CLARA
L'attitude de maman m'a tellement choqué l'autre soir que j'ai du mal à lui adresser la parole depuis. Comment peut-elle se comporter ainsi. Elle qui nous a inculqué toutes les valeurs qu'on aujourd'hui. On dirait qu'un mauvais esprit est entré en elle. Je n'arrive vraiment pas à comprendre son attitude. Je préfère rester loin d'elle. Pour le moment la préoccupation c'est Prudy, depuis qu'il est parti d'ici il y a deux jours il ne m'a plus fait signe et il ne prend plus mes appels. Je suis tellement inquiète. J'ai même dû demander à Clara de se renseigner auprès de Ondo qui lui a dit que Prudy ne se sent pas juste bien. J'ai du mal à croire à cette explication. Si Prudy ne se sent pas bien je serais normalement parmi les premières personnes à être au courant mais tout au contraire, il choisit de m'éviter.
J'appelle Ondo et bien évidemment il essaye de le couvrir mais je lui mets tellement de pression qu'il finit par me dire ce qu'il se passe.
Moi : Sil te plaît Angel il faut que tu me dises, je ne supporte plus son silence. Qu'est-ce qui se passe ?
Lui : Après cette soirée chez vous, il s'est dit que ta mère avait raison et qu'il n'était pas vraiment fait pour toi. Alors il a choisi s'éloigner non seulement pour que tu puisses être avec quelqu'un que tu mérites mais également pour éviter des problèmes entre ta mère et toi.
Moi : Je crois que ça c'est tard. Mais ce n'est pas à lui de décider de ce qui est bien pour moi ou pas. Je veux son adresse s'il te plaît...
Lui : Euh en fait...
Moi : Angel s'il te plaît, je t'en supplie.
Lui : Ok...
Il me donne l'adresse, je le remercie puis je raccroche. Si Prudy ne veut plus de moi, il va devoir me le dire en face.
J'arrive devant leur portail dix minutes après. Je n'avais pas la force de conduire alors j'ai pris un taxi. Je sonne et c'est une belle dame je dirai dans la cinquantaine qui vient m'ouvrir. Je crois que ça doit être sa mère.
Moi : Bonjour maman.
Elle : Bonjour ma fille. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
Moi : Je voudrais voir Prud-Alban.
Elle me regarde de façon étrange. J'ai du mal à comprendre son regard.
Elle : Entrez ! Il est dans le salon.
Je la remercie et entre avec elle jusque dans le salon. Je trouve Prudy couché sur le canapé. Il doit être endormi.
Moi : Je crois que je vais repasser maman, il dort.
Elle va le taper et il se réveille en sursaut.
Elle : Voilà il est réveillé maintenant, donc pas la peine de repasser.
Elle sourit et je réponds à son sourire. Elle est tellement simple cette femme. Si seulement ma mère pouvait être ainsi.
Prudy me regarde tellement étonné qu'il croie rêver.
Lui : Clara ? Qu'est-ce que tu fais là ?
Moi : Ça fait deux jours que tu ne donnes pas signe de vie et tout ce que tu trouves à me demander c'est ce que je fais là ?
Lui : Viens avec moi sil te plaît. On va parler dehors.
Moi : Ok.
Je le suis jusque sur la cour. Il prend deux chaises à l'intérieur de la maison qu'il vient poser sur la cour pour qu'on puisse s'asseoir.
Moi : Bien, je t'écoute maintenant.
Lui : Je ne me sentais pas bien désolé.
Moi : Très drôle ! Tu ne te sens pas bien donc tu décides de rester dans ton coin. Tu me prends vraiment pour une idiote hein ?
Lui : Mais non...
Moi : Arrête donc d'insulter mon intelligence et dis-moi ce qui se passe.
Lui : Après ce qui s'est passé avec ta mère, j'ai cru bon qu'il serait mieux que je m'éloigne de toi.
Moi (Rire jaune) : Je pensais que tu ne laisserais rien nous séparer ?
Lui : Mais ta mère...
Moi : Ma mère n'a rien fait. Ce n'est pas mère qui a choisi de m'ignorer et de m'oublier. Ce n'est pas ma mère qui a pris la décision de me quitter alors laisse la tranquille. Tu as décidé ça toi tout seul.
Lui : Mais je l'ai fait pour toi.
Moi : À quel moment t'ai-je dit que je voulais que tu le fasses pour moi ?
Il baisse la tête.
Moi : Je croyais que notre relation valait plus que ça à tes yeux. Je suis prête à faire des efforts et des compromis mais si c'est à un sens ça ne marchera pas. Tu ne l'as pas fait pour moi mais pour toi. Parce que tu n'étais pas prêt tout simplement. (Je me lève) Désolée encore de t'avoir dérangé.
Je m'apprête à partir lorsqu'il me retient puis m'attire vers lui et m'embrasse. Ça m'a tellement manqué mais je le repousse.
Moi : Je t'interdis de jouer à ça avec moi ? Ok ? Tu n'as pas le droit de jouer avec mes sentiments.
Lui : Je ne joue pas je te jure. Tu sais que je t'aime. Je suis même fou de toi mais si cette relation doit te porter préjudice, je ne le supporterai pas.
Moi : Moi je suis prête à le supporter pour toi.
Lui : Tu es sérieuse ?
Moi : Oui...
Lui : Ok ! Alors on va se battre ensemble. Je te promets que je vais me mettre au travail. Je vais obtenir mon diplôme et chercher un bon travail pour pouvoir m'occuper de toi et pour que tu n'aies pas honte de moi devant ta famille.
Moi : Jamais je n'aurais honte de toi et tu le sais.
Lui : Je t'aime Clara.
Moi : Moi aussi je t'aime.
Lui : Je ne laisserai plus personne nous séparer je te promets.
Moi : En tout cas, je l'espère.
Il m'embrasse et cette fois je réponds à son b****r.
: Euh je vous ai apporté des boissons fraîches.
On se sépare rapidement malgré le fait que sa mère nous ait déjà vus. Elle sourit, dépose le plateau et s'en va.
Moi : La honte de ça... Hahhaha !
Lui : Viens là, je n'en ai pas terminé avec toi.
Il m'embrasse à nouveau et je me sens si bien.
QUELQUES ANNÉES PLUS TARD
PRUDENCE
Elle : Qu'est-ce que tu fais ?
Moi : Je dépose des demandes un peu partout.
Elle : Tu ne devrais pas te prendre la tête avec toutes ces choses.
Moi : Tu peux le dire toi. Tu as un travail.
Elle baisse la tête et là je crois que je l'ai vraiment blessé.
Moi : Ecoute bébé, ce n'est pas ce que je voulais dire. Juste que tu as un bon travail, Rose et Ondo pareil. Moi je suis là toujours sur place alors que j'ai des diplômes. Je suis obligé de faire des travaux qui n'ont rien à voir avec ce que j'ai fait à l'école. Je ne suis même pas capable de t'offrir un cadeau et tu ne peux pas savoir à quel point c'est gênant. Il y a cette liste que t'es parents m'ont donné pour ta dot, à ton avis je vais la payer comment ?
Elle : Mais je peux t'aider ?
Moi : Je sais, mais c'est ta dot ! Comment vas-tu encore la payer toi-même ? Et puis ta mère saura que c'est toi qui mas donné cet argent et trouvera à nouveau un moyen de m'humilier.
Elle : Tu te mets trop de pression Prudy. Je sais que ce n'est pas facile...
Moi : Non tu ne le sais pas, tu n'es pas à ma place.
Elle : Ok. Je crois que je vais rentrer.
Moi : Clara je suis dé...
Elle: non, tu n'as pas à être désolé ! Tu as raison ! Le mieux c'est que je parte.
Moi : Ok, je te raccompagne
Elle : Ce n'est pas la peine.
Elle prend son sac, met ses chaussures et s'en va. Ça me fait tellement mal qu'on se quitte ainsi. Et c'est comme ça depuis un moment. Depuis qu'on a fini avec l'école, Clara, Ondo et Rose ont pu trouver de bons boulots dans de grandes entreprises alors que moi j'en suis réduit à chercher des petits jobs partout dans le quartier. Qu'on le veuille ou non, c'est vexant.
Je suis allé prendre la liste de la dot il y a trois mois chez mes beaux-parents et franchement ils ne m'ont fait aucun cadeau. De quoi me stresser encore plus. J'ai tellement peur que finalement Clara se rende compte que je ne la mérite pas et qu'elle aille voir ailleurs. Je l'aime et je n'ai pas envie de la perdre même si je suis bien conscient du fait que je ne lui apporte rien. Au contraire je suis un poids dans sa vie. Chaque jour je prie mais à quand la fin ? Si seulement les choses pouvaient être simples. Pfff
Je me reconcentre sur mon ordinateur acheté par Clara bien évidemment... Je me demande ce que j'ai même eu à acheter de moi-même. Tout ce qu'il y a dans cette chambre c'est elle qui l'a payé. Il ne resterait plus qu'elle paye le loyer. C'est vraiment humiliant pour un homme comme moi. Quand je refuse qu'elle m'offre quelque chose, elle trouve que c'est de l'orgueil alors que ma réaction est juste normale. Bref je me reconcentre sur ma recherche d'emploi. De toutes les façons, j'ai quoi de mieux à faire ?
CLARA
Maman : Ça fait un moment qu'on t'attend...
Moi : Je suis passée chez Prudence avant.
Elle : Il dit qu'il en est où avec ta dot au fait ?
Moi : Il se prépare.
Elle : Très drôle... Tu ne penses pas qu'il serait tant que tu revois tes priorités ? Sérieux Clara tu crois que vous allez où au juste ? Tu es là ton copain dort encore dans une chambre d'étudiant alors que tu es cadre dans une grande entreprise de la place. Chaque jour tu dis qu'il va trouver un bon boulot mais je te rappelle que ça fait deux ans que ça dure. Continue ainsi et tu vas finir vieille sans jamais te marier.
Moi : Maman arrête s'il te plaît. Je n'ai vraiment pas envie qu'on se dispute aujourd'hui. Il trouvera ce travail tôt ou tard et quand ça arrivera, je serai à ses côtés.
Elle : Hum...
On finit de dresser la table, puis on passe à table. Tout le monde prend les nouvelles de tout le monde. Pendant que les autres rient et discutent je n'arrête pas de penser aux mots de ma mère. Ça fait deux ans que Prudy cherche un bon boulot et toujours rien. Je ne comprends vraiment m'as ce qu'il se passe pourtant il a toutes les caractéristiques requises dans son domaine. Et puis cette situation nous éloigne car il est constamment en colère et toujours en train de se plaindre qu'on a du mal à vraiment parler. Je l'aime c'est sûr et je ne veux pas le perdre mais je me demande si cette situation ne va pas finir par avoir raison de nous. Je ferai tout de mon côté pour que ça n'arrive pas et puis je crois en lui mais il faut que lui également relâche la pression peut-être qu'ainsi tout ira pour le mieux.
Après le dîner je compte l'appeler pour qu'on puisse un peu parler. Il me manque tellement, notre complicité me manque.
******
C'est parti pour une nouvelle semaine de travail. Comme d'habitude je suis debout très tôt pour m'apprêter. Je prends rapidement ma douche puis je vais prendre mon petit déjeuner avant d'aller mettre ma tenue soigneusement apprêtée ma veille. Aujourd'hui j'ai opté pour un ensemble tailleur noir et des escarpins bleus. Je file dans ma cuisine voir ce que je peux rapidement avaler puis je file au bureau. Ça fait plus d'un an que je vis seule dans cet appartement. J'ai proposé plusieurs fois à Prudy de venir vivre avec moi mais orgueilleux qu'il est, il a refusé en disant que c'est la femme qui va chez l'homme et pas le contraire. Je suis d'accord mais si je lui propose également d'aller vivre avec lui il va dire que non il ne peut pas s'occuper de moi etc. Un jour il m'a même sorti son ne devrait pas vivre ensemble avant le mariage. Il n'a pas tort mais ça me fait rire en même temps car venant de lui qui me répétait souvent qu'après nos études on s'installerait ensemble avant le mariage ça m'étonne vraiment. À un moment j'en arrive réellement à me poser des questions sur cette relation. J'espère qu'on va s'en sortir.
Lorsque j'entre dans le parking de l'entreprise je reçois un appel de Prudy qui me souhaite une bonne journée. Voilà le genre d'appel qui me fait passer une belle journée.
Je gare et descends pour me diriger vers l'ascenseur. Je regarde ma montre et je suis à l'heure comme toujours. Je me dirige directement dans la salle de réunion. Aujourd'hui on va présenter le nouveau directeur des ressources humaines. Ça fait deux ans que je travaille dans cette compagnie. J'ai commencé comme stagiaire et aujourd'hui je suis chargé du marketing et de la communication dans la compagnie. Un métier que j'adore. J'ai gravi les échelons en deux ans et seulement par la force de mon travail et je ne compte pas m'arrêter là. Le DG ainsi que les membres de la direction arrivent quelques instants plus tard et la réunion peut enfin commencé. On fait le point sur les chiffres de la semaine dernière puis on continue avec les nouveaux objectifs de la semaine. Enfin le DG annonce le nom du prochain Directeur des Ressources Humaines. Au même moment, je vois entrer... Rayan ?
Il semble autant surpris de me voir que moi de le voir. On s'efforce quand même de rester tous les deux professionnels. Les autres le félicitent et j'en fais de même pour masquer les apparences. Finalement on clôture la réunion et chacun va dans son bureau.
J'arrive dans mon bureau mais j'ai de la peine à me concentrer tellement je suis surprise de la présence de Rayan.
Quelques minutes plus tard, Ma porte s'ouvre sur Rayan. C'est déjà bien gênant de le savoir dans le même bâtiment que moi maintenant il va falloir que je supporte sa présence dans mon bureau.
Lui : Je peux entrer ?
Moi : Vas-y !
Lui : Je tenais juste à te dire que je suis désolé si ma présence te met mal à l'aise. Je t'assure que je ne savais pas que tu travaillais ici. C'est ma mère qui m'a parlé de cette offre d'emploi et j'ai postulé. Si j'avais su que...
Moi : Ce n'est pas grave ! Et puis tant que chacun de nous reste à sa place, il n'y a pas de raison qu'on ait des problèmes.
Lui : Cool.
Moi : Tu n'as pas changé...
Lui : Oui pas vraiment... Enfin je ne menace plus les gens avec des armes d'ailleurs je n'en possède plus mais je reste le même avec un peu plus de maturité.
Moi : Je vois ça et je trouve que ça te va bien.
Lui : Je tiens vraiment à m'excuser pour mon comportement. Sincèrement je suis désolé. J'espère que tu pourras me pardonner.
Moi : C'est déjà fait...
Lui : Si seulement je pouvais aussi avoir la chance de revoir ton copain pour m'excuser. Vous êtes toujours ensemble ?
Moi : Oui.
Il regarde mon doigt.
Moi : On nest pas encore marié mais on y pense.
Lui : Il est chanceux. Moi je suis un électron libre. Depuis que je suis parti du Bénin, je n'ai jamais pu réellement tomber amoureux d'une autre. Je pensais à toi tous les jours.
Moi : J'adorerai continuer cette conversation mais j'ai vraiment du travail.
Lui : Ah oui c'est vrai. Je suis là à t'embêter avec toutes ces histoires. Bon je te laisse.
Moi : Ok.
Il sort tandis que j'essaye de me remettre au boulot même si cela semble un peu difficile parce que toute mon attention est maintenant ailleurs.