VI Le gué de Sainte IldeAu jour, ce lieu de Saint-Ilde est une grasse et riante prairie, animée par des groupes de superbe bétail. Vous diriez un paysage de Paul Potter, tant il y a là de calme et robuste richesse. Le terrain n’a pas un pli jusqu’à la croupe des collines qui remontent vers Thonne-les-Prés. La Chiers, le plus charmant de tous les affluents de la Meuse, serpente parmi l’herbe épaisse ; son cours est indiqué de loin en loin par de gracieux bouquets d’aulnes et de saules. Le gué marque à peu près la mi-route entre Montmédy et la frontière belge. La rivière s’élargit en cet endroit et forme une espèce de petit marécage. La route est bordée d’épais roseaux. Quiconque a traversé par un clair soleil ces tranquilles pâtures a dû penser aux vertus heureuses de l’âge d’or. Par le