Mon père continuait alors son récit 'Il m'a dit qu'il était surpris que moi qui fut premier dans mes études, puisse finir chômeur.'
'Amour... ' répondait maman, 'dans la vie, on cherche trop loin les raisons de ce qui est des fois spirituel.'
'Que veux-tu dire ?' L'avait-il dévisagé.
'Que tout ne se résume pas à un plus un est égale à deux.'
'Tu vois... c'est ça qu'on vous reproche !'
'Désolé, continue.' Se taisait elle de nouveau. Pourtant, c'était une des rares fois où elle disait une phrase qui détenait un sens un peu plus profond.
Mais mon père sourd à la morale continuait 'Il m'a dit qu'il fait un voyage d'affaires le week-end prochain. Dans trois jours plus exactement, de vendredi à lundi... et m'a de ce fait invité.'
'Et en quoi cela va t'aider ?' Voulait-elle savoir.
'Il va me présenter à ses contacts et me montrer comment fonctionne le business.' Expliquait-il. 'Pour que moi aussi, je me fasse des connaissances et en joue.' Puis, il prit un verre d'eau bien glacé, le finissant en un coup.
'Eh amour, je suis si fière... ' S'exclamât elle. 'Et heureuse.'
'Maintenant, laisse-moi finir de manger.' Ordonnait-il, avant qu'elle ne vienne me rejoindre dans la chambre pour, elle aussi, dormir.
Et cette nuit, elle m'enlaçait après tant d'années. Ma mère ne savait pas ce qu'était l'affection habituellement. Alors, même dans mon sommeil, je pus sentir une vague chaude d'été me frapper sur la peau.
Quant à son mari, il nous avait retrouvé très tard dans la nuit. Accompagné d'une odeur immonde d'alcool que maman épousait très bien depuis peu.
À l'époque, je ne connaissais que vaguement les significations de simples choses donc, comment aurais-je pu savoir que chercher du boulot et avoir des rendez-vous professionnels un dimanche seraient presque impossibles ? Surtout un dimanche tard dans la nuit.
De plus, si cela ne dérangeait pas ma mère, comment moi aurais-je pu y penser ?
Le lundi arriva et, j'étais tout excitée, car la foi de ma mère en Dieu semblait revivre grâce à mon père. Mais comment aurais-je aussi pu savoir que notre foi ne devrait pas dépendre des Hommes, mais de Dieu seul.
Puisque les Hommes de nature charnelle peuvent nous décevoir. Or, notre Créateur, jamais.
Si nos espoirs se reposent donc sur un être charnel comme nous, que ferons-nous le jour où il partira ?
Et si la Parole nous dit :
(Proverbes 3:5 BDS) Cela veut dire que nous ne devons même pas dépendre de nous même ou de notre propre intelligence. Maintenant, dites-moi, pourquoi se reposer sur celle d'un autre homme, qui comme nous cherche quelqu'un qui portera son fardeau ?
C'est dans ce genre de moment que je me rends compte de combien l'Éternel est bon.
Je vois Son sourire et Ses yeux ne point se détacher de nous pendant qu'Il porte sur Son dos tout ce qui pèse sur les nôtres.
Le jour se leva ensuite, et mon père retombait dans sa vie de chômeur en attendant le week-end. Sauf que, plusieurs choses avaient changé en lui.
Il ne restait plus concentré sur la télé, mais dans ses pensées.
Il ne lisait plus le journal avec curiosité, mais avec lassitude.
Il ne se réjouissait plus en voyant les corps développés des jeunes filles sur l'écran de la télé, mais restait figé.
Il ne nous ignorait plus, mais nous contrôlait de près. Et malheureusement pour lui, mes frères étaient déjà très indépendants de lui parce que dépendants de drogues.
Et il s'en était rendu compte un soir, lorsqu'il mangeait à table, à 23 h et que notre aîné, Josh, rentrait à la maison.
'D'où reviens-tu si tard ?' Criait-il alors que Josh venait à peine de traverser la porte.
'Chez mon ami.'
'Plus jamais ne rentre à cette heure-ci dans ma maison.'
'Je suis grand, je te signale.' Rétorquait Josh.
'Au point de payer tes propres études ? Au point de payer ton loyer et te nourrir ?'
Josh s'énervait et ne ferma point sa bouche. Il argumentait 'Alors là, je suis dans le même cas que toi. Comment nous catégorises-tu... papa ?' Faisant référence à la situation financière de mon père.
'Tout cela changera bientôt.' Se leva-t-il. 'Je te conseillerais de profiter de tes parents pendant qu'il en est encore temps, car l'avenir est très surprenant.' Pointant son doigt sur Josh.
'Je te conseillerais aussi de profiter de tes enfants avant de les perdre.'
Ma mère énervée de cet affront hurla 'Josh !' En frappant sur la table sur laquelle mon père mangeait.
'Ça !' S'adressa-t-il à elle. 'c'est ton éducation.'
Josh prit à cet instant sa défense, agacé par les reproches de mon père. 'Elle a fait du mieux qu'elle pouvait pendant que tu fantasmais devant des jeunes filles sur l'écran de la télé... à boire comme un alcoolique.'
Mon père à bout, la main pleine de sauce au poivre sauta sur mon frère pour lui donner un coup de poing.