Avant-proposNombreuses sont les nations nord-amérindiennes. Innombrables, leurs contes. En nombre considérable, leurs contes des origines.
J’aurais aimé vous les offrir tous sur mon plateau de papier. J’ai dû faire un choix. J’ai fait celui de la beauté et de la mise en éveil des sens, parfois cruelle. Toutes les nations ne sont pas, hélas ! représentées ici. J’ai dû aussi, et à regret, renoncer à certains écrits, notamment hopis, infiniment longs, et également à certains sujets, non pas qu’ils ne fussent pas dignes d’intérêt, mais parce que j’ai pris le parti de proposer à la lecture jusqu’à trois ou quatre textes traitant de mêmes thèmes, tels que l’origine de la lumière, le bison ou la création de l’homme, afin de mettre en évidence la richesse des contes étiologiques des Nord-Amérindiens.
Que vous admiriez les cygnes glissant sur les eaux primordiales, caressiez la plume du rouge-gorge qui s’est emparé du feu, goûtiez la première fraise, partagiez l’angoisse du mouflon changé en étoile solitaire et le chagrin des ancêtres des serpents à sonnette, sentiez sur votre visage la morsure du vent levé par l’Homme de Glace, assistiez à l’arrivée grandiose des Braves, découvriez la première turquoise, contempliez l’éclosion du premier nénuphar, entendiez le cri de guerre de Crapaud à cornes, voilà ce que j’ai voulu pour vous.
J’ai eu un temps l’envie de gloser sur Coyote, Vieil-Homme ou Manabush ou encore d’expliquer en quoi consistait exactement la danse du Soleil. Tout cela a déjà été fait, et remarquablement. J’ai eu l’envie d’étaler, ne serait-ce qu’en quelques lignes, mon emballement pour les premiers peuples d’Amérique et de clamer mon indignation quant à leur sort… Mais nul besoin d’étaler ni de clamer. J’ai donc utilisé toute la place qui m’était impartie pour les contes.
Puissiez-vous prendre autant de plaisir à les lire que j’en ai eu à les collecter et à les traduire pour vous, avec émotion et respect. Avec beaucoup d’amour.
Je tiens à remercier de tout mon cœur Galina Kabakova, mon éditrice douée du don de double vue, qui m’a confié ce travail.
« Qu’est-ce que la vie ? C’est l’éclat d’une luciole dans la nuit. C’est le souffle d’un bison en hiver. C’est la petite ombre qui court dans l’herbe et se perd au couchant. »
Crowfoot, chef blackfoot.
« Je suis né dans la prairie où le vent souffle librement et où rien n’altère la lumière du soleil, là où il n’y a pas d’enclos et où tout respire librement. »
Ten-Bears, Comanche Yamparika.