Molly:
Le moment le plus triste dans ma vie, fut bien celui-ci. Devoir enterre mes parents fut une grande épreuve pour moi. Mais tout perdre fut tout aussi douloureux. Qui aurait cru que mon père ce grand monsieur, était un joueur de poker à traîner dans les saloons ? D'après le banquier, il devait énormément d'argents. Au point qu'une fois toutes les dettes remboursées, il ne me restait plus grand-chose. Quand ma mère tomba à son tour malade, elle envoya un télégramme à ma tante afin de lui expliquer que nous partons la rejoindre. Malheureusement pour elle, la maladie l'emporta à mi-chemin, me laissant seul pour le reste du voyage. Je pris une première diligence, qui fit une halte, j'y restai quatre jours. Puis je pris une seconde diligence qui me rapprocha encore un peu plus de Boston... Alors que les routes me secouent dans tous les sens, je repense à tout ça. Boston, que vais-je bien pouvoir faire le bas. Les routes caillouteuses et les bosses m'empêchaient de dormir, si bien que j'eus tout le loisir de penser à ma future vie à Boston. Je vivrais tranquillement chez tante Élisabeth. Je pourrais assister à différents bals en compagnie de mes chères cousines. Et j'aurais tout le loisir de me trouver un mari. Oui, voilà. Un gentleman, qui prendra soin de moi. Me dis-je en replacer correctement mon bonnet sur ma tête. Le couple qui se trouvait en face de moi, semblé heureux. On pouvait voir à la largeur de sa robe, qu'un heureux événement ne va pas tarder à arriver... Le cocher nous signala que nous arrivions à la prochaine halte. La diligence s'y arrêta et tandis qu'il aidait la dame enceinte. Je le questionnai sur le lieu.
_ Excusez-moi, mais où sommes-nous ?
_ À Manitou,
_ Et quand allons-nous repartir ?
_ D'ici, une demi-heure mademoiselle. Vous pouvez vous restaurer au petit café en bas de la rue. Le temps pour nous de changer les chevaux et vérifier les roues et nous reprenons la route.
_ Bien, je vous remercie.
_ De rien, mademoiselle...
Il m'aida à descendre et je pris la direction indiquée par le cocher. Le café était tout à fait charmant, la plupart des tables étaient en extérieur, laissant tout le loisir aux gens de profiter de la vue sur la montagne, sur celle d'une impressionnante forêt. Le serveur arriva et je me commandais un chocolat chaud accompagné d'une part de tarte aux pommes. Une fois ce petit en-cas terminé, je demandai au serveur s'il y avait une boutique où je pouvais y faire quelques emplettes. Il m'indiqua l'emplacement d'un petit magasin où il vendait à peu près de tout. Je fus bousculé par un rustre mal poli, qui ne m'accorda aucune excuse.
_ Quel toupet !
_ Ne faite par attention à cet idiot, il ne vit pas en ville. C'est un chasseur de loup qui vit le haut dans les montagnes.
_ Il aurait pu au moins s'excuser !
_ Pour ça, faudrait-il qu'il sache ce que cela signifie. Je m'appelle Marie Lausone, vous êtes de passage ?
_ Molly Macqueen. Oui, la diligence a fait une petite halte.
_ Oh, et où aller vous, si cela n'est pas trop indiscret ?
_ À Boston, je dois y rejoindre ma tante.
_ Un bien grand voyage qui vous attend. Vous voyagez seul ?
_ Au début, je voyageais avec ma mère. Elle était malade depuis quelque temps et la fièvre l'a emporté.
_ Je suis navré pour vous. Toutes mes condoléances. Cela a dû être dur pour vous.
_ Oui... Beaucoup.
_ Mais quelle sotte je suis, vous devez avoir peu de temps pour vos courses. Je suis ravi de vous avoir rencontré Mademoiselle Macqueen.
_ Molly. Tout le plaisir était pour moi.
Elle me salua et partit dans l'autre sens. Quand j'entrai dans le magasin, le rustre s'y trouvait. Il me semblait plus grand en le regardant de plus près. Il portait des habits de cow-boy, un de ses chapeaux qui couvre la moitié de leur visage et une espèce de gilet en peau de mouton. Je me dirigeai à l'étager où se trouvait quelques livres, qui je l'espère me ferons passer le reste du voyage plus rapidement. L'homme se figea peu après mon passage et je pus constater qu'il regarda dans ma direction. J'espère qu'il ne m'a pas entendu tout à l'heure... Il ne bougea plus d'un iota. Je fis abstraction à son regard appuyer et après avoir choisi deux livres qui me semblaient intéressent, je me dirigeai vers la caisse afin de payer...
_ Mademoiselle... Cela vous fera deux dollars. Dit-il tout tremblant.
Je me demande de quoi il peut bien avoir peur ? Je lui tends l'argent demandé et sortie de la boutique. Je me dirigeai vers la diligence et me concentrai pour ne pas me retourner. Je sentais toujours le regarde du rustre sur moi... Pourvu qu'il ne me suive pas. Alors que j'approchais de mon objectif, une ombre me surprit... Je me stoppa net... L'homme de la boutique se tenait juste en face de moi. Me jugant de haute en bas.
_ Qui es-tu ?
Sa voix grave me donna des frissons dans tout le corps. J'eus un sursaut de stupeur, pourquoi me parlait-il ? Je voulus le contourner, mais il plaqua sa main contre le mur et me bloqua le passage.
_ Je t'ai posé une question. Réponds...
Je levai les yeux et essayai d'apercevoir son regard. L'ombre de son stetson m'y empêcha.
_ Pourriez-vous me laissez passer, s'il vous plaît.
_ T'as pas répondu.
_ Cela ne vous regarde en rien ! Laissez-moi passer !
_ Nan, pas avant que tu m'aies dit ton nom.
_ ...
Je regarde autour de moi, personne, la rue était déserte. De la manier donc il s'était placé, les gens de la ville m'étaient dissimulés par son dos large et muscles...
_ J'attends.
_ Macqueen... Molly Macqueen.
_ Ben, tu vois ce n'était pas si compliqué à dire... Moi, c'est Sayon Colt. Content de te rencontrer Molly.
Il se pencha un peu plus vers moi, je pouvais sentir son souffle sur mon visage... J'apercevais ses yeux d'un bleu très profond. Ce qui me surprit encore plus. Je n'avais encore jamais vu un tel regard, c'était très... Impressionnant.
_ Pourriez-vous me laissez passer, s'il vous plaît, monsieur Colt.
_ Pour le moment, je vais te laisser aller. Mais tu peux me crois, ma jolie. On va se revoir et plus tôt que tu ne le penses.
_ Je ne crois pas non...
Il émit un son, qui je présume signifier autre chose. Quand il s'écarta, je ne me fis pas prier et me sauvai vers la diligence d'un pas rapide…
Sayon:
Combien de fois je vais devoir dire à ses crétins de villageois de ne pas venir dans la forêt. Il ne m'écoute jamais ses idiots... J'entre dans le magasin, ne prêtant aucune attention aux filles devant moi et part directement voir le vieux.
_ Je vais devoir me répéter encore longtemps !
_ Monsieur Colt ?
_ Je vous l'ai dit ! Ne venez pas dans la forêt !
_ Je, j'ai mis une affiche au poste du télégraphe et...
_ J'en ai rien à foutre ! Dégager de la forêt ! Parce que si vous vous faites bouffer par les loups, c'est moi qui dois me coltiner à traîner le reste de la carcasse jusqu'ici ! Et...
Je m'arrête en sentant l'odeur qui titille mes narines, j'inspire profondément et me tourne vers la personne qui se trouve derrière moi. Une jolie petite dame, portant une longue robe noire, signe qu'elle doit porter le deuil de quelqu'un. Ses cheveux marron retenus dans une espèce de filé maintenu par un chapeau.
« Toi, t'es à moi. » Pensais-je.
Elle passe devant moi et fait comme si je n'existais pas. Déposant des bouquins sur le contoire...
_ Mademoiselle... Cela vous fera deux dollars. Dit-il tout tremblant.
Je la regarde et un sourire apparaît au coin de mes lèvres. Qui aurait cru que je la rencontrerais ici... J'avertis une dernière fois le vieux et sort, suivant la fille au loin. Elle doit le ressentir, car elle accélère le pas. Je contourne les maisons et me retrouve face à elle... Ce qui la surprend et l'arrête.
_ Qui es-tu ?
J'attends qu'elle réponde, mais n'obtient aucune réponse de sa part.
_ Je t'ai posé une question. Réponds...
Elle lève ses jolis yeux marron vers moi et j'en suis sûr et certain, c'est elle.
_ Pourriez-vous me laissez passer, s'il vous plaît.
_ T'as pas répondu.
_ Cela ne vous regarde en rien ! Laissez-moi passer !
_ Nan, pas avant que tu m'aies dit ton nom.
_ ...
Ses yeux regardent à droite, puis à gauche. Mais personne ne fait attention ou alors, ils sont tellement trouillards qu'ils font comme si de rien était.
_ J'attends. Dis-je en m'impatientant.
_ Macqueen... Molly Macqueen.
_ Ben, tu vois ce n'était pas si compliqué à dire... Moi, c'est Sayon Colt. Content de te rencontrer Molly.
Je me penche vers elle et sens à nouveau son odeur, que je garde gravé dans ma mémoire.
_ Pourriez-vous me laissez passer, s'il vous plaît, monsieur Colt.
Elle prononce mon nom et cela me fait sourire. Elle a un joli petit accent qui écorche un peu mon nom. C'est vraiment sexy.
_ Pour le moment, je vais te laisser y aller. Mais tu peux me crois, ma jolie. On va se revoir et plus tôt que tu ne le penses.
_ Je ne crois pas non.
Je la libère et c'est comme si une souris avait filé sous les pattes d'un chat. Car elle se met presque à courir vers la diligence... Si tu crois que ça va m'arrêter ma jolie, tu te fourres le doit dans l'œil...