PRUDUENCE
Je suis tellement heureux que ma relation avec Clara aille mieux maintenant et ça, je le dois en grande partie à Ondo qui m'a fait prendre conscience d'un bon nombre de choses. Je suis juste triste du fait qu'au moment où ma relation avec Clara est au top, ce soit un peu la m***e de son côté et je ne peux même pas imaginer comment il se sent. Le pire c'est qu'il n'a même aucune idée de ce qui se passe. À propos de ça, il va falloir que je mette un peu plus de pression à Clara pour qu'elle m'en parle.
Pour l'heure, j'ai prévu aller rendre visite à ma mère. Ça fait vraiment un moment que je ne suis pas passer leur rendre visite ; à croire que j'ai vraiment laissé tomber tout le monde. Il faut que je me rattrape. Certes ma situation n'a toujours pas changé mais aujourd'hui je sais que me lamenter ne servira à rien. J'ai fait ma part, maintenant je laisse Dieu faire le reste.
Je file en douche pour prendre un bain. Je n'ai pas prévenu maman que j'arrivais, je compte lui faire la surprise. Pendant que je me douche, mon portable n'arrête pas de sonner. C'est la mousse pleine le corps que je me dirige vers mon téléphone pour décrocher.
Moi : Allô ?
: Bonjour ! C'est bien Monsieur SETONDJI ?
Moi : Euh oui...
La voix : Bien, je suis Monsieur TADOGODOGO Justin, Directeur des Ressources Humaines à BÉNIN CONTRÔLE SA. Nous avons retenu votre dossier et vous êtes attendus demain matin à onze heures au siège de notre entreprise pour un entretien d'embauche.
Moi (Dépassé) : Euh... Ok ! Merci monsieur !
Lui : Bonne journée !
Moi: Bonne journée.
Il raccroche et je ne sais même pas ce que je dois faire... Sauter, crier, danser ? Je suis tellement heureux. Je sais que ce n'est qu'un entretien mais au moins ça me donne de l'espoir. C'est tout ce dont j'avais besoin pour pouvoir avancer. Je file à ma douche et finis de prendre mon bain tout en remerciant le seigneur pour cette grâce qu'il vient de m'accorder.
J'arrive à la maison une heure plus tard et comme d'habitude je suis bien accueilli. J'avoue que toute cette chaleur m'avait manqué. Je ne perds pas de temps pour annoncer la bonne nouvelle à maman.
Maman : Je te l'avais dit que le seigneur allait se souvenir de nous. Je suis si contente mais ce n'est pas le moment de lâcher la prière. Il y a encore du chemin à faire mais déjà, je suis très heureuse. Eh Dieu je te rends grâce pour mon fils.
Moi : Amen... Je suis tellement heureux maman.
Elle : Ah, à qui le dis-tu ? Et Clara comment elle va ? Elle le sait déjà ?
Moi : Non, je l'ai su il y a peu lorsque je m'apprêtais pour venir ici.
Elle : Tu vois ? Depuis que tu m'as abandonné, il a fallu que tu te décides à venir ici pour avoir une bonne nouvelle.
Moi : Si je comprends bien c'est toi mon porte bonheur c'est ça ?
Elle : Parce que tu en doutes ?
Moi : Non non... Bien-sûr que non maman chérie.
Elle : Ah voilà... Et Clara ? Comment elle va ? C'est elle qui m'appelle tout le temps...
Moi (Surpris) : Vraiment ?
Elle : Mais oui Si toi tu m'abandonnes, tu crois qu'elle aussi va m'abandonner ? Elle m'appelle tout le temps. Elle était là il y a deux semaines pour laisser le sac de riz qui est dans la cuisine et aussi de l'huile et du poisson.
Je me sens encore plus mal à l'aise vis-à-vis de ma mère et de Clara. Comment j'ai pu manquer tout ça ? J'étais là à la stresser alors qu'elle, tout ce qu'elle a fait, c'est s'occuper de moi et ma famille.
Maman : Dimanche encore elle m'a envoyé vingt mille. Tu ne le savais pas ?
Moi : Non...
Elle : Elle m'a même fait du ndolè à manger ici. Ah vraiment c'est Dieu qui a envoyé cette fille sur ton chemin. Elle est vraiment bénie cette petite.
Moi : C'est moi qui suis bénie de l'avoir dans ma vie.
Elle : Au moins maintenant tu pourras travailler et enfin mettre de l'argent de côté pour payer sa dot. J'ai un peu d'argent de côté on pourra rajouter.
Moi : Non maman ce ne sera pas nécessaire. Dieu pourvoira.
Elle : Je suis si fière de toi.
Moi : Merci maman.
Je passe encore un bon moment avec elle puis je rentre à la maison. Je décide d'appeler Clara une fois chez moi pour lui annoncer la bonne nouvelle.
Elle : Tu vois quand je te disais qu'il ne faut pas perdre la foi hein ? Dieu est merveilleux !
Moi : Je ne suis même pas encore retenu.
Elle : Je sais que tu le seras. Tu es le meilleur dans ton domaine et ils auraient tort de ne pas t'embaucher.
Moi : Merci ma belle c'est vraiment réconfortant.
Elle : Ce n'est que la vérité... Qu'est-ce tu as mangé aujourd'hui ?
Moi : J'ai mangé de la pâte avec du crincrin. En parlant de ça, maman m'a dit que tu étais là-bas il y a deux semaines ?
Elle : Oui j'espère que ça ne te dérange pas. J'aime bien lui rendre visite de temps en temps.
Moi : Bien-sûr que non mais pourquoi tu ne me l'as jamais dit ?
Elle : Disons que tu étais préoccupé par autre chose.
Moi (Gêné) : Je suis vraiment désolé ma belle, je sais que je me suis mal comporté...
Elle : Shuuttt, rassure-toi tu t'es très bien rattrapé !
Moi : Je compte faire bien plus. Je t'aime Clara.
Elle : Moi encore plus. Bien, il faut que je te laisse te reposer. Tu dois être en forme pour demain. Je t'appelle le matin. Bonne nuit chéri.
Moi : Bonne nuit ma belle.
Je raccroche et je souris. C'est fou comme cette fille me rend heureux. Maintenant plus que jamais, je veux ce boulot pour enfin faire d'elle ma femme.
J'appelle Ondo également mais son numéro ne passe pas. Je crois que je vais réessayer demain. Pour le moment j'ai vraiment besoin de me reposer.
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Aujourd'hui je ne compte rien laisser passer et ça commence avec mon apparence. J'ai sorti mon costume du placard. Dieu sait quand je l'ai mis pour la dernière fois.
Je finis d'enfiler mon costume sans oublier ma cravate. Je mets la chaussure qui va avec et je termine le tout par une petite dose de parfum et ma montre. Un homme sans montre franchement, ce nest pas un homme. Je regarde mon reflet dans le miroir et j'aime ce que je vois. Pendant un brin de seconde, je m'imagine à l'église disant oui à ma dulcinée, mais pour ça, je vais devoir attendre encore un peu. C'est le moment de mettre le paquet.
Je mets mes genoux au sol et fais ma prière puis je me dirige vers mon destin.
Je prends mon porte document dans lequel il y a mon Curriculum Vitæ (CV), ma demande ainsi que tous mes diplômes.
Lorsque j'arrive à l'entreprise, je suis directement dirigé au bureau du Directeur des Ressources Humaines qui m'annonce qu'en fait, je serai reçu par le Directeur Général en personne. J'avoue que là, je commence à vraiment stresser. Pendant qu'il me conduit au bureau du DG, je ne peux m'empêcher d'apprécier chaque parcelle de ce bâtiment. J'ai hâte de travailler ici.
Lorsqu'on arrive devant le bureau du DG, il rentre certainement pour annoncer ma présence puis revient me faire signe d'entrer. Il s'en va et referme derrière lui.
Je suis surpris de voir une dame derrière ce bureau. Je dirais la quarantaine mais plutôt bien mise et bien conservée.
Elle : N'ayez pas peur je ne vais pas vous mangez, enfin pas tout de suite.
Elle se met à rire et je me demande si je suis censé en faire de même.
Moi : Euh...
Elle : Je rigole.
Je plisse les yeux parce que j'ai vraiment du mal à la cerner.
Elle (Plus sérieuse): Bien, je ne vais pas tourner autour du pot. J'ai lu votre dossier et il a vraiment retenu mon attention. Vous avez toutes les qualifications que je recherche.
Je commence à sourire de l'intérieur.
Elle : Je suis prête à vous engager tout de suite là mais pour cela, j'attends quelque chose en retour. Rien de bien grave rassurez-vous !
Moi : Je vous écoute madame, croyez-moi que je suis prêt à tout pour que vous me donniez cette opportunité même s'il faille nettoyer vos chaussures.
Elle se met à rire à nouveau.
Elle : Mais non rien de cela. D'abord j'aimerais savoir pourquoi voulez-vous ce job ?
Moi : Madame, déjà parce que j'adore ce boulot mais également pour pouvoir me prendre en charge ainsi que ma famille et ma fiancée.
Elle : Vous l'aimez votre fiancée ?
Moi : De tout mon cur et mon souhait le plus cher c'est de faire d'elle ma femme.
Elle : Bien ! Vous savez que le fait que vous n'ayez pas vraiment d'expériences professionnelles est un handicap mais je saurai passer outre.
Moi : Merci madame, je vous promets que je ne vous décevrai pas.
Elle : Je l'espère bien parce que ce n'est pas gratuit tout ça. Tout ce que j'attends en retour c'est vous...
Moi : Moi ? Euh Moi comment ?
Elle : Mais arrêtez, vous n'êtes quand même pas un enfant. Vous êtes un bel homme et je vous veux.
Moi : Mais je suis fiancé et vous (regardant sa bague) mariées.
Elle : Oui mais n'empêche qu'on peut bien s'amuser tous les deux. En plus ce ne sera qu'une fois. Vous ne perdez rien. Votre fiancée n'en saura rien et vous aurez le poste de vos rêves.
Moi : Mais...
Elle : Pas la peine de répondre. Je vous attends ici lundi matin à la même heure pour me donner une réponse.
Moi : Mais...
Elle : Maintenant partez et n'oubliez pas, vous n'aurez pas droit à une seconde chance. Sortez maintenant, j'ai du travail.
Je sors complètement déboussolé. Et moi qui pensais que pour une fois, les choses s'arrangeaient pour moi, je vois bien que non. Comme si le sort s'acharnait contre moi.
J'arrive à la maison complètement abattu. J'appelle ma mère et lui raconte tout. Elle me dit de ne pas m'inquiéter et de tout confier à Dieu et que si ce travail n'est pas pour moi, eh bien un autre m'attend. Je suis d'accord avec elle sur un point, il n'est pas question que je me compromette pour un job.
Ça me fait mal mais je dois me ressaisir et je crois que parler avec ma mère m'a vraiment fait du bien. J'appelle Clara ensuite et je lui fais comprendre que l'entretien s'est bien passé et que j'aurais une réponse lundi. Elle me dit de rester en prière et qu'elle sait que ce travail est pour moi. J'ai presque envie de rire quand elle le dit ; tellement je sais que c'est impossible mais je me contente d'écouter. J'appelle Ondo une nouvelle fois après avoir parlé à Clara et ça ne passe toujours pas. Je crois qu'il va falloir que je gère son cas très vite.
J'essaye de m'en dormir mais je reçois un appel. Je regarde c'est la maman de Clara. Je suis surpris et je sais que cet appel ne présage rien de bon. Elle me demande de passer chez eux. Finalement je crois que ce repos je vais le mettre à plus tard.
J'arrive chez eux et trouve ses parents dans le salon. Sa mère toujours nerveuse comme d'habitude et son père essaye au moins d'être plus accueillant.
J'ai à peine le temps de m'asseoir que déjà la maman de Clara se lance dans un long discours.
Elle : Depuis que tu es venu prendre la liste on ne t'a pas vu. Si tu sais que c'est trop pour toi abandonne ce n'est pas forcé. Clara a tellement de prétendants qui seraient prêts à payer cette dot là tout de suite. Nous sommes fatigués d'attendre, alors si tu vois que tu n'es pas prêt dis-le nous.
Moi : Maman, papa je suis vraiment désolé du temps que ça prend mais je vous promets que ce n'est pas volontaire. Je suis toujours à la recherche d'un boulot et j'espère l'avoir d'ici peu.
Elle : C'est ce que tu as dit la dernière fois que tu étais assis à cette même place.
Moi : Je le sais mais je vous en prie laissez-moi encore un peu de temps.
Papa Clara : Mon fils nous sommes conscients que c'est difficile mais mets-toi également à notre place. Nous, tout ce qu'on veut c'est le bien de notre fille.
Moi : Je le sais papa mais je vous en prie laissez-moi encore un peu de temps et je vous promets que je ferai ce qu'il faut.
Maman Clara : Tu as un mois et demi et pas plus...
Moi : Euh... Ok !
Je prends congé d'eux mais cette fois, en étant plus abattu que jamais. Où vais-je trouver autant d'argent en si peu de temps ?
Je repense à la proposition de cette femme en me disant que si j'accepte, Clara ne le saura pas et je pourrais avoir le poste et de l'argent pour la dot, mais en même temps suis-je prêt à trahir mes valeurs et l'amour que j'éprouve pour Clara ?
Voilà que je me trouve face à un dilemme !