XVII Monsieur Benoit Je ne sais si vous êtes comme moi, mais j’adore les jolies femmes de province. Tandis que la beauté tapageuse des parisiennes s’éparpille comme un scintillement de lune sur un lac aux innombrables petits flots d’argent, leur charme, beaucoup plus recueilli, est celui des rares étoiles semées au plus sombre de l’azur. Elles rayonnent discrètement, dans l’ombre, avec une monotonie délicieuse et je ne sais quoi de séculaire qui vient de la fixité des habitudes. Oui, je les adore sortant de l’église avec un missel dans leur main gantée de Suède ; échangeant avec leur amies des riens, leurs opinions, par exemple, sur le prédicateur, dont la voix a bercé leur vague rêverie ; entrant chez le pâtissier au retour des vêpres ; faisant un tour à la musique militaire ; dansant c