C'est fou comme nos actes peuvent nous rattraper

2165 Words
ESTELLE   Le regard ailleurs, je n'arrête pas de penser à Carla ; malgré tout, elle ne méritait pas de mourir, encore moins ici... Quelque part, je me sens coupable. Si on n'avait pas eu ce problème et si on ne lui avait pas demandé de partir, elle serait encore vivante en ce moment. L'ambiance dans la voiture est morose. Cette nouvelle est un choc pour chacun de nous. Il n'y avait plus moyen pour nous de nous amuser alors on a décidé de reprendre la route pour Yaoundé. Personne n'ose dire un moment... D'ailleurs, que pourrions-nous dire ? Mon Dieu et sa famille ? Comment allons-nous le leur expliquer ? Je sors mon téléphone et me connecte. Partout c'est sa photo qu'on voit. Il faut avouer qu'elle était énormément appréciée et je dois avouer qu'elle a été une bonne amie malgré le fait que tout ça n'était que de la comédie. Je me dis que peut-être quelque part, elle m'aimait bien finalement. Si ça n'avait été que de la comédie, il y a plusieurs choses qu'elle n'aurait pas fait pour moi et une fois avec Yann, elle aurait trouvé le moyen de s'éloigner de moi. Mon Dieu, si seulement je ne m'étais pas précipitée. Je me sens tellement mal pour elle.   ********   On arrive un peu plus tard dans la journée. On va déposer Linda et Lucas puis, Tom va me laisser à la maison. On a prévu se retrouver tout à l'heure chez Carla enfin chez ses parents. Lorsqu'on arrive chez moi, je propose à Tom de m'attendre, je laisse mes affaires et je me change pour lui éviter la corvée de passer me prendre encore plus tard. Je finis de m'apprêter et on va chez lui également pour qu'il puisse déposer ses affaires. Dans la voiture, un silence de mort règne...   Tom : je sais que tu te sens coupable mais ce n'est pas de ta faute... Moi : tout au contraire, c'est la mienne... Lui : c'est Linda qui lui a demandé de partir... Votre réaction à toutes les deux étaient normale et justifiée. Je pourrais être le fautif dans une certaine mesure car c'est moi qui ai organisé ce voyage. Moi : tu as organisé ce voyage parce que tu as voulu me faire plaisir, tu as invité Carla pour me faire plaisir et si Linda a demandé à Carla de partir c'était une fois de plus à cause de moi.   On arrive au même moment chez lui...   Moi : personne ne pourra me faire changer d'avis.   Je descends de la voiture ainsi que lui. Lorsque je veux avancer, il est déjà devant moi...   Lui : tu n'es pas coupable, aucun de nous ne l'est. Les choses sont arrivées ainsi parce qu'elles devaient arriver tout simplement. Je ne me réjouis en aucun cas de sa mort. D'ailleurs même à mon pire ennemi je ne le souhaite pas. J'ai organisé ce voyage pour être avec toi, tu as voulu être avec tes amis et elles ont voulu être avec toi sauf que les choses ont mal tourné et c'est arrivé. C'est moi qui suis allé chercher ses parents avec Linda parce qu'elle nous a demandé de passer la prendre là-bas. J'ai assuré à sa mère que je m'occuperai bien de vous mais voilà... Comment je pourrais lui expliquer ça ? Moi : sniff Lui : ehhh, regarde-moi stp (ce que je fais) tu n'es aucunement responsable de cette situation ok ? Moi : ok !   J'essuie mes larmes puis on entre. J'attends qu'il finisse de s'apprêter, je fais signe à Linda qui me dit qu'elle également est prête et qu'elle est sur le point d'y aller. Lorsque Tom finit, on reprend la route, et plus on se rapproche de la maison, plus mon cœur se serre. Il y'a sa photo à l'entrée de la maison. Il y a des camarades et des membres de sa famille. On gare et j'aperçois Linda et Lucas qui viennent eux aussi d'arriver. Lorsqu'on arrive dans le salon, sa mère est assise par terre inconsolable.   Elle : eh Dieu, mon unique enfant ! Pourquoi seigneur ? Pourquoi ? Sniff   Lorsqu'elle nous voit, elle se lève et vient se mettre à genoux devant nous...   Elle : dites-moi svp que ce n'est pas vrai et que Carla est là avec vous.   On se met aussitôt à pleurer avec elle en l'aidant à se relever.   Elle : Linda et Tom, c'est vous qui êtes venus la chercher ici avant hier noh, comment on me dit maintenant qu'elle est morte, comment elle s'est retrouvée dans ce bus et pas vous sniff, je ne comprends pas... Estelle ? Explique-moi ma fille stp ! Dis-moi que ce n'est pas vrai ! Moi : je suis désolée maman ! Sniff Elle : comment elle s'est retrouvée dans ce bus et pas vous ? Moi : sniff, maman à Kribi, on a eu un problème elle et moi et donc elle a dû partir et sniff... Elle : ehh Dieu, c'est quel genre de problème que deux sœurs peuvent avoir jusqu'à en arriver à ce point hein ? Linda, tu étais où pour laisser un problème arriver jusqu'à ce niveau et toi Tom, tu étais où ? Je l'ai laissé partir avec vous parce que je savais qu'il n'y avait pas meilleure compagnie pour elle que vous mais sniff elle est où maintenant ? Hein ? Elle est où ? Rendez-moi ma fille svp, je vous donnerai tout ce que je possède mais ramenez-là moi svp ! SNIF !   Elle se met à crier et pleurer alors que moi, je suis juste impuissante face à sa douleur. Si moi je souffre ainsi, je ne peux pas imaginer sa souffrance à elle. Son mari vient la chercher et l'emmène avec lui dans une autre pièce.   Ça fait beaucoup trop d'émotions pour moi alors je préfère sortir. Tom me rattrape à l'extérieur.   Tom : où est-ce que tu vas ? Moi : n'importe où sniff, tu vois ce que je te disais ? Tout est de ma faute ! Lui : et la mienne encore plus.   Linda et Lucas nous rejoigne quelques minutes plus tard...   Linda : je n'aurai jamais dû lui demander de partir. C'est à cause de moi qu'elle a pris ce bus... Lucas : tu ne dois pas t'en vouloir ! Tom : Lucas a raison... Vous avez réagi comme toute personne dans cette situation. Linda : ramène-moi à la maison stp Lucas, je ne peux pas rester ici...   C'est ainsi qu'ils s'en vont. Je crois qu'on devrait en faire pareil. Quand on veut partir, Yann vient vers nous...   Lui : qu'est-ce qui s'est passé ?   Je me contente juste de le regarder puis je traverse comme si je n'avais rien entendu. Je crois que c'est le mieux à faire sinon je risque lui verser toute ma colère au visage. Cette dispute était en partie de sa faute. Je préfère le sentir très loin de moi.   Tom : on va où ? Moi : n'importe où mais loin d'ici... Lui : ok...   Quelques minutes plus tard, on est chez moi.   Lui : je vais te laisser, essaye de te calmer ok ? Je vais passer te voir demain. Moi : reste stp ! Lui : t'en es sûr ? Moi : stp... Lui : ok !   On descend de la voiture qu'il verrouille et on va jusqu'à chez moi. J'enlève mes chaussures et vais m'allonger. Je n'ai même pas le force pour quoi que ce soit en ce moment. Tom ferme la porte, éteins la lumière puis viens me trouver dans le lit. Il me serre fort dans ses bras et j'avoue que ça me fait du bien.   Lui : tout ira bien.   Il me fait un bisou sur le front puis on reste collé ainsi jusqu'à ce que le sommeil nous emporte.   DEUX MOIS PLUS TARD   LINDA   La vie a peut-être repris son cours mais cette histoire reste à jamais encré en nous. Difficile d'oublier voire impossible. Mais au moins, on essaye d'avancer et il faut dire que cet événement nous a appris beaucoup choses du moins à moi. Aujourd'hui je n'ai plus vraiment envie de me prendre la tête avec qui que ce soit. J'ai envie de vivre ma vie simplement et profiter le max possible de ceux qui comptent vraiment pour moi.   Esti : on va chez moi ? Moi : peut-être plus tard, pour le moment je dois aller retrouver Lucas. On a prévu aller chez ses parents...   Elle lève la tête pour bien me regarder et être sûre d'avoir bien compris ce que j'ai dit.   Elle : il va te présenter à ses parents ? Moi : eh oui madame ! Elle : hummmm, j'attends le billet d'invitation pour le mariage hein. Moi : MDR ! Elle : ah, je vais donc devoir appeler Tom pour lui dire que j'accepte l'accompagner à la soirée de son ami. Moi : donc tu avais l'intention de refuser ? Elle : on commence à peine cette relation. On a décidé d'essayer et le fait d'aller dans les soirées ensemble etc. J'ai l'impression que ça va vite... Moi : tu voudrais que vous vous voyiez chez toi ou chez lui toute la vie ? C'est quoi ton véritable problème ? Tu aimes encore Yannick ? Elle : bien-sûr que non ! Moi : mais c'est donc quoi le problème ? Tu devrais te laisser aller et profiter de ces moments que Dieu t'accorde. Ne fais pas fuir une bonne personne parce que soi-disant tu ne veux pas te précipiter. Elle : ok oh la mère ! Moi : voilà, bon je te laisse. On se fait signe ! Elle : ok !   Je finis de ranger mes affaires puis je vais retrouver Lucas dans son amphi. Je l'aperçois au loin avec ses potes. Franchement je ne supporte pas ses potes et tant mieux parce qu'ils ne me supportent pas non plus. Je les trouve trop faux et imbus de leur personne. Lorsque j'arrive à leur niveau, je leur lance un bonjour désinvolte auquel ils répondent à peine et ça me va. Lucas me prend à part.   Lui : ça va ? Tu es prête ? Moi : en dehors de tes amis ça va ! Lui : tu devrais leur donner une chance... Moi : je te rappelle que ce sont eux qui ne m'aiment pas. De toutes les façons, je m'en fous. Lui : (sourire) il est où mon bisou ?   Il m'attire vers lui et me pose un doux petit bisou sur les lèvres.   Moi : hummm ça donne des idées ça... Lui : bah c'est toi qui veux me punir... Tu te rends compte que depuis qu'on se connait, on a fait l'amour que trois fois ? Moi : MDR, en fait c'est deux ! Lui : ah bon ? Ah oui, voilà tu vois c'est encore pire que ce que je pensais... Moi : t'inquiète on va arranger ça tout à l'heure !   Je me rapproche de lui et l'embrasse pendant que ces amis font la tête à côté.   L'un d'eux : vous n'avez pas vos chambres ? Moi : on s'en fout des jaloux. Lui : jaloux de quoi ou de qui ? Toi ? Tsuip, mieux je meurs que de sortir avec une p**e dans ton genre.   Sans qu'il ne s'y attende, le poing de Lucas vient se poser sur son visage.   Lucas : tu lui parles encore ainsi, tu auras à faire à moi. Lui : je ne fais que dire la vérité... Tout le monde au bahut sait que cette fille est une s****e. Lucas : arrête ça, tout de suite... Je ne vais pas me répéter. Lui : (sourire en coin) au final je crois bien que vous vous méritez, une p**e et un... (Rire jaune) je préfère ne plus parler. Sache que tu vas me payer ce coup Lucas. Quand j'aurais fini avec vous, je ne donnerai pas cher de votre comédie de couple.   Il s'en va, suivit des autres. Lucas toujours aussi en colère se tourne vers moi.   Lui : je suis désolée bébé ! Moi : ce n'est pas grave ! De toutes façons, ses paroles ne m'atteignent pas. Merci de m'avoir défendu. Lui : je le ferai autant que je le pourrai. Je ne permettrai pas qu'on s'en prenne à ma femme. Moi : tu as dit ta femme ? (Sourire) Lui : bien-sûr madame, on y va ? Moi : oui oui !   Il me prend par la main et on s'en va. Je suis contente de voir à quel point je compte pour lui-même si dans le fond j'ai peur de ne pas le mériter. J'ai menti en disant que les paroles de l'autre ne m'avaient pas touchées bien au contraire. Ce qui me fait mal c'est Lucas. Entendre ce genre de choses sur sa copine n'est pas facile et le pire c'est qu’il n'avait pas totalement tort.   C'est fou comme nos actes peuvent nous rattraper.
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