CHAPITRE II
S.O.S. CÉRÉBRALEn dépit de cette énigmatique menace, Victor Laridon, dépêché au Japon par le Maître, avait pris passage sur un navire spécialement aménagé en vue de sa mission, et était arrivé à bon port dans les États du Soleil-Levant.
Mis au courant des propos du vieux fakir, au moment où il s’apprêtait à faire embarquer la merveille antédiluvienne, notre Parisien s’était contenté d’en rire.
— Qu’il s’y frotte ! avait-il dit. Je lui apprendrai ce que pèse le « tampon d’un Pantruchard » qui a affronté Hantzen en son repaire de l’Everest, et a bouffé sa part du feu central. J’affalerai le Snaky à Paname… ou bien nous n’y « aboulerons » ni l’un ni l’autre.
Une heure après avoir prononcé ces paroles mémorables, l’entêté mécano faisait transporter le pseudo-fossile sur le quai, à proximité de l’Autonef. (C’était le nom du navire qui l’avait amené.)
L’Autonef, on doit le penser, tant pour la forme du carénage, que pour ses commandes de propulsion ou de manœuvre, n’avait rien de commun avec le genre de construction navale du siècle écoulé. Pourvu d’une installation électrique qui permettait l’automatisme de toutes les manœuvres possibles, en se passant complètement de main-d’œuvre humaine, pour tout état-major et pour tout équipage, l’Autonef n’avait à son bord que Victor Laridon et master Julep.
Personne – en dehors des deux envoyés d’Oronius – ne devait mettre le pied sur le pied du bâtiment. Et ce furent eux seuls qui procédèrent à l’embarquement du Snaky.
Laridon était donc bien certain qu’il n’emmenait aucun ennemi. Il n’avait pas à craindre une trahison machinée ou payée par le fakir.
Au moment du départ, ayant placé Julep en observation sur la passerelle, il effectua une minutieuse visite du bâtiment. Après quoi, certain que tout fonctionnait à souhait et que rien de suspect n’existait, il passa dans le poste des chiffres et appareilla en quelques secondes, électriquement :
— À présent, bien malin serait ce fakir s’il nous causait quelque ennui, confia-t-il à Julep quand leur bâtiment se trouva à une certaine distance des côtes du Nippon, courant, à une allure de 45 à 50 nœuds, vers le sud. Vois-tu, blanc de poulet, on est seuls, ici, nous deux, avec, comme cargaison, une boîte à bijoux qui est un peu là… Quoi que tu dis ? Qu’elle a coûté un peu chérot ? T’en fais pas, vieux zinc ! La « cocotte » contient un frichti d’Hantzen au piment Yogha à s’en lécher les babigouinsses !
Or, on aurait difficilement fait admettre à maître Laridon que son « frichti » pouvait représenter un danger quelconque.
N’était-il pas enfermé dans une double carapace d’airain et d’or ? Et cette dernière enveloppe, qui moulait exactement le Snaky (puisque tel était le nom dont Hantzen et Yogha avaient baptisé leur appareil) constituait une prison dont le serpent mécanique ne pouvait s’échapper.
D’autre part, Laridon avait pleine confiance dans son ship ultra moderne et dans sa machinerie électrique – œuvre exécutée par Jean Chapuis sur les plans du Maître.
L’Autonef était véritablement une merveille. D’une cabine vitrée, située sur la passerelle, un seul homme pouvait le diriger sans le moindre effort et lui faire accomplir toutes les évolutions voulues.
Bien mieux, ayant réglé la route et actionné les différents mécanismes qui assuraient la marche de l’Autonef, son pilote pouvait s’endormir d’un sommeil exempt d’appréhension. Non seulement il était assuré que, grâce à la précision du mécanisme, tous les organes du bâtiment continueraient à fonctionner selon le programme prévu et aux heures déterminées à l’avance – mais il était en outre bien certain d’être réveillé, en temps utile, si quelque incident impossible à prévoir venait à se produire.
En effet, des avertisseurs automatiques existaient dans toutes les parties du bâtiment, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur.
De plus, l’approche même d’un danger se trouvait automatiquement signalé. Des dispositifs électro-magnétiques et des appareils enregistreurs, munis de plaques sensibles à toutes les émanations, ondes et courants, possibles entouraient et doublaient la carène ainsi que les superstructures d’une véritable armature nerveuse.
Si, par exemple, dans un rayon déterminé, un écueil affleurait, un submersible évoluait, ils exerçaient aussitôt, du fait de leur voisinage, une action combinée sur les cloches sous-marines et sur les plaques vibrantes de l’Autonef dont chaque appareil, isolément, pouvait déclencher les organes sifflants de l’avertisseur. Mis en alerte, le commandant Laridon n’avait plus qu’à consulter le tableau indicateur pour connaître la nature du danger, sa direction et la distance à laquelle on en était encore.
Un tel système de protection n’était-il pas suffisant pour autoriser la confiance à toute épreuve dans laquelle se confinait Victor Laridon, navigateur novice en même temps qu’officier de marine improvisé.
La route ayant été déterminée à l’avance par Oronius, il suivait ponctuellement les instructions du maître en tournant certains boutons dans le sens indiqué et dans un temps prescrit, selon l’horaire d’un régulateur mis en marche à la sortie du port de Yokohama.
Cette besogne accomplie, il pouvait naviguer en dormant sur ses deux oreilles. C’était le cas ou jamais de le dire : le bateau marchait tout seul. L’Autonef fendait les flots à une vitesse prestigieuse.
En raison même de sa vélocité toute spéciale et de son très petit tirant d’eau, il ne suivait pas les routes ordinaires, mais bien celle qui lui avait été imposée par Oronius. Pour éviter l’étranglement de Bab-el-Mandeb, à l’entrée de la Mer Rouge et l’étroit couloir du canal de Suez où il eût dû prendre la file et marquer le pas, le Maître avait prescrit à son navire électrique la traversée du Pacifique.
Il nous paraît nécessaire de noter ici un point d’histoire : les travaux entrepris en 1875, par Ferdinand de Lesseps, pour le percement de l’isthme de Panama et l’établissement d’un canal interocéanique, fut un gouffre dans lequel les capitaux français s’engloutirent pour un milliard quatre cent millions de francs. En 1889, la société ayant été mise en liquidation, le travail fut abandonné, puis repris pour le compte des États-Unis. Ceux-ci, grâce à de nouveaux capitaux, purent pousser jusqu’à l’achèvement, et le début du XXe siècle vit l’inauguration du gigantesque canal établi sur les plans d’un grand Français. Jusqu’en 1950, les navires purent donc passer de l’Atlantique au Pacifique en suivant le tracé du canal, entre Colon et Panama, après s’être fait monter ou descendre par les trois écluses de Gatun, et les trois écluses de Pedro Miguel et de Miraflorès. Mais, à cette dernière date, qui vit la grande guerre sino-américaine, les Unionistes ayant fait sauter les portes des barrages, leurs ennemis, complétant la dévastation, coupèrent littéralement l’isthme en pulvérisant les racines de la Culebra, de Pedro Miguel à Obispo, en utilisant pour la première fois l’énergie intra-atomique du radium.
Le passage désormais libre, sur une largeur moyenne de plus de deux cents mètres, on hésita tout d’abord à s’y engager à cause de la hauteur inégale des deux mers. C’était une erreur ; le niveau des deux océans est bien le même, mais si l’oscillation de la marée n’atteint que 0 m. 58 d’amplitude à Colon, par contre à Panama, elle est à 2 mètres en morte-eau et peut atteindre 6 mètres en vive-eau ; de là un courant de 2 nœuds 5 ; des simili cascades à Obispo, devant le rio Chagres, et quelques tourbillons entre Juan Grande et Tavernilla.
En somme, rien qui puisse arrêter les lévriers des mers et encore moins le navire électrique d’Oronius.
Quelques heures après avoir quitté Yokohama, l’Autonef, ayant traversé le tropique du Cancer et laissé derrière lui les îles Hawaii filait à toute vitesse vers la Mer Panamienne.
Le temps n’était plus où il fallait dix-huit jours à un paquebot pour aller du Japon à San-Francisco.
Sans souci comme sans crainte, Victor Laridon, dans la cabine vitrée de la passerelle, s’abandonnait donc béatement au plaisir contemplatif, quand, tout à coup, un concert de sifflements le fit sursauter.
Stupéfait, il consulta le tableau.
— Pas possible ! s’exclama-t-il. Que nous arrive-t-il ? Il faut que quelque chose se doit détraqué.
Alors, s’élançant hors de la cabine, il appela à pleine voix :
— Julep !… Ohé ! Blanc d’Espagne !… Arrive tout de suite, extrait de jus de chique !…
Ces noms d’amitié avaient le privilège de faire surgir immédiatement le n***e polychrome.
Comme de coutume, il se présenta, riant de tout son cœur.
C’était un caractère enjoué et qui savait comprendre la plaisanterie.
Mais l’expression plutôt sévère du visage de son capitaine de manœuvre lui fit entrevoir que ce n’était pas le moment de s’amuser.
Il se produisait certainement de graves inconvénients pour que « massa Victor » eût une « binette » pareillement bouleversée.
Le rire de Julep se figea sur sa large bouche, et son nez épaté esquissa un allongement impossible.
— Quoi y a, massa Laridon ? demanda-t-il avec inquiétude. Toi pas bonne « bobine ». Toi méchante guegueule à raffût ! Dis à master Julep : perdu blague ? Cassé pipe ?
D’un haussement d’épaules, le mécano fit justice de ces suppositions puériles.
— Il en faut d’autres pour me retourner ! déclara-t-il tragiquement. Ma vieille tarte de suie à la groseille-pistache, ou j’ai le vertigo et, comme on dit, ou je la perds, ou nous sommes en train de passer à l’as !
— À la as ? répéta le n***e sans comprendre.
— De couler ! De plonger ! si tu aimes mieux, précisa le Parisien. Comme notre bâtiment n’est pas un submersible et qu’il n’est aménagé qu’en vue de la navigation en surface, nous pouvons nous apprêter à boire à la tasse.
— Julep soif… Julep boire océan, affirma le n***e en ouvrant une bouche d’une dimension effrayante.
— Imbécile ! Tu oublies les poissons. Ils ne passeraient pas. Et puis il y a les « c’est assez ! » Silence donc et reviens au sentiment de la situation. Je t’annonce une nouvelle non seulement inquiétante, mais absolument inexplicable. Or tu l’accueilles comme un événement normal… Ta bêtise est immonde !… Je te répète qu’il se passe à bord un truc « sardi-napoilesque ». Si je n’étais pas aussi sûr que personne autre que nous n’a mis ses « arpions » sur l’Autonef, je t’insufflerais : le fakir est en train de nous démonter un bateau… Mais l’olibrius est resté sur le plancher des mousmées.
— … Jolies ! confirma le n***e en se frottant les mains avec une satisfaction évidente.
— Imbécile ! tu as du goût pour ces tranches de citron ?… Viens tout de même visiter les cales… Je ne puis comprendre à quoi nous sommes en butte. Sans crier gare, ou plutôt si, en sifflant gare, l’avertisseur vient de m’annoncer que le bâtiment s’enfonçait et que le niveau de l’eau, dans la cale, atteint la ligne des œuvres mortes ! Cela voudrait dire que nous avons embarqué de la flotte sans nous en apercevoir… Mais, est-ce possible avec un pareil « rufiau » ? Le signal aurait fonctionné… Et puis d’où viendrait la limonade ? L’Autonef n’est pas une coquille à se détraquer comme ça pour rien, pour le plaisir de faire des chichis… Ce n’est pas une petite « menesse » nerveuse. Il est solidement construit… D’autre part, nous ne sommes passés dans le voisinage d’aucun écueil. Nous en aurions été avertis… Alors, quoi ? Dois-je donner ma langue aux requins ?…
— Nous aller voir, conseilla le n***e.
— Quoi ? Les requins ?
— Non ! Cale basse de petite menesse.
Ils descendirent et passèrent une inspection complète du navire.
Les murailles étaient intactes. Dans les cales, il n’y avait pas trace de voie d’eau et la grande soute ne renfermait que le Snaky.
Cependant, quand ils remontèrent, un simple coup d’œil jeté au tableau de la cabine les troubla : le signal d’alarme retentissait sans interruption et le graphique indiquait que l’Autonef s’enfonçait lentement, mais continûment sans faire eau.
— Hein ! constata le Parisien. N’est-ce pas plus fort que de jouer au bouchon ?
— Plus fort ! accorda son écho.
De fait cette descente non motivée prenait des proportions inquiétantes.
Quand la mer atteindrait le niveau des dalots, – si cette inexplicable descente ne s’arrêtait pas, – ils embarqueraient forcément et le navire coulerait, car toutes les écoutilles étaient ouvertes.
Or que faire pour empêcher cela ? Condamner les ouvertures ?… Le temps manquait.
Et puis, comment se défendre contre un péril dont la cause est inconnue ?
Chaque seconde de réflexion rendait Laridon de plus en plus soucieux. Il avait maintenant conscience d’être environné par un péril mystérieux. Des forces invisibles le menaçaient, sans lui laisser la chance de se défendre.
À quoi visaient-elles ? D’où pouvaient-elles provenir ?
Le mécano se rappela la mystérieuse menace du fakir. Elle était en train de se réaliser. Il ne pouvait s’empêcher de faire ce rapprochement.
De là à penser que le singulier personnage pouvait – si invraisemblable que cela parût – être pour quelque chose dans l’aventure, il n’y avait qu’un pas.
Laridon le franchit :
— Ce serait au Snaky qu’on en veut, murmura-t-il. Ne m’as-tu pas seriné le refrain ? On ne veut pas qu’il arrive au port. Le cochon s’opposerait-il lui-même à son transport ?
— Lui mort… Lui peut pas !
— Si fait, blond de fumée !
— Comment qu’il ferait ?
— Et s’il lui plaisait de forcer son poids !…
Les sourcils du mécano se froncèrent. Le pli volontaire de son front indiqua la concentration de toutes ses forces de combat.
Il n’était pas facile d’entamer le moral de maître Laridon ni d’obtenir qu’il s’abandonnât.
— Mais moi, j’ai dit qu’il arriverait là où je le mène ! reprit-il avec entêtement. On n’est pas sans comprendre les « magnes » et du moment où la roublardise est éventée, c’est à Bibi de retrousser ses manches ! La manigance doit être démolie… Allons, jus de lentilles au caramel ! Un peu d’huile de bras, mon canard ! Nous allons sauver les meubles. Puisque c’est pour descendre le Snaky au fond de la grande baille qu’on veut y envoyer l’Autonef et nous aussi par-dessus le marché, on va faire un radeau et nous nous y installerons avec le serpent… Ah ! mais il ne faut pas croire qu’on les prend sans vers, ceux de Pantruche !
Le premier effort à effectuer pour réaliser ce beau projet était de hisser le Snaky sur le pont.
Cette opération n’était pas aussi difficile qu’on pourrait le croire, car tout avait été prévu pour qu’elle pût être aisément conduite en cas de nécessité. Un puissant treuil électrique, qu’un enfant eût manœuvré d’un seul doigt, tellement son mécanisme était à la fois simple et perfectionné, était boulonné sur le pont, au pied du mât de misaine et sous la corne de brigantine, faisant fonction de grue. Du haut de cette corne non décapelée, descendaient toujours, dans le grand panneau, les chaînes d’acier qui avaient servi à l’embarquement du Snaky. Descendu sur sa plateforme de poutres, celui-ci n’avait pas été débarrassé de ses entraves. De sorte qu’aucun préparatif n’était nécessaire. Au contraire tout était disposé en vue de l’opération du débarquement.
Laridon et Julep ayant procédé seuls à l’introduction du fossile, il n’y avait aucune raison pour que l’opération inverse ne pût être effectuée avec autant de facilité.
Les mêmes moyens mécaniques qui devaient être mis en jeu. Et ceux-ci avaient fait leurs preuves.
Le mécano actionne donc la dynamo avec assurance, l’objet devant être enlevé par le treuil « à la guibe de saton » (jambe de bois).
Le treuil, obéissant, se mit en marche, embraqua en vitesse tout le mou de la chaîne, puis celle-ci se tendit avec un râlement de ses anneaux et, brusquement, le cylindre s’arrêta.
Le Snaky résistait !
— Saperlipopette ! gronda notre capitaine estomaqué. Le bibelot fait de la rouspétance ! Mets de l’avance à l’allumage, miroir à moricaudes !… Quoi ?… Ça flanche encore ?
Littéralement stupéfait, il dut constater l’étrange résistance qu’opposait le Snaky à tous les efforts faits pour l’arracher. En dépit de l’action de la grue élévatrice, conçue cependant pour jongler avec des poids bien plus considérables, il demeurait collé au plancher de la cale.
Son poids s’était-il donc subitement accru dans des proportions inquiétantes ?
Cette réflexion démente fit germer une autre idée dans l’esprit désemparé de Laridon : cette modification de poids ne pouvait-elle pas être la cause principale de l’étrange aventure qui menaçait la sécurité de l’Autonef ?
N’était-ce pas ce maudit Snaky, inexplicablement et progressivement alourdi, qui faisait s’enfoncer le navire ?
Durant quelques minutes, le mécano demeura interdit et anxieux, éprouvant – et peut-être pour la première fois de sa vie – une impression d’incommensurable terreur.
Car, cette fois, il sentait combien peu de chose est l’atome humain environné de ces forces hostiles et mystérieuses que la Nature cache à nos regards et à notre intelligence.
Ce conflit avec des puissances invisibles, dont il ne pouvait se faire aucune idée, démontait le pauvre Victor, le privait en partie de cette assurance dont il avait fourni tant de preuves.
Avec Julep, – qui ne comptait guère en la circonstance, – il était seul à bord. Cela, il en était sûr.
Et pourtant quelque chose agissait sur la dangereuse cargaison, pour l’attirer au fond de la mer ; entraînant avec elle le navire qui la portait et son modeste équipage.
Or, de l’avis de Laridon, cette diabolique interposition, qui ne pouvait venir que de l’extérieur, avait été annoncée.
Vraiment, pour une pareille lutte, le mécano ne se sentait pas de taille. Il avait besoin d’être aidé.
Perdu au milieu de l’Océan, loin de tout secours humain possible, quelle assistance utile eût-il pu réclamer, sinon celle de son grand patron, le savant Oronius.
Mais Oronius, absorbé par ses travaux de laboratoire, était à Paris… de l’autre côté de la terre !
N’importe ! Pour communiquer avec le Maître, il avait mieux que la T.S.F. Et ce n’était pas le trop bref S.O.S. qu’il allait lancer.
Les ondes cérébrales amplifiées – perçues selon le procédé d’Oronius par les cerveaux dotés de l’amplificateur de l’Aqueduc de Sylvius – remplaçaient avantageusement les ondes hertziennes.
Ce mode de communication, par exemple, exigeait un puissant cerveau, tendu jusqu’à l’extrême, – puisque ce cerveau se trouvait constituer à la fois le poste émetteur et le poste récepteur.
Pour la réception des messages cérébraux, Oronius – nous venons de le dire – y avait pourvu. Grâce à l’amplificateur, tout individu qui en était doté, pouvait être atteint par lesdits messages.
Mais, pour l’émission, il en allait tout autrement. Seul un Maître de la Pensée avait le pouvoir, sans le secours d’un dispositif spécial et par sa seule force de concentration cérébrale, de lancer des ondes d’amplitude suffisante pour que des cerveaux éloignés fussent atteints par elles.
Le mécano n’était évidemment pas de cette catégorie privilégiée.
Heureusement, le cas avait été prévu. Et il existait, à bord de l’Autonef une cabine amplificatrice d’où l’appel cérébral de celui qui y était enfermé partait avec une puissance suffisante.
Laridon courut à cette cabine et s’y claquemura. Là, concentrant toute sa pensée, il lança son appel désespéré.
Pendant ce temps, le n***e caméléon, terrorisé autant par le visible affolement de son compagnon que par l’inexplicable façon dont se comportait leur bâtiment, passait par toutes les couleurs assombries de l’arc-en-ciel.
Pour le polychrome Julep, ce n’était point là un tour de force !…
De son côté, cédant à la mystérieuse pression qu’exerçait sur ses membrures le Snaky alourdi, l’Autonef continuait à s’enfoncer lentement…