VIIIMimar avait l’allure pataude d’un paysan. Un homme têtu, borné, avare de ses sous, et selon les circonstances, obséquieux ou grossier. Comme tant d’autres, il était venu à Paris pour faire fortune, mais la chance ne lui avait pas souri. Depuis des années, il travaillait à la gare du Nord, sans autre espoir, pour l’avenir, qu’une retraite. Son service de « porteur » l’obligeait, quinze jours par mois, à veiller ; cette quinzaine-là, il avait de grandes journées de loisir. Les fanfaronnades des jeunes gens qui couraient le guilledou l’amusaient. Ces gosses ! il ne jalousait pas leurs prouesses. À son âge, on restait à l’affût dans l’hôtel. Depuis quinze ans qu’il logeait en meublé, il avait de l’expérience, il trouvait toujours moyen de faire des conquêtes. Deux passions se partageaien