– J’ai englouti là trois cent mille francs, monsieur. Une spéculation superbe, disait mon architecte. Aujourd’hui, j’ai bien de la peine à retrouver mon argent ; d’autant plus que tous mes enfants sont venus se loger chez moi, avec l’idée de ne pas me payer, et que je ne toucherais jamais un terme, si je ne me présentais moi-même, le quinze… Heureusement, le travail me console. – Vous travaillez toujours beaucoup ? demanda M. Josserand. – Toujours, toujours, monsieur ! répondit le vieillard avec une énergie désespérée. Le travail, c’est ma vie. Et il expliqua son grand ouvrage. Depuis dix ans, il dépouillait chaque année le catalogue officiel du Salon de peinture, portant sur des fiches, à chaque nom de peintre, les tableaux exposés. Il en parlait d’un air de lassitude et d’angoisse ; l