Quand Pierre eut songé à tout et épuisé le reste de ses forces, il en resta encore à la Savinienne pour le soigner. Lui aussi était blessé et affaibli, et surtout brisé dans le fond de son âme. Que ne devait pas souffrir, en effet, cette organisation toujours portée vers l’idéal, et rejetée sans cesse dans la plus brutale réalité ! Quand il fut seul, il se sentit désespéré ; et, se souvenant des coups qu’il avait été forcé de porter, voyant se dresser devant lui tous les spectres de l’insomnie et de la fièvre, il désira mourir, et tordit ses mains dans l’excès d’une horrible douleur. Le sommeil vint enfin à son secours, et il resta plongé dans un accablement presque léthargique depuis le jour naissant jusqu’à la nuit. La Savinienne se reposa à peine deux ou trois heures. Elle partagea sa