MA FAMILLE TOME 3 : MARCO

MICKAEL - Tu m'écoutes Micky ? Me demande maman en me sortant de mes pensées. - Euh oui maman ! Dis-je l'air de rien alors que bien évidemment, je ne dis pas la vérité. - Tu es sûr que ça va ? Insiste-t-elle comme à son habitude. - Mais oui... Fais-je un peu agacé. Maman est comme ça, tu ne peux pas lui dire quelque chose et elle accepte juste comme ça. Il faut toujours qu'elle creuse mais je pense que c'est aussi dû au fait qu'elle me connaisse vraiment bien. Je crois qu'elle sait quand je ne lui dis pas toute la vérité. - Ce n'est pourtant pas l'impression que j'ai, tu sembles ailleurs depuis quelques jours, poursuit-elle. - Tu t'en fais pour rien maman je vais bien ! Je suis juste fatigué... Dis-je pour la rassurer. - Tu vois quand je te dis que tu travailles trop... Tu aurais dû rester à la maison te reposer. - Et te laisser venir au marché toute seule ? C'est hors de question ! Le samedi c'est le seul jour où je peux véritablement t'aider donc ce n'est même pas discutable. - Ok ok, j'abandonne ! Tu veux bien aller dans le magasin prendre le bidon d'huile de palme s'il te plaît ? - À vos ordres ma reine ! Dis-je pour la faire rire. Je sais qu'elle aime bien quand je la taquine ainsi. Et de plus, j'aime voir ce sourire sur son joli visage. . - Flatteur ! Lance-t-elle à son tour. - Tu sais que tu es la personne la plus importante de ma vie et ça, ça ne changera jamais, dis-je en lui prenant la main... Ce qui la fait de nouveau sourire. On peut lire dans ses yeux tout l'amour qu'elle me porte et c'est réciproque. Je lui fais un bisou rapide sur la joue avant de me diriger vers le magasin. Je ne mentais pas lorsque je disais que ma mère est la personne la plus importante de ma vie. Je crois que le mot est même faible. C'est le seul parent que je connais. Depuis ma naissance elle a toujours été là pour moi. Elle s'est battue toute seule pour que jamais je ne manque de rien. Nous n'avons pas grand chose mais nous sommes heureux et savons apprécier ce que la vie a à nous offrir. Je n'ai jamais connu mon père et je n'en ressens d'ailleurs pas le besoin car avec ma mère, j'ai eu tout l'amour qu'il me fallait. Du haut de ses quarante ans, elle reste malgré tout une très belle femme. Elle pourrait plaire à n'importe quel homme de sa génération mais je ne sais pas pourquoi elle ne veut pas. Dieu sait combien de fois j'ai insisté pour qu'elle sorte et fasse des rencontres mais elle trouve toujours des raisons pour ne pas le faire. J'ai décidé de ne plus insister si elle est heureuse ainsi. Moi, tout ce que je veux c'est qu'elle soit heureuse et c'est la raison pour laquelle je me bâts tous les jours. Même si pour le moment je ne peux pas encore lui offrir la vie qu'elle mérite, je sais que ça viendra car cette femme mérite tout. Peut-être certains trouveront que j'exagère mais c'est parce que vous ne savez pas ce que cette femme représente pour moi et tout ce qu'elle a fait pour moi. Je l'ai vu se battre tous les jours pour me mettre à l'école et pour que je ne meurs pas de faim. Je ne parle même pas des moments où j'ai eu à tomber malade comment elle a fait des mains et des pieds pour s'assurer que je reçoive le traitement nécessaire. Cette femme est mon dieu sur terre. Je sais qu'un jour, je saurai lui rendre tout le bien qu'elle m'a fait. Pour le moment, je me concentre sur mes études car je sais que c'est par là que viendra mon succès. Lorsque je ne vais pas en cours et que j'ai un peu de temps libre, j'aide maman qui a un comptoir au marché du quartier. Elle y vend de l'huile, des arachides, du haricot, des condiments bref un peu de tout. Son commerce marche plutôt bien puisque c'est avec ça qu'elle a payé mes études et m'a nourri toutes ces années. Je récupère le bidon d'huile et retourne vers maman mais en arrivant, je la trouve avec un jeune homme qui pourrait bien être mon petit frère en âge qui lui crie dessus. Ça me dérange un peu de voir cette scène alors je dépose le bidon d'huile que je tiens dans la main et je me rapproche pour savoir ce qu'il en est. À peine j'arrive à leur niveau que je le vois pousser maman. Heureusement j'arrive à temps pour la rattraper et l'empêcher de tomber. À ce moment, je crois que je ne réponds plus de moi. Je mets maman de côté et alors qu'elle me supplie de ne rien faire, je ne l'écoute plus et c'est avec toute la colère du monde que je colle mon poing au visage de cet enfoiré. Il tombe et encouragé par la foule, j'envisage de lui donner une bonne raclée pour lui donner une bonne leçon. Non mais, il s'est cru où au juste ? De penser qu'il peut s'en prendre à ma mère et s'en sortir aussi facilement ? Eh bien, c'est mal me connaître. Heureusement pour lui, maman me stoppe aussitôt en pleure alors que je m'apprêtais à lui donner une bonne raclée. Je n'aime pas voir ma mère pleurer donc je me calme aussitôt que mon regard tombe sur elle. - S'il te plaît mon bébé ne fais pas ça sniff. Supplie-t-elle en larmes. Je laisse retomber la tension et vais la prendre dans mes bras pendant que l'autre se relève en me menaçant. - Je n'en resterai pas là sois en sûr. Tu ne sais pas à qui tu t'es pris. Tu vas me le payer tu verras ! Lache-t-il avant de s'en aller. Si il pense m'effrayer avec ses menaces, il se met le doigt dans l'oeil. Il peut faire ce qu'il veut, je n'en ai strictement rien à faire. Au moins maintenant tout le monde sait que si quelqu'un veut s'en prendre à ma mère, il devra d'abord me passer sur le corps. L'autre a bien retenu la leçon je pense. Maintenant il n'a qu'à faire ce qu'il veut. D'ailleurs, je l'attends ici de pieds fermes. - Tu vas bien maman ? Je demande en tournant mon attention vers elle. - Sniff pourquoi tu as fait ça ? Demande-t-elle toujours en larmes. - Tu aurais voulu quoi ? Que je regarde cet imbécile te traiter de la sorte sans rien faire ? C'est hors de question maman, réponds-je. - On va avoir des problèmes mon bébé sniff. - Il peut faire ce qu'il veut je m'en fous mais il est clair que je ne laisserai personne je dis bien personne s'en prendre à toi. -Je sais mais il faut que tu m'écoutes s'il te plaît. Pour le moment il faut que tu ailles d'abord t'installer chez ta tante juste le temps que les choses se calment. -Je n'ai pas peur de ce qu'il pourra faire et je ne te laisserai pas seule maman donc ça tu oublies. Tu n'as pas mis au monde un lâche. T'inquiète, il ne nous arrivera rien ! - Ok ! Je la prends à nouveau dans mes bras et je vais porter le bidon que j'ai laissé derrière pour mettre de l'huile dans les bouteilles. (...) La nouvelle semaine commence à peine que je me demande déjà si je vais tenir avec tous ces cours. Je ne sais pas si ces gens pensent que nous les étudiants sommes des robots. J'étudie le droit public dans une université publique de la place. Cette année je dois tripler mes efforts si je veux être admis en Master 2. J'ai toujours voulu être un grand avocat pour pouvoir défendre la cause des plus faibles et même si les choses semblent difficiles pour moi pour le moment, je ne perds pas espoir. Je sais que j'y arriverai avec beaucoup de travail et de persévérance. - Salut Micky !, dit Leila mon amie en venant vers moi. - Salut la plus belle ! - Tu t'en vas déjà ?, demande-t-elle en me rattrapant. - Oui pourquoi ? - Euh je voulais juste te dire que si tu cherches toujours du travail j'ai quelque chose sur la main. - Vraiment ? - Oui, il y a la société pour laquelle travaille ma mère qui cherche un chauffeur. Tu m'as dit que tu as un permis noh. - C'est exact ! -Je me disais que puisqu'on finit avec les compos la semaine prochaine et qu'on aura vraiment beaucoup de temps libre, tu pourrais postuler pour que ça t'aide en attendant. J'en ai parlé à ma mère donc si tu veux le poste il est à toi. - Je ne sais vraiment pas comment te remercier Leila. Merci pour tout. - C'est rien ! Je t'envoie l'adresse et la liste des documents que tu dois apprêter par SMS tout à l'heure. - Ok ! Tu ne sais pas savoir combien tu me sauves... Merci pour tout ! - Je t'en prie ! Au-revoir ! - À demain mais en attendant j'attends ton message. - Sans faute ! Je lui fais une bise et puis on se sépare. Je n'en reviens pas que je vais enfin avoir du travail. C'est vrai que je ne devrais peut-être pas m'emballer aussitôt mais je suis tout excité à l'idée de savoir que je vais ne serait-ce que passer un entretien pour un travail. Vous ne savez pas combien c'est difficile dans ce pays d'obtenir seulement un entretien d'embauche. Déjà que lorsque tu arrives dans une entreprise pour déposer un dossier, on ne te reçoit pratiquement jamais et lorsque tu as même de la chance d'être reçu, ton dossier est jeté aux oubliettes juste après ton départ. Le travail c'est du bouche à oreille donc si tu n'as personne, c'est tant pis pour toi; donc comprenez ma joie. Et puis Leila a dit que si je veux le poste il est à moi donc je pense qu'à ce niveau c'est assez rassurant. Je ne saurai jamais comment la remercier pour son geste. En pensant à elle je ne peux m'empêcher de sourire bêtement. Oui je craque pour elle mais je n'ose pas le lui dire. Pas que j'aie peur d'elle mais juste que je trouve qu'elle mérite mieux que moi. Qu'est-ce que je pourrais bien lui offrir moi ? Je préfère rester à ma place et ne pas aller chercher des choses qui vont me dépasser par la suite. (...) Je suis tellement pressé d'annoncer la nouvelle à maman en arrivant à la maison. Mais à peine je fais mon entrée qu'elle m'accueille avec les problèmes... Sacré maman. Je me demande juste ce que j'ai bien pu faire pour la mettre en colère. - Micky tu peux me dire ce que c'est ? Me demande-t-elle en fixant le papier posé sur la table. C'est une note que l'école m'a remis pour m'informer que si je ne payais pas ma pension avant la fin de cette semaine, je ne pourrais pas composer la semaine prochaine. J'espérais trouver une solution avant pour ne pas avoir à lui montrer mais hélas... Trop tard. Comment elle a fait déjà pour trouver ça ? - Maman je... - Alors c'est ça qui te faisait réfléchir tout ce temps ? M'interrompt-elle - Oui maman !, je finis par avouer. -Mais pourquoi tu ne me l'as pas dit ?, demande-t-elle d'un ton plus calme. - Tu te plaignais déjà assez de tous les problèmes que tu as, je n'allais pas en rajouter... Dis-je pour me défendre. - Mais là on parle de ton école Mike. Tu peux me dire comment tu comptais régler ça tout seul ? (Silence ?) C'est bien ce que je pensais ! Ajoute-t-elle puisque je n'arrive pas à lui donner de réponses. Elle prend une enveloppe sur la table qu'elle me place dans les mains. - Je veux que tu me règles ce problème demain à la première heure. Je regarde ma mère sans bouger. J'ai envie de pleurer mais je me retiens. Finalement je craque et je tombe à ses pieds. - Qu'est-ce que tu as mon bébé ? - Tout l'or du monde ne suffirait pas pour te rendre tout ce que tu fais pour moi. Je te jure maman qu'un jour tu seras fière de moi et que je te rendrai heureuse à jamais. - Eh relève toi mon bébé... Écoute ! Je n'ai pas besoin de tout l'or du monde. Tout ce dont j'ai besoin je l'ai déjà et c'est toi. Je suis très fière de toi et d'ailleurs tu n'as pas idée à quel point tu me rends heureuse. Je la prends dans mes bras et la remercie une fois de plus. Ma mère est mon super héros, mon modèle. Elle est tout pour moi et même si je ne pourrais jamais lui rendre ce qu'elle a fait pour moi, je m'assurerai de ne jamais la décevoir. Moi: Je t'aime ma petite maman ! Elle: Je t'aime encore plus mon bébé. ************ La semaine touche pratiquement à sa fin. Nous n'avons pas eu cours aujourd'hui. À l'école ils nous ont laissé les journées de jeudi et vendredi pour nous préparer pour la compo de lundi. Alors je vais en profiter pour aider maman au marché. Elle est partie très tôt ce matin. Je compte la rejoindre tout à l'heure après mes révisions. (...) Lorsque j'arrive au marché je trouve maman en train de parler avec deux hommes en tenu et un autre que je n'arrive pas à distinguer de loin. Lorsque maman m'aperçoit, elle me fait des signes que j'ai du mal à comprendre. Ce n'est que quand ces hommes se tournent vers moi que je comprends qu'elle me demandait de partir. Je reconnais immédiatement le jeune homme de la dernière fois. Je comprends alors qu'il a décidé de mettre ses paroles en pratique. Lui: Il est là messieurs les agents ! Arrêtez le ! Ils s'exécutent aussitôt alors que je reste dans l'incompréhension totale. Maman accourt vers eux en les suppliant de me laisser mais ils ne veulent rien entendre et m'embarquent comme si j'étais un vulgaire criminel. Quel honte pour ma petite maman.