Chapitre 8 Judith travaillait depuis l’aube. Quelques heures de sommeil lui suffisaient. Sa nouvelle toile, commencée le matin même, lui plaisait. Elle se recula pour mieux la jauger. L’effet lui sembla saisissant de vérité et d’émotion retenue. Son regard allait du modèle - un vase de cristal posé sur un guéridon - au tableau. Elle avait réussi à restituer la transparence du verre, exercice difficile. Mais ce dont elle était surtout fière, c’était ce sentiment d’abandon qui se dégageait de sa toile. Un vase nu, dépourvu de fleurs, et dans lequel croupissait un reste d’eau jaunâtre. Elle apportait quelques retouches à son œuvre lorsqu’elle entendit Léonor descendre l’escalier. — Tu as bien dormi ? s’enquit le peintre sans lâcher son pinceau. — Oui… bâilla la jeune femme. Mais quelle he