XXXVUne heure du matin. – Ils se retrouvaient sans savoir comment, tout en haut de la Kasbah. Ils étaient assis sur des rochers, à l’entrée d’un bois d’eucalyptus, dont une bouffée de vent agitait de temps à autre les feuilles légères. Au-dessous d’eux la ville arabe, et plus bas la ville chrétienne, s’étaient endormies ; les derniers cris, les derniers chants d’orgie, venaient de finir. L’antique Kasbah, protégée par la majesté et les pudeurs de la nuit, redevenait elle-même et se recueillait dans le passé. On voyait des entrées de rues centenaires, qui descendaient se perdre dans des profondeurs noires. La lune éclairait avec une pâleur sereine des groupes de constructions mauresques, restées malgré leur grand âge d’une blancheur mystérieuse et qui semblaient des habitations enchantées