Les Sonnets luxurieux
Les Sonnetii lussuriosi de l’Arétin ont été composés pour interpréter des gravures de Marc-Antoine Raimondi d’après des dessins de Jules Romain.
On n’a aucune idée de ces gravures, dont il n’existe aucun exemplaire. Des fragments ont été, il est vrai, signalés çà et là, mais jamais leur authenticité ne fut absolument certaine. Nul doute cependant qu’elles n’aient existé, mais elles ont été poursuivies et détruites avec tant d’acharnement qu’elles paraissent aujourd’hui définitivement perdues.
Ces estampes ont paru sans les sonnets de l’Arétin. D’autre part, un passage curieux d’Ebert (Beschreibung der Kœnigl. Biblioth. zu Dresden) semble indiquer l’existence d’une édition originale comprenant les sonnets et les gravures. Le fait est possible, mais non pas avéré.
D’après Ebert, la Bibliothèque royale de Dresde aurait possédé jusqu’en 1781 un exemplaire des Sonetti lussuriosi avec des dessins de Jules Romain (Graesse, qui cite Ebert, donne aux termes dessins le sens de gravures d’après les dessins).
Mais le gouvernement fit retirer l’ouvrage qui fut détruit. M. Canzler, bibliothécaire, put cependant copier les sonnets. Était-ce un manuscrit ou un imprimé ? S’agit-il des dessins originaux de Jules Romain ou des estampes de Marc-Antoine ? S’agit-il simplement, ce qui est probable, d’un tout autre livre ? On ne sait, et personne, que je sache, n’a même vu si les sonnets copiés par M. Canzler sont bien les Sonetti lussuriosi.
Il semble démontré que les Sonneti n’ont pas été gravés au bas des planches de Marc-Antoine, ni même imprimés en Italie du vivant de l’Arétin.
La première mention qui ait été faite des
Sonnetti lussuriosi
comme d’un livre imprimé parut dans les Memoriae historico-criticae librorum rariorum d’Auguste Beyer. (Dresde et Leipzig, 173/1, in-8.) Il y est dit que ce petit livre, in 12 (s. l. n. d.), contient 23 ff., dont le recto seul est imprimé. L’ouvrage ne contient qu’une gravure qui est libre et sert de frontispice.
Corona de i Cazzi cioè Sonnetti lussuriosi di Messer Pietro Aretino
In 16, s. l. n. d., figurant au catalogue de Boze. De Bure rapporte :
« On croit communément que ce savant ne l’a jamais eu en sa possession et ne l’avait annoncée dans son catalogue que sur l’espérance qu’il avait de se la procurer un jour… »
« … Cependant, remarque Bonneau, le livre est marqué comme relié en maroquin rouge et coté 1 000 francs, ce, qui serait bien singulier s’il était tout à fait imaginaire ; une autre raison nous incline à croire que les sonnets ont pu porter ce titre de Corona de i Cazzi, c’est le titre qu’on leur a donné en les réimprimant dans le « Recueil du Cosmopolite » (1735, in-8). Ce recueil, exclusivement composé de pièces françaises à l’exception des Sonetti, des Dubbii amorosi, et du Capitolo del Forno, de Mgr della Casa, a été, chacun le sait, imprimé en France ; éditeurs, typographes et correcteurs, tous ceux qui ont concouru à son exécution ignoraient complètement l’italien, comme il n’appert que trop du nombre considérable de mots qu’ils ont estropiés, notamment en prenant presque toujours les s longues pour des f, et réciproquement. Ils ont dû se borner à copier de leur mieux un vieux livre qu’ils avaient entre les mains. Dans ce Recueil, les Sonnets sont intitulés : Corona di Cazzi ; Sonnetti (sic) Divi Aretini : Corona di Cazzi est évidemment le titre copié sur l’imprimé, et qu’on n’a pas inventé ; Sonnetti Divi Aretini, au lieu de Sonnetti del divino Aretino, qu’il faudrait en italien, est un sous-titre de mauvais latin imaginé par l’éditeur qui a cru bien faire. À cela s’est borné, sans aucun doute, son intervention, et nous tenons là, exempte de toute retouche, une reproduction exacte d’une des plus anciennes éditions, un texte d’une antiquité certifiée par son orthographe archaïque du XVIe siècle. »
Bonneau se trompe, on ne lit pas dans le Cosmopolite : Sonnetti Divi Aretini, mais Divi Aretini Sonnetti.
Aretino Pietro Sonetti lussoriost, in Vinegia, 1556.
Pet. in-16 qui, d’après Charles Nodier (Description raisonnée d’une jolie collection de livres, Techener, 1884, in-8), paraît avoir été exécutée, en Suisse, dans le courant du XVIIIe siècle.
Ce livre se compose de 22 ff., dont le premier contient le titre et les autres un Sonnet imprimé au recto ; le vingt et unième ne contient qu’un huitain. La marque du papier est un double aigle couronné.
Dubbii amorosi, di Aretino, altri dubbii e sonetti.
In-8, s. l. n. d.
Dubbii amorosi, altri Dubbii et Sonetti lussuriosi, di Pietro Aretino. Nella Stamperia del Forno, alla corona de’cazzi.
Paris, chez Grangé, vers 1757, in-16 de 84 pp. Tous les exemp. sont tirés sur papier de Hollande Dubbj amorosi Altri Dubbj e Sonetti lussuriosi di Pietro Aretino dedicati ad clero ; in Parigi, appresso Giacomo Girouard nella strada del fine del mondo.
Dubbii amorosi, altri dubbii e sonetti lussuriosi…
In-16 de 70 pp. sur pap. ord.
Sonetti lussuriosi (sic), di Messer Pietro Aretino. In Venezia l’anno MDCCLXXIX.
Cette édition, comme celle mentionnée et décrite par Nodier, contient 22 ff. aux versos blancs. Comme il y manque le Sonnet IVe, Alcide Bonneau pense, non sans raison, que ce sonnet omis par négligence manque aussi dans l’édition dont Nodier fait mention « et que toutes les deux sont, sauf cette lacune, la reproduction textuelle de l’exemplaire mentionné par A. Beyer, qui avait vingt-trois feuillets ».
Dubbj amorosi altri dubbj e sonnetti lussuriosi di Pietro Aretino. Edizione pui d’ogni altra corretta. Prezzo 2 ff., in Roma, MDCCXCII, nella Stanperia Vaticana, c*n privilegio di sua santita.
In-18 (Paris, Girouard), 68 pp., 50 ex. sur pap. vélin et un ex. sur pap. bleu.
Recueil de Pièces choisies rassemblées par les soins du Cosmopolite Anconne chez Vriel Bandant à l’enseigne de la Liberté, MDCCXXV.
Ce recueil, formé par le duc d’Aiguillon et imprimé par lui et chez lui, fut tiré à 12 exemplaires, il contient La Corona di Cazzi, Divi Aretini Sonnetti, où se trouve, et dans un ordre logique, le meilleur texte que l’on connaisse des sonnets d’Arétin.
Ce recueil a été imprimé plusieurs fois, notamment en 1835 (?), avec quelques différences dans le texte, mais insignifiantes et en deux volumes chez Gay.
On a aussi tiré à part.
La Corona di Cazzi et autres poésies italiennes extraites du Recueil du Cosmopolite. Leyde, 1864.
In-8 de v-99 pp. tiré à 75 ex., par Gay, imprimé à Bruxelles et paru dans cette ville en octobre 1865.
Les Sonnets luxurieux du divin Pietro Aretino. Texte italien, le seul authentique, et traduction littérale par le traducteur des Ragionamenti, avec une notice sur les Sonnets luxurieux, l’époque de leur composition, les rapports de l’Arétin avec la Cour de Rome et sur les dessins de Jules Romain gravés par Marc Antoine. Imprimé à cent exemplaires pour Isidore Liseux et ses amis. Paris, 1882.
In-8, CXX pp. (faux titre, titre rouge et noir et notice), 79 pp. et une p. non chiffrée (table des matières).
La couverture porte : Musée secret du Bibliophile n° 2.
La traduction et l’introduction sont d’Alcide Bonneau. Tiré à 100 exemp. numérotés, plus quelques exemp. de passe numérotes 100 a, 100 b, etc. (Typ. A.H. Bécus.)
Les Sonnets luxurieux de l’Arétin (Sonetti lussuriosi di Pietro Aretino), texte italien avec traduction française en regard (par Alcide Bonneau), précédée de la notice et des commentaires d’Isidore Liseux et publiés pour la première fois avec la suite complète des dessins de Jules Romain d’après des documents originaux. Paris, C. Hirsch, 1904.
In-4° oblong, XII-151 pp., pl. en noir et en couleurs ; les exemp. ord. comportent 33 planches, un frontispice, 16 fac-similés d’un calque (ou soi-disant calque) des gravures de Marc Antoine d’après Jules Romain, 16 planches reproduisant les mêmes dessins retouches et modernisés.
Il y a des exemplaires comportant en outre 16 planches reproduisant les mêmes dessins retouchés et modernisés en couleur. (On conserve à l’Enfer de la Bibliothèque nationale un exemplaire de cette dernière sorte.) Tiré à 300 exemp.
Cette édition est la même que celle de Liseux, elle comporte des dessins que je crois exécutés d’après la description des grav. de Marc Antoine donnée par Bonneau dans sa notice (elle n’est pas de Liseux, malgré ce qu’en pense l’éd. Hirsch). Il y a de plus une petite notice relatant la découverte en France des soi-disant calques.
Je crois qu’il y a une contrefaçon de l’éd. Hirsch sur format un peu plus petit.