Les sorciers et les zombis
Les lieux de la sorcellerie
Persécutions
L’utilisation de la sorcellerie pour des motifs criminels
La sorcellerie dans les conflits internes aux familles
Des sanctions pénales contre la sorcellerie
Les cérémonies et rites du vodou
Le culte domestique du vodou
Le rite de possession manjé-lwa
Le rite d’initiation
Le rite mortuaire
Les sorciers et les zombis
il existe une quantité de termes pour désigner les sorciers et
les zombis :
- Groupes de sorciers redoutables : Zòbòp, Bizango, Galipòt, Chanpwèl, Vlenbendeng,
Makanda, Voltijè. Ils circulent dans les rues le soir et captureraient des humains (appelés
cabrit-sans-cornes) servis en repas à leurs adeptes ;
- Humains envoûtés, appelés loups-garous, sucettes, diables, qui peuvent s’emparer
d’enfants pour les manger ;
- Esprits apparaissant sous forme d’animaux (chiens, cochons, chats) appelés Baka ;
- Individus morts prématurément qui attraperaient quiconque s’aventure sur des chemins
déserts, et se glisseraient dans le corps d’un individu : zombis errants ;
- Esprits errants et morts abandonnés sans culte ne pouvant pas quitter l’espace du
monde des vivants : diables, fantômes, spectres, revenants ;
- Esprits du culte devenus meurtriers de manière impromptue : Ezili jé-rouj (Ezulie aux
yeux rouges), Ogoun jé-rouj, Petro-Kongo.
- Humains de chair et d’os, mais vidés de leur substance humaine : zombis, qui sont
nombreux dans les champs et les temples vodou .
Les lieux de la sorcellerie
Certains lieux sont propices aux pratiques occultes :comme maître des carrefours
qui traditionnellement sont des hauts lieux de pratiques de magie et de
sorcellerie, Legba [premier magicien et chef de file de tous les autres dieux ; il
correspond à Saint-Lazare dans le panthéo doit donner au préalable son
autorisation à ces pratiques pour qu’elles opèrent avec efficacité… Ce même rôle est
rempli par le lwa qui s’appelle Baron-Samedi, chef de file de la famille des Gédé
(« esprits » des morts) vénéré par tout vodouisant pour se défendre contre les mauvais
sorts ou pour se venger d’un ennemi. Les croix situées à l’entrée des cimetières sont
les résidences de Baron-Samedi. »31
Outre les carrefours, la sorcellerie se pratique aussi dans les badji, chambre sacrée
contenant l’autel des lwa : les activités du praticien qui ont pour finalité de
donner la mort, la maladie, de rendre justice à une offense, de protéger, de rendre
chanceux un consultant ou de traiter une maladie sont moins visibles. Elles sont aussi
moins bruyantes et les participants y sont beaucoup moins nombreux. Moins accessibles
aussi parce qu’elles commencent souvent à la tombée de la nuit et qu’elles se
poursuivent tard, dans l’enceinte d’un lieu de travail privé (le badji) et à l’extérieur,
quand on ne distingue pas qui va là et quand le moment n’est pas propice aux visites de
voisinage. Tout Haïtien sait à ce propos que le monde de la nuit est réservé au
travail des lwa, à l’activité des praticiens vodou, des sociétés secrètes et à
toutes les autres manifestations semblables qui hantent les carrefours et les
sentiers.
Persécutions
Persécutions à l’encontre de personnes soupçonnées d’être des sorcières
certaines catégories de
personnes sont plus particulièrement soupçonnées de s’en servir :
- la mère d’un enfant en bas âge victime de sorcellerie, car « un loup-garou est
censé toujours se montrer excessivement affectueux », et la mère est le modèle du loup-
garou;
- « les belles-mères, les femmes vieilles et célibataires, vivant seules dans leur
maison sont tenues facilement pour des loups-garous
- Dans les provinces et dans les villages en Haïti, presque chaque quartier dispose
de ses sorciers et sorcières, sauf que tous ne font pas l’objet d’accusation. En temps ordinaire (à opposer au temps de crise), les sorciers présumés tels, et de
fait accusés, seront toujours des faibles : ceux qui ont toutes les raisons d’être des
envieux.
A la suite de la Mort de Nikos plusieurs personnes accusées d’être
des loups-garous et d’enlever la vie des gens .
une commerçante sourde et muette, son cadavre a été brûlée, mutilées et jetée dans un égout,
car elle était accusées d’être des loups-garous et d'avoir tué Nikos.
L’utilisation de la sorcellerie pour des motifs criminels
Les ressorts spirituels visés par la sorcellerie
La structure spirituelle de l’individu telle qu’elle est définie dans l’espace culturel haïtien
permet de comprendre les ressorts utilisés par la sorcellerie pour provoquer des actions
négatives : « Pour le vodouisant, trois éléments principaux concourent à la formation de
la personnalité individuelle : le gros bon ange est le premier principe spirituel qui est en
liaison directe avec le corps et qui se laisse apercevoir pendant la journée par l’ombre
projetée par le corps. Celle-ci n’est pas à confondre avec l’ombre qui forme ce qu’on
appelle le kadav-kò, ou corps matériel. Perdre le gros bon ange c’est tout
simplement mourir. Le petit bon ange apparaît comme un second principe assez
mobile s’échappant de l’individu à certaines heures, dans certaines circonstances. Il
l’abandonne pendant le sommeil et c’est lui qui est sujet à l’expérience du rêve. Cette
mobilité du petit bon ange le rend vulnérable : il peut être subtilisé par un ennemi,
un sorcier, et l’individu se transforme alors en zombi ou, à tout le moins,
devient réceptif aux mauvais sorts Le petit bon ange correspond en fait à
l’affectivité, à la conscience et à la vie intellectuelle de l’individu
Le sorcier est l’intermédiaire privilégié intervenant dans les conflits individuels en faveur
de l’une ou l’autre partie : « La lutte entre deux individus se fait souvent par
l’intermédiaire de wanga [arme magique] forts contre wanga plus forts. Le vainqueur
est celui qui parvient le premier à rapter l’âme de l’autre. Donc la production de l’autre
comme zombi est un enjeu majeur dans les rapports entre sorcellerie et contre-
sorcellerie. Le propriétaire d’un zombi peut s’en servir comme protection pour lui-même
et ses biens : dans ce cas le zombi devra l’avertir de certains dangers imminents. Le
plus souvent, on achète des zombis. Les bòkò sont supposés tous être de grands
propriétaires de zombis ,Un bòkò ne tient pas à être pris au dépourvu devant une
augmentation impromptue de la demande de zombis. Aussi travaille-t-il à un stockage de
zombis. Il est censé disposer de cases à zombis, parqués et bien cachetés dans les
bouteilles ou les cruches. La possibilité de devenir un zombi guette en fait, chaque
individu.
« Faire un wanga, c’est, dans le cadre du vodou, s’engager dans une activité de magie
proprement dite, qu’elle soit offensive ou défensive, maléfique ou bénéfique .
La sorcellerie dans les conflits internes aux familles
Le recours à la sorcellerie est le plus souvent motivé par des conflits au sein d’une même
famille : des stéréotypes bien connus des masses haïtiennes se laissent repérer :
la condamnation à l’état de zombi fait suite à un différend entre membres d’une
même famille.
Anna avait assisté dans le cimetière de Port-au-Prince à des pratiques
de magie noire effectuées par quatre personnes devant la croix d’un lwa appelé Baron
Lakroi ou Kriminèl, l’un des plus macabres du vodou : « Devant la croix, ils avaient
enfoui une demande écrite sur un morceau de papier blanc. Ils l’accompagnaient d’un
morceau de pain et de quelques libations de klèren (alcool de canne à sucre). La femme
corpulente précisait ensuite sa demande oralement, se plaignait de ne pas profiter des
ressources financières de son fils immigré récemment Sa belle-fille en était la
cause. Elle exprimait alors sa litanie, ses plaintes et sa demande sur un ton dur et
directif, puis ordonnait au lwa Kriminèl de lui rendre justice et de satisfaire sa demande.
Assistée par les autres participants, elle fouettait la croix de plusieurs coups de bâton et
l’agressait de trois coups de poignard. Elle demandait au lwa de faire couler le sang de sa
future victime. On entendait que sa belle-fille devait mourir dans les sept jours à
venir et comprenait que les gestes précédents devaient l’atteindre par sympathie
mimétique. Ils s’en allaient ensuite devant la croix du maître du cimetière, le lwa Baron
Samdi. Là, devant cette croix géante noircie par les pratiques déroulées à ses pieds, ils
continuaient leur demande et faisaient le tour des autres lwa mortifères animés des
mêmes intentions.
Précautions contre la sorcellerie
Dans l’espace culturel haïtien surdéterminé où circulent de nombreuses entités
maléfiques, les Haïtiens ont appris à être prudents dans leurs rapports avec autrui.les Haïtiens ne tiennent pas toujours des propos sur tout, et ne
donnent pas leur avis en toute impunité sur des histoires.
Des sanctions pénales contre la sorcellerie
« La peur de devenir zombi est tellement répandue en Haïti que le code pénal prévoit
la poursuite des individus qui provoquent la mort par actions rituelles ou qui s’engagent
dans la production des zombis. »54 Plusieurs sanctions pénales qui visaient les pratiques
occultes ont été abrogées et la Constitution de 1987 (art.30) autorise toutes les religions.
Actuellement, il ne subsiste que les articles 246 et 406 du Code pénal qui visent
directement ces pratiques.
L’article 246 du Code pénal
Anna va t-Elle prendre la prison? ce secret sera t-elle devoilée?
Les cérémonies et rites du vodou
Il existe un calendrier liturgique vodou, dont les journées les plus marquantes sont les
fêtes manjé-lwa et la fête des morts (Gédé). Cependant, des fêtes plus intimes et
des rites mystiques sont aussi pratiqués de manière courante.
fêtes communautaires vodou :
-Les 1,2 novembre, les adeptes du vaudou se
rencontrent dans des cimetières pour célébrer la fête des morts en Haïti connue sous le
nom de la fête des Guédé. Dans cette festivité les Mambos, les Hougans, les hounsis,
apportent beaucoup de choses telles que nourriture, boissons alcoolisées, bougies, etc.,
dans le but de remercier leurs lois. Certains d’entre eux profitent l’occasion pour prier,
guérir des personnes malades et ceux qui viennent pour trouver un numéro de loterie
s’amusent corps et âme.
Le culte domestique du vodou
Le vodou remplit un rôle social non négligeable dans la cohésion des communautés
familiales. Dans les mornes d’habitat dispersé, le lakou (la cour) désigne un espace
familial composé généralement d’une maison en torchis, d’un grenier, d’une cuisine et
d’une haie de plantes épineuses ; il a tendance à se réduire à une petite unité familiale,
du fait de la division des terres par héritage et du départ d’agriculteurs vers des terres
plus fertiles. Le culte domestique du vodou pratiqué chaque année autour du
lakou permet de réunir les membres de la famille élargie, y compris ceux de la
diaspora .
«Le Lakou est le nom donné à une association de
familles dont les maisons sont souvent bâties en forme de fer à cheval et centrées autour
d’une maison principale, celle du patriarche, souvent polygame, car, en tant que
représentant de l’ancêtre, il est à la fois chef de famille et chef religieux. S’il vient à
mourir, c’est l’aîné qui le remplace. Sur le lakou se situe le cimetière familial devant
lequel est dressé une grande croix qui est la résidence du lwa [esprit] des morts, Baron-
Samedi ; on trouve également le démanbré, emplacement réservé aux « esprits » (ou
lwa) de l’ancêtre et le lieu de déroulement (ounfò) des cérémonies vodou présidées par
le patriarche. Chaque année, soit le 24 décembre, soit le 6 janvier, l’ensemble des
membres de la famille se réunit pour un culte dit justement de démanbré. Des enfants
éloignés du lakou, émigrés en ville ou à l’étranger, viennent participer à ce culte, et en
tout cas envoient sous une forme quelconque une cotisation pour manifester leur lien de
solidarité. Il semble que même des membres de la famille, convertis au protestantisme
et qui donc prétendent rejeter le vodou n’osent pas se dérober à ce devoir familial.
Le rite du mariage mystique comme celle qu'a fait anna
«Cette alliance vise bien à assurer définitivement une protection à l’individu dans les
situations les plus dangereuses. Cette cérémonie de mariage mystique est
célébrée comme n’importe quel mariage ordinaire, sauf que l’un des partenaires
est un lwa. Elle se déroule en présence du oungan et d’un pè-savann (ou père-
savanne, personnage apparu sans doute dès l’époque esclavagiste, et qui a pour rôle de
mimer les fonctions du prêtre catholique à l’intérieur des pratiques du vodou.
.Le rite d’initiation
« On se fait initier en Haïti soit pour répondre à l’appel insistant d’un lwa, soit pour
s’engager dans une grande quête mystique, soit pour obtenir une protection
supplémentaire contre les mauvais sorts ou pour guérir de ce qu’on appelle une “longue
maladie”.c’est sous le strict contrôle du prêtre-vodou que l’initiation s’effectue. L’un
de ses rites les plus importants est le lavé-tèt qui consiste à fixer le lwa sur la tête du
néophyte. Ce lwa est destiné à devenir le lwa-mèt-tèt (lwa maître de la tête) qui va
guider l’individu pendant toute sa vie et lui assurer le maximum de protection. Les
parties du corps (cheveux, poils, ongles) que le oungan prélève sur l’initié, sont
justement métaphoriques du petit bon ange qui est déposé dans un pot, appelé po-tèt. Il
s’agit de mettre à l’abri le petit bon ange pendant que de son côté le lwa se lie de façon
permanente à la tête du néophyte qui va se transformer peu à peu en ounsi c’est-à-dire
littéralement en l’épouse du lwa. Une cérémonie dite du boulé-zin, qui parfois précède
la fin de l’initiation, a pour but de passer le néophyte par l’épreuve du feu. Il devra
tremper la main gauche ou le pied gauche dans les flammes qui sortent de pots enduits
d’huile, servant à réchauffer les lwa et à augmenter leur force.
Le rite mortuaire
Le rite symétrique et inverse de l’initiation s’appelle désounen : il revient à dé-
posséder l’initié du lwa lié à sa tête (par le lavé-tèt) et à son petit bon ange, pour que ce
dernier puisse suivre un itinéraire sûr qui le conduise à devenir plus tard, par-delà la
mort, un génie tutélaire au service de ses descendants. A vrai dire, tout vodouisant est
préoccupé de ce destin post-mortem du petit bon ange Dans tous les cas, une bonne
partie des rites mortuaires consiste en général à produire une seconde mort au mort, afin
que la séparation des éléments de la personnalité individuelle se produise en bon ordre
et qu’en particulier le petit bon ange finisse par partir de la maison.