descendre la manne du ciel... Quel est ce problème qui sera au-dessus de toi ? Je ne vois pas. Seigneur je ne me tourne pas vers un homme aujourd'hui mais je reviens et m'abandonne complètement à toi. Si tu me laisses ce sera ton honte mon Dieu mais je sais que tu ne m'abandonneras pas. Je sais que tu accompliras de grandes choses dans ma vie. Tu as déjà commencé... Gloire à toi qui vit et règne pour des siècles et des siècles. Amen.
Je finis et vais ranger la bible de maman... J'ai prévu occuper la chambre de maman. L'autre chambre, je ne sais pas encore ce que j'en ferais.
(...)
Aujourd'hui est une journée triste pour moi car c'est aujourd'hui qu'on enterre maman. Le pasteur Mardochée est là avec quelques frères et sœurs de l'église. Ça ne fait que quelques jours que je connais le pasteur Mardochée mais depuis il est très présent pour moi.
Lorsqu'on finit l'inhumation ma douleur est si profonde. Je sens une main sur mon épaule lorsque je me retourne, je me retrouve face à Mr Mbella et son fils qui est en chaise roulante. Son opération est très récente il ne devrait d'ailleurs pas être là mais ça me touche qu'il soit venu. J'ai appelé Mr Mbella pour l'informer de l'inhumation de maman et je ne pensais pas qu'il viendrait.
Mr Mbella: je suis désolé Élodie, je...
Je ne le laisse pas finir sa phrase que je me jette dans ses bras. Il me sert si fort que je me sens bien. Son fils lui me prend la main pour me témoigner sa compassion. Je sais qu'il se sent coupable et en me mettant à sa place, ce n'est pas facile de devoir penser que quelqu'un soit mort pour que l'on vive mais je serai près de lui pour lui faire comprendre qu'il n'a pas à se sentir coupable.
Au moment des témoignages je me lève pour prendre la parole.
Moi : maman, ma petite maman, j'aurais tellement aimé que tu sois là pour me voir prier. Aujourd'hui je comprends mieux cet amour que tu avais pour notre seigneur. Pour moi ce n'est pas un jour de tristesse mais de joie. Oui je suis heureuse car là-bas tu seras plus heureuse et je sais qu'un jour on se retrouvera. Je suis heureuse parce que tu es partie pour une bonne cause. Je suis juste triste parce que tu ne me verras pas être présidente de la république comme je te l'avais promis mais je sais que de là-haut tu me regardes et que tu restes à jamais dans mon cœur. Papa et toi vous me manquez énormément mais Dieu ne m'a pas abandonné aujourd'hui j'en ai la preuve. Regarde tous ces gens qui sont venus aujourd'hui pour toi, pour nous... Désormais je sais que je ne suis plus seule. Je t'aime ma petite maman et je te promets que je volerai, encore et encore... Je volerai si haut que même les obstacles deviendront des avantages et même lorsque j'aurai atteint le sommet je ne m'arrêterai pas. J'y crois fermement parce que mon seigneur est là. Oui il est tout près et il m'a dit qu'il le fera et je le crois. Vas en paix ma petite maman. Je t'aime