Rhume de cerveau– De mon temps, Monsieur, les nihilistes étaient inconnus en Russie. Cela dit, Ernest avala une énorme gorgée de rhum mêlé d’un peu de thé, puis allumant un gros cigare, il se renversa dans son fauteuil et continua d’un ton dolent : – Les étrangers, – les Français surtout, – croient encore qu’en Russie la fortune les attend au débotté, mais la désillusion ne tarde guère à leur montrer son nez pincé et grimaçant. Pour ma part, j’étais établi depuis six mois sur la Perspective de Newski, mais la clientèle se refusait à franchir mon seuil. Humilié, désolé, j’étais réduit, pour vivre misérablement, à donner des leçons de coiffure à quelques femmes de chambre. Un jour de décembre, en revenant d’une course, je vis déboucher d’une rue étroite et déserte un convoi…, le convoi du