ÉPISODE 10
À dix-huit ans donc, mon neveu a réussi à son examen brillamment. C'est vrai qu'il est laborieux à l'école contrairement à mes enfants, donc, je ne suis pas trop étonné d'apprendre qu'il vient de décrocher ce diplôme qui ouvre les portes de l'Université à tout élève qui réussit à l'obtenir, mais à visage découvert, je n'ai pas vraiment digéré cela. Voici comment sa mère m'annonce la nouvelle un après midi :
Vrrrr vrrrr (Je lève les yeux, vers les montagnes, d'où me viendra le secours, le sec...)
C'est mon portable qui vibre accompagné de la sonnerie d'appel.
- Allô !
- Oui allô !
- Bonsoir oncle. Comment vous allez ?
- Ça va très bien ! Vous tous allez bien à la maison ?
- Oui oui ! Dieu soit loué.
- Merci beaucoup pour toutes vos diverses prières. Georges a décroché son diplôme de baccalauréat avec mention ! Nous venons juste de quitter son centre de délibération pour la maison et j'ai pensé vous annoncer la nouvelle tôt.
- Oh là là ! Ça c'est mon fils ! Ma joie est incommensurable. Il a eu quelle mention déjà ?
- Très bien !
- Alors là, il mérite vraiment d'être félicité. Ça c'est très bien. Transmets-lui mes félicitations !
- Je ne manquerai pas oncle. J'espère que vous allez passer nous rendre visite très bientôt. Ça fait un moment que vous n'êtes pas passés nous voir.
- Oh Oui ! Tu as tout à fait raison, et je suis vraiment désolé. C'est le boulot qui m'occupe beaucoup depuis peu, mais je promets de passer à la maison très prochainement.
- Ça va nous honorer vraiment Georges et moi. Passez une bonne journée.
- Merci beaucoup. Je vais passer, ne t'inquiète pas. Que Dieu veille sur toi et ton enfant.
- Amen oncle !
Ah tiens tiens ! Comme ça, ce gringalet fait partie des meilleurs de son écoles avec comme mention ''Très bien''. Ce qui veut dire qu'il a non seulement réussi à l'examen, mais qu'il va bénéficier aussi d'une bourse universitaire. D'accord. Qui vivra verra.
DEUX SEMAINES PLUS TARD (DANS LE PASSÉ)
À l'approche de la rentrée universitaire, les nouveaux étudiants devraient déposer des dossiers de demande de bourse et autres. Sachant d'avance que je dois empêcher mon neveu d'avoir cette chance, j'ai pris le soin de jouer à l'oncle généreux envers lui et sa mère pour éviter qu'à l'avenir ils me soupçonnent de quoi que ce soit.
Il est vrai que mon neveu et sa mère n'en sont pour rien dans cette histoire de façon directe. Mais pour me venger des mauvais agissements de mon grand frère et de l'erreur de mon père pendant mon enfance et même pendant l'âge adulte, je me suis juré de détruire mon grand frère ainsi que sa famille.
C'est ainsi que je me suis rendu chez eux un après midi sans les prévenir de mon arrivée. Je me suis rendu chez eux avec des cadeaux apportés à mon neveu et à la femme de mon grand frère. Le soleil est très fort, mais comme je suis en véhicule, je n'ai pas trop senti la chaleur. J'arrive là-bas et je sonne puis attends un moment que quelqu'un vienne m'ouvrir le portail :
- Oncle !!!!
- Oui c'est bien moi Georges.
- Je suis très content de vous voir. Allons à l'intérieur. Laissez-moi vous aider avec les bagages !
- Ok. Allons-y.
Une fois dans le salon :
- Maman Oncle Gilbert est là !
- Alors ! Comment tu vas champion ? Félicitation à toi pour ton examen.
- Très bien. Merci beaucoup mon oncle.
- Tiens cet emballage. C'est ton cadeau il y a dedans. L'autre, c'est pour ta mère.
- Wahoo ! Merci beaucoup.
Quelques minutes après, sa mère nous rejoint :
- Bonsoir oncle. Toutes mes excuses. J'étais sous la douche.
- Ce n'est pas grave. Comme je l'ai promis la dernière fois, j'ai eu un peu de temps cette semaine et je me suis dit qu'il fallait que j'honore ma promesse.
- C'est très gentil. Comment va maman ?
- Elle va très bien. Elle est allée au Bénin pour voir ses parents et gérer des affaires.
- Je vois.
- Maman regarde ! Ça c'est pour toi. Voici le mien que oncle Gilbert m'a apporté.
- Et tu as dit merci ?
- Oui maman.
- C'est bien. Merci beaucoup à vous pour les cadeaux.
- Oh non, ne me remercie pas. En fait, c'est quand votre rentrée Georges ?
- Dans deux semaines.
- C'est bien. Ça veut dire que tu seras étudiant dans quelques semaines.
- Oui inh. Maman me dit que je suis bachelier pour le moment.
- Oui elle a tout à fait raison. Pour ta bourse c'est comment ?
- Les dépôts de dossier commencent aussi dans deux semaines.
- Bah c'est très bien. Tu pourras tout finir le même jour. Dès que tu seras prêt dans deux semaines, tu demandes à ta mère de m'appeler comme tu n'as pas encore de téléphone. Comme ça, je viendrai te prendre et t'amener pour ton inscription et ton dossier de bourse à déposer. Je vais t'emmener ensuite dans une boutique de téléphone, et tu feras ton choix.
- Youpiiiiiiii ! Je suis vraiment impatient.
- Oh ! Tout ça pour lui en plus de tout ceci ?
- Il le mérite pour avoir réussi son examen brillamment. Bon, maintenant je dois partir.
- Oh déjà ?
- Oui oui ! J'ai un rendez-vous dans trente minutes.
- D'accord. Merci beaucoup d'être passé.
Ils me raccompagnent jusqu'à ma voiture.
Lorsque les deux semaines arrivent, je me rends dans leur maison un lundi matin vers dix heures pour le conduire à l'Université. L'inscription se déroule très bien. Ensuite, nous nous rendons à la Direction des Bourses et Secours Universitaires pour le dépôt de son dossier. Là-bas, il y a une impressionnante foule et un très long rang pour le dépôt. Je sollicite l'aide d'un jeune homme collectant le dossier des personnes qui ne peuvent pas attendre le rang pour nous faire le dépôt contre deux mille francs.
Je l'amène comme promis dans une grande boutique de mobile et je lui
achète un téléphone iPhone dernière version. Il n'a pas cessé de me remercier jusqu'à ce que je le ramène à la maison. Je n'ai pas duré parce que pour que mon plan marche, il faut que je me rends à nouveau à la Direction des Bourses et Secours Universitaires pour reprendre le dossier des mains du jeune homme avant qu'il ne dépose les dossiers pris sur lui et disparaître.
Je suis prêt à tout pour mettre en fumée son avenir et le rendre inutile dans la société. Il est victime des conséquences des actes de son père et de son grand père.
Arrivée sur les lieux, je gare mon véhicule et je m'approche du rang. Le jeune est toujours là avec un tas de dossier. Je vais vers lui :
- Excusez-moi jeune homme !
- Oui. Vous avez un souci ?
- En fait oui. C'est moi qui suis venu tout à l'heure accompagné de mon fils pour le dépôt de son dossier. Nous sommes déjà arrivé à la maison lorsqu'il me dit que c'est l'original de son acte de naissance qu'il a mis dans le dossier. Je vous en prie aidez-moi à fouiller pour voir ! J'irai faire la photocopie à côté et vous ramener ça.
- Oh je vois. Mais là, c'est un peu difficile. Il y a trop de dossier et je ne peux pas me mettre à fouiller maintenant.
- S'il vous plaît ! Il a besoin de l'original de l'acte de naissance pour d'autres dossiers à constituer pour son entrée dans une école. Ne vous inquiétez pas pour l'argent. Vous pouvez les garder. Dès que je reviens je vous ferez un petit geste !
- Vous êtes sûr ?
- Promis.
Lorsque je lui ai proposé de garder l'argent et que je lui ferai un geste, il n'a pas hésité à me demander si je suis sérieux. Quelle affaire l'argent ne peut pas régler dans ce monde à part les affaires liées à la vie et à la mort ?
Il fouille rapidement les dossiers pendant que moi je regarde très attentivement les noms inscrits au dos des chemises dossiers. Je l'arrête spontanément lorsque je vois le nom de mon neveu sur un des dossiers :
- C'est bon c'est celui-ci ! Tenez ce billet de cinq mille. C'est pour votre effort fait.
- Oh merci infiniment. Je serai ici. Dès que vous revenez demandez à voir ''La mort''.
- C'est sans problème. Un instant.
Sans même vérifier les pièces du dossier, il me le remet sans soucis.
Il m'attendra aussi longtemps que possible. Je ne ferai plus de retour en arrière. Et puis c'est quoi ce nom bizarre qu'il a même ?
Bref, mon neveu, je suis désolé mais tu ne feras jamais partie des boursiers de l'Université. Je suis désolé mais c'est ce que je veux pour toi.
Lorsque je suis arrivé chez moi, j'ai allumé du feu pour rendre tout le dossier en cendre. Je l'ai fait avec zéro regret. J'ai tout brûlé.
Lorsque les listes des personnes retenues pour bénéficier des allocations universitaires sont sorties, je me suis chargé comme au départ en bon samaritain de l'amener pour la vérification au fin de savoir si son nom a été retenu. Malheureusement, il ne trouve son nom sur aucune des listes.
Chose qu'il a trouvé étrange.
Je lui ai fait croire qu'il reste des listes à afficher plus tard, et que pour cela, nous devons repasser.
Une semaine plus tard, nous revenons pour vérifier le nom sur les nouvelles listes affichées, mais toujours pas des traces de son nom.
Je suis vraiment désolé pour lui, mais son nom ne sortira jamais noir sur blanc dans le lot des boursiers. Je suis le seul qui sait ce qu'est devenu par la suite son dossier. Je lui ai plusieurs fois donné l'espoir de me rapprocher du Secrétariat de la Direction des Bourses et Secours pour savoir ce qui s'est passé afin qu'il puisse jouir de ses droits, mais la réalité est loin d'être ce que je lui fais savoir.
Pour ce qui concerne son inscription, tout s'est bien passé. Sa mère a souhaité qu'il fasse une faculté, non pas parce qu'elle n'a pas les moyens de l'envoyer dans une école privée, mais plutôt compte tenu de la filière qu'il a choisi et des réalités du marché de l'emploi au Cameroun.
Depuis la mort de son père, c'est sa mère qui gère désormais toutes les affaires et les biens dont dispose celui-ci, donc financièrement, tout va bien pour eux.
Si je ne me suis pas encore ingéré dans ça, c'est par pitié pour mon neveu et sa mère.
Mais je sais à quel moment agir pour détruire tout cela...
Je suis désolé de faire autant du mal à mon neveu et sa mère à cause de ma haine vis à vis de mon grand frère quand bien même certains se diront que je ne suis pas du tout désolé, mais tout ce qui arrive n'est pas de ma volonté. La cause de cette haine qui m'habite ne date pas d'aujourd'hui. Je suis plus que déterminé à aller au bout, même au prix de ma vie puisque je n'ai plus rien à perdre ...