Chapitre 3

2154 Words
3 REBECCA Il se pencha et m'embrassa avant que je ne puisse le questionner. J'en eus le souffle coupé, j'étais littéralement sous le choc ; on ne m'avait jamais embrassée, ses lèvres étaient chaudes et douces. Son corps était musclé, dur comme la pierre, chaud comme l'enfer. J'eus à peine le temps de réaliser ce qu'il venait de faire lorsqu'il releva la tête. — M. McPherson— — Dash, murmura-t-il, en fixant ma bouche de ses yeux sombres. Je suis ton mari, tu peux m'appeler Dash. Il se pencha de nouveau et m'embrassa plus sauvagement. Un b****r avide. Il pressa sa bouche contre la mienne, l'ouvrit et lécha ma lèvre inférieure. Je poussai un cri devant cette caresse torride, il en profita pour glisser sa langue dans ma bouche. Il avait le goût de la tarte aux pommes qu'on avait dégustée au dessert, il incarnait la tentation, le danger. Je lui répondis de mon mieux mais je ne savais comment faire, ne sachant embrasser. — A mon tour. Les mots me parvenaient dans un brouillard aussi épais que le smog londonien. J'avais complètement oublié que Connor se trouvait derrière nous, je sursautai et me détournai. M. McPh—Dash me serra plus étroitement contre lui. Connor avait observé le b****r, ma façon de fermer les yeux, je n'avais pas repoussé Dash. Dieu du ciel. — Posez-moi, s'il vous plaît, dis-je, soit ils ne m'entendaient pas, soit ils ne comptaient pas obtempérer, je passai des bras de Dash à ceux de Connor. Je ... je ne suis pas un vulgaire colis ! Connor me tenait fermement mais différemment, je m'en étais déjà rendue compte précédemment. Sa poitrine était plus large, il sentait autre chose. Dash dégageait une odeur forte et épicée, Connor sentait la prairie et le cuir. Un drôle de mélange qui lui allait bien. Me retrouver dans ses bras ne me convenait absolument pas. — C'est pas juste, insistai-je, en repoussant sa poitrine en vain. Il me regarda d'un air interrogateur. — Oh ? Tu insinues que j'ai attendu trop longtemps avant de t'embrasser ? J'y pensais justement au cours du déjeuner. Tu sais que tu sens la vanille ? Il sourit, me prit dans ses bras et m'embrassa d'une façon totalement différente de Dash. La bouche de Connor était plus ferme, plus insistante, ses lèvres bougeaient sans cesse, il mordillait —oui, il mordillait !— mes commissures. — Je ne peux pas vous embrasser. Nous ... ne sommes pas mariés ! soufflai-je. Je sentais son haleine chaude sur ma joue, ma mâchoire. Partout. Connor releva la tête et me regarda, visiblement confus. — Ah. Si pourtant. Une femme mariée avec Dash est automatiquement mariée avec moi. Je secouai la tête. — Non. Je repoussai sa poitrine et essayai de descendre mais il me tenait fermement par les bras. Je n'irais nulle part tant qu'il ne l'aurait pas décidé. — Le contrat de mariage mentionne uniquement Dashiell McPherson. Je ne peux pas vous embrasser puisque c'est lui que j'ai épousé. — Tu veux ma permission pour embrasser Connor, ma chérie ? lança Dash, derrière Connor. Je secouai de nouveau la tête. — Je ne suis pas du genre à embrasser des hommes. — On ne va pas uniquement t'embrasser, ajouta Connor d'une voix grave. L'envie et … le désir se lisaient dans ses yeux. Sa déclaration me laissa bouche bée. — Vous voyez ? Il me prend pour une ... une fille facile. — Une fille facile ? On ne t'a jamais embrassée ? Je m'empourprai, Dash tenait sa réponse. — Je croyais que oui. Connor sait que tu es ma femme, répondit Dash. Mais également sa femme. C'est comme ça que ça marche, ici, à Bridgewater. Personne ne te jugera, ne t'inquiète pas. C'est ce que ton frère souhaitait. — Posez-moi, s'il vous plaît, je suppliais Connor en le regardant droit dans les yeux. Comment Cecil pouvait-il avoir voulu une chose pareille ? J'étais blessée, brisée, voilà ce qu'il pensait de moi. M'avait-il sauvée du mariage arrangé que mon père avait organisé pour me livrer à ces deux hommes ? Il avait dû bien rire le soir, seul dans son coin, en préparant son coup. Il était parvenu à ses fins en se servant de moi. Connor dut se rendre compte de ma déception, il s'assit sur une chaise placée près de la porte. Au lieu de me lâcher, il m'installa entre ses jambes en m'attirant par la taille. — Ma présence t'est si insupportable que ça ? demanda Connor. Il s'exprimait d'une voix mal assurée, tout baraqué qu'il était. S'ils prévoyaient de me partager à long terme, voire, durant des années, mon refus changerait sûrement la donne. Cecil s'était-il servi d'eux, tout comme il s'était servi de moi ? —Non, répondis-je. Qu'il me tienne n'était pas si insupportable. C'était même plutôt agréable. Je n'aurais normalement pas dû trouver agréable que deux hommes posent leurs mains sur moi... Ce n'est pas ça. Cecil, il ... j'ai été induite en erreur. Je me souvins de mes bonnes manières in extremis, je ne devais pas montrer mes émotions, ni dire du mal d'un mort. Je devais m'exprimer, sans toutefois me plaindre. — Il est hors de question que je devienne votre maîtresse car j’ai épousé Dash. Les deux hommes se taisaient, je regardai Dash et brièvement Connor dans les yeux. Il acquiesça. — Je comprends. J'étais soulagée. — Vraiment ? demandai-je. — Oui, nous allons y remédier aisément, répondit Connor. Je m'attendai à ce qu'il me mette entre les bras de Dash, mon mari, mais il n'en fit rien. Je le regardai, interloquée. — Ah bon ? — Oui. Il me posa sur mes deux pieds. Nous allons en ville. — Tout de suite ? demandai-je. Les deux hommes se regardèrent. Ils se connaissaient assez bien pour communiquer sans avoir besoin de parler. — Oui, répéta Connor. — Pourquoi ? J'y étais ce matin. — Nous allons nous marier. Il me prit la main et m'attira à l'extérieur. CONNOR Deux heures plus tard, nous étions en ville, aux portes de l'église. J'avais chevauché en silence, en contemplant notre nouvelle épouse. Une épouse ! Son apparition pile à l'heure du déjeuner était soit un coup du destin, soit une diablerie. Je n'avais jamais vu de femme aussi ravissante—ni si collet monté. Ann, Emma et les autres étaient certes jolies, mais ne m'appartenaient pas. La différence était toute autre lorsque la femme se tenant devant soi—aux cheveux bruns soyeux, au menton prétentieux, aux hanches voluptueuses—vous appartenait. Oui, j'étais certain que son dos était bien droit sans son corset ajusté, j'allais prendre mon plaisir et lui en procurer, au diable son foutu corset. Rebecca était fort contrariée quant à mon intention de l'épouser mais son éducation l'empêchait vraisemblablement de se plaindre. Elle avait boudé en mordant sa lèvre charnue durant tout le trajet. Elle avait employé le terme de fille facile. Elle était tout l'opposé d'une fille facile. Aucune femme au monde n'avait plus besoin d'être embrassée, caressée et baisée qu'elle. Quelques bons gros orgasmes torrides lui feraient un bien fou. Elle était malheureusement persuadée qu'un simple b****r ferait d'elle une femme de petite vertu. Son frère ne l'avait visiblement pas préparée à faire notre connaissance, nous devions y remédier. Nous allions commencer par dire « oui, je le veux » devant le pasteur. — J'ai épousé Dash, dit-elle. Je ne peux pas épouser un autre homme. Le pasteur est certainement au courant. — Personne ne t'a parlé de mariage par procuration lorsque tu es descendue à la pension de famille ? demandai-je. J'avais une vague idée de sa réponse. — Non. — Tu craignais que je ne veuille pas de toi ? Elle se tourna vers Dash, l'air vexée. Nous ne pouvions pas la blâmer, elle avait traversé la moitié du globe, son frère était mort devant elle et on la mariait à un étranger. Si nous l'avions rejetée, elle aurait pu retourner en ville sans demander son reste, mais qu'aurait-elle fait, elle ne devait pas en avoir la moindre idée. Nous ne la rejetions pas. Certainement pas. Elle n’aurait jamais imaginé se retrouver avec deux maris, même dans ses rêves les plus fous. — En ville, tout le monde saura que tu es ma femme. Nous, je nous montrais tous les trois, tous sauront que tu es officiellement mariée avec Dash et moi. Elle fit la moue. — Pourquoi … pourquoi avez-vous besoin de faire ça ? Je vous appartiens même si je suis mariée avec Dash, je ferai office de maîtresse. Elle parlait la tête haute. Ah, j’adorais son petit air de défi, même si je n’avais qu’une seule envie, la prendre sur mes genoux. Je me tournai vers elle et la forçai doucement à me regarder en l'attrapant par le menton. —Je n’ai pas envie que tu sois ma maîtresse. C’est la deuxième fois que tu remets notre honneur en question. Si j'avais envie de flirter, j'irais au bordel. Je n'ai pas envie de flirter, j'ai envie de b****r ma femme, et cette femme, c'est toi. Ton mariage par procuration avec Dash fait de toi ma femme, si tu as besoin de te présenter devant un homme de Dieu pour te convaincre que tu es bien ma femme, pour que je te touche comme j'en ai envie, qu'il en soit ainsi. Elle essaya de se détourner mais je ne la laissais pas faire. Je ne voulais pas qu'elle me cache ses émotions, qu'elle cache ce que je lisais dans ses yeux. — Le pasteur comprendra forcément, murmura-t-elle. Dash ôta son chapeau, regarda à droite et à gauche afin de s'assurer que personne n'écoute et secoua la tête. — Je ne lui dirai rien. Il leva un sourcil. Tu comptes lui dire que tu es mariée avec un autre homme ? Elle ouvrit la bouche pour répondre mais la referma. Elle était piégée. Ni Dash ni moi ne comptions dire au pasteur la vérité quant à ce mariage ; il devait soupçonner comment le mariage était perçu à Bridgewater, mais n’évoquait jamais le sujet. Si Rebecca questionnait le pasteur concernant notre position quant au mariage, cela impliquerait qu’elle cautionne nos pratiques pour le moins inhabituelles. Elle n’avait pas le choix ; elle devait garder le secret. Nous pouvions retourner au ranch et fonder une famille, Dash, Rebecca et moi, mais son éducation stricte nécessitait un mariage en bonne et due forme, quelle que soit l’appellation qu’on lui donnait. Si elle avait besoin de se présenter devant un homme d’église pour que je la touche, que je la b***e, qu’elle soit à Dash et moi, amen. — Non. Je ne lui dirai rien, répondit-elle. Vous voulez m’épouser—vous ne savez rien de moi—même si j’ai épousé Dash ? Ce n’est pas rien, au final, tout ce que vous voulez c’est m’embrasser. Je souris. — J’ai envie de t’embrasser, mais pas que. Dash et moi attendons notre épouse depuis fort longtemps, depuis notre séjour à Mohamir, même si nous étions loin de nous douter qu’elle débarquerait en plein déjeuner. Je ne vais pas changer mon fusil d’épaule. Si Montgomery a décidé que tu épouserais Dash, il savait forcément que tu m’épouserais dans la foulée. Il connaissait nos coutumes mais ne pouvait inscrire nos deux noms sur le contrat de mariage. C’est ce qu’il voulait. Rebecca me regarda, puis Dash, et fit la moue. — Qu’est-ce qu'il y a, ma belle ? demandai-je. Tu peux nous dire ce que tu as sur le cœur. — Il voulait me déshonorer ? — Te déshonorer ? Ton frère te fait honneur. — Honneur ? Ses joues se teintèrent de rose, une pointe de frustration perçait. Il était temps. Encore ce fameux honneur. Je croyais qu’il voulait me sauver d’un mariage de convenance avec un homme trois fois plus âgé que moi mais il a préféré m’humilier. Il s’est servi de moi pour se rapprocher de mon père. Sa déception était palpable. Elle était visiblement perplexe, perdue et vraisemblablement bouleversée. — Te faire honte ? Tu ne connais pas nos coutumes, ma belle, dit Dash. Ton frère savait que nos coutumes étaient pile ce qu’il te fallait. Il n’a pas voulu se moquer de toi mais te protéger. — Comment ? Elle s’éloigna de quelques pas et pivota sur ses talons. Je ... je ne comprends pas. — Les veuves sont légion dans le coin, ajoutai-je. Tout peut arriver à un homme, j'en veux pour preuve l’accident dont ton frère a été l’objet. Les veuves deviennent des proies faciles pour des prétendants indignes de ce nom, elles n’ont souvent pas d’autre choix que de se remarier, non pas par amour, ni pour leur gentillesse. Si une femme a plus d’un mari, elle n’a pas à s’inquiéter de se retrouver seule au monde. Les enfants nés de cette union sont protégés. Tu ne souffriras jamais de la faim ou de la solitude. Tu seras en sécurité, aimée, adorée, protégée, et par-dessus tout, respectée. Elle n’avait pas l’air ébranlée, je poursuivis. — Je fais ça pour toi, ma chérie. Si tu as besoin que je prête serment devant Dieu pour que tu saches que je t’appartiens, je le ferai. Je tendis mon bras et l’escortai jusqu’à la porte de la petite église. Je m’arrêtai et me tournai vers elle. — Sache, ma chérie, que lorsque je t’aurais épousée, je serai tout à toi. Tout ce que j’ai, tout ce que je suis, y compris les baisers ... et bien plus encore.
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