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Le Réveil de l'Atlantide

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Au commencement du vingt-et-unième siècle, personne ne l’ignore mais nous nous permettons de le répéter pour le cas où certains l’auraient oublié, l’agglomération Yokohama-Tokio était devenue l’une des capitales les plus modernes du monde.Son importance et le développement qu’elle avait pris ne venaient pas seulement du rang occupé par le Japon dans le monde asiatique. – Et c’était le premier rang puisque l’ancien Mikado portait présentement le titre de Président des États-Unis d’Asie. – Mais ils découlaient encore du fait que la puissante république, après avoir ressuscité et galvanisé l’indolence des jaunes, marchait en tête de la Civilisation.Autant que Paris ou Londres, plus que Rio-de-Janeiro ou New-York, Yokohama était donc une ville cosmopolite. C’est dire que le moindre événement y attirait une foule bigarrée, comptant autant d’Européens que d’Asiatiques, sans parler des Américains, des Australiens et des Africains de toutes couleurs.

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CHAPITRE PREMIERFANTASTIQUE SURENCHÈRE
CHAPITRE PREMIER FANTASTIQUE SURENCHÈREAu commencement du vingt-et-unième siècle, personne ne l’ignore mais nous nous permettons de le répéter pour le cas où certains l’auraient oublié, l’agglomération Yokohama-Tokio était devenue l’une des capitales les plus modernes du monde. Son importance et le développement qu’elle avait pris ne venaient pas seulement du rang occupé par le Japon dans le monde asiatique. – Et c’était le premier rang puisque l’ancien Mikado portait présentement le titre de Président des États-Unis d’Asie. – Mais ils découlaient encore du fait que la puissante république, après avoir ressuscité et galvanisé l’indolence des jaunes, marchait en tête de la Civilisation. Autant que Paris ou Londres, plus que Rio-de-Janeiro ou New-York, Yokohama était donc une ville cosmopolite. C’est dire que le moindre événement y attirait une foule bigarrée, comptant autant d’Européens que d’Asiatiques, sans parler des Américains, des Australiens et des Africains de toutes couleurs. Telle était celle qui se pressait certain après-midi dans la plus spacieuse des salles de l’Hôtel des Ventes. Les vastes proportions de cette salle avaient déterminé ce choix, et il s’expliquait encore non seulement par l’énorme affluence de public, mais aussi à cause des dimensions de l’objet qui allait affronter le feu des enchères. Long d’une douzaine de mètres, large de deux, avec une hauteur égale, une sorte de monstre fossilisé s’allongeait, dans un box surélevé de trois marches, au milieu de la foule des curieux. À en juger par la grosseur des poutres et des croisillons de fer dont on avait dû étayer le plancher, le poids de ce monstre pétrifié devait être considérable. Des siècles, – à ce qu’on supposait – l’avaient recouvert d’une carapace métallique et brillante. Les gens les mieux informés affirmaient que ce devait être de l’or – métal déprécié depuis le jour où la découverte du gisement formidable du Fouzi-Yama en ayant inondé le monde, les gouvernements avaient été mis dans l’obligation de pourvoir son remplacement, en tant qu’étalon monétaire. Quant à l’animal contenu dans cette enveloppe, les avis étaient partagés : on parlait de dragon, de brontosaure, d’ichtyosaure, d’iguanodon, et de toute la ménagerie préhistorique. Car l’opinion unanime s’accordait pour admettre l’antiquité de cette trouvaille. Les circonstances dans lesquelles elle avait été mise au jour plaidaient il est vrai, en faveur de cette thèse. C’était au cours des fouilles faites sur l’emplacement du volcan sacré, le Fouzi-Yama, disparu récemment dans les entrailles du sol, pendant qu’un subit tremblement de terre secouait tout le Japon(1). Une aussi formidable convulsion de la croûte terrestre ne pouvait avoir mis au jour qu’un fossile, jusqu’alors enseveli dans les couches géodésiques les plus profondes. On en déduisait qu’il datait des premiers âges du monde ; de sa période secondaire. À l’époque où elle avait été faite – cela remontait à quelques mois – on n’avait point parlé de cette découverte qui aurait dû révolutionner le monde paléontologique. Cela tenait à ce que la bête métallisée avait été aussitôt vendue à un vieux bonze collectionneur. Celui-ci, fort jaloux de ses trésors, s’était bien gardé d’ébruiter son aubaine. Ayant subrepticement fait introduire le fossile dans sa bonzerie dont il avait fait partir les mousmées, afin d’éloigner les dévots, il passait ses jours et ses nuits en contemplation devant sa monumentale relique. Mais ce collectionneur venait de mourir et les héritiers, tenant naturellement à tirer le meilleur parti possible des curiosités qu’il s’était plu à rassembler, avaient au contraire trompeté aux quatre coins du monde les mérites de cette pièce unique. Cela expliquait l’affluence des curieux et des amateurs qui se pressaient dans le vaste hall des enchères. Il y avait là l’ordinaire tourbe des intermédiaires, des brocanteurs venus de toutes les parties du monde. Bien entendu, on y trouvait le dessus du panier des races agioteuses, commerçantes et rapaces : Grecs, Persans, Chinois et Arméniens. Ils étaient venus pour le fossile d’or, véritable pièce de Musée ; chacun espérant pouvoir l’acquérir à bon compte, et comptant bien le revendre ensuite un prix fabuleux. À l’un des bouts de la longue rangée de fauteuils de rotin, réservés aux amateurs sérieux, un vieillard paraissait somnoler. Ce n’était évidemment pas un professionnel. Son aspect sordide n’annonçait pas davantage le riche amateur. Son teint coloré, sa maigreur squelettique trahissaient quelque dévot ascète de l’Inde, appartenant vraisemblablement à la secte religieuse des banians ou à l’ancienne caste des fakirs. Tout d’abord, ce personnage parut se désintéresser des enchères, comme de tout ce qui se passait autour de lui. Mais quand le flot des amateurs du fossile se fut réduit et qu’il ne resta plus en présence qu’une demi-douzaine d’enchérisseurs sérieux, le vénérable vieillard se réveilla comme par magie. — Où en est-on ? demanda-t-il à son voisin. Celui-ci répondit : — Le petit Persan a été jusqu’à neuf mille Orons… Le grand Arménien en met dix… C’est cher ! — Cher ? répéta le Banian. Écoutez ? Et d’une voix calme il surenchérit : — Cent mille Orons ! Cette enchère formidable sidéra les concurrents et toute l’assistance. L’Oron, ainsi appelé du nom abrégé du savant Oronius qui avait découvert le métal entrant dans sa composition, avait remplacé l’ancienne livre sterling et représentait à peu près cinquante francs de le monnaie d’autrefois. C’était donc une enchère de cinq millions que venait de jeter ce vieillard dont l’aspect était celui d’un mendiant. Qui était-il ?… Ou au nom de qui agissait-il ? Certes, il fallait avoir une sérieuse envie de posséder le fossile d’or pour en offrir un prix aussi disproportionné. L’or, nous l’avons dit, était un métal déprécié. Atterrés, les autres amateurs se turent. Ils étaient vaincus. Et déjà, la traditionnelle baguette d’ivoire s’abaissait, quand une voix de tonnerre emplit la salle : — Deux cent mille Orons ! clamait cette voix. Faites vos prix, messieurs ; vous perdrez votre temps ! Je suis prêt à doubler n’importe quel chiffre qui sera offert. L’assistance se regarda avec effarement. Qu’était le premier coup de théâtre auprès du second ? De plus, ce nouveau mouvement de stupeur n’était pas seulement causé par l’offre folle, mais aussi par ce fait que la voix, cette voix tonitruante, n’était sortie du gosier d’aucun de ceux qui se trouvaient dans la salle. Elle provenait du dehors, et même d’un lieu éloigné. Après s’être entre-regardée, l’assistance dut le constater, non sans un certain frisson. Seul, le vieux fakir ne donna aucun signe d’étonnement ni d’effroi. Toutefois, ses prunelles, ternes jusque-là, se mirent à briller d’un éclat singulier. — Qui porte cette enchère ? demanda-t-il d’une voix calme. La question était sensée. Le commissaire-priseur s’empressa de la répéter, en chevrotant légèrement, car il éprouvait, comme son entourage, une assez compréhensible émotion. — Qui enchérit ? cria-t-il. Alors, au milieu d’un profond silence, la voix de l’enchérisseur invisible laissa tomber ce seul mot : — Oronius !… *** *** L’illustre savant, dont nous avons entrepris de rapporter les aventures, n’était pas l’homme des fantaisies ni des caprices. Que pouvait-il vouloir faire du singulier fossile, lui qui avait dispensé à l’humanité les trésors de la science et mis au service de ses contemporains les forces asservies de la Nature ? Il se trouvait à Paris, entre sa fille Cyprienne, gracieuse blonde de vingt ans et son futur gendre, en même temps son élève – l’ingénieur Jean Chapuis. En leur compagnie et en celle de ses dévoués serviteurs – le mécano Victor Laridon, master Julep son n***e polychrome, la délurée soubrette Turlurette, Mandarinette, la jeune Chinoise, et les petits chiens Pipigg et Kukuss, le Maître avait toutes les raisons du monde de souhaiter vivre tranquille. Within-globe-trotter, il rentrait à peine de la fantastique randonnée qui lui avait fait traverser la sphère terrestre de part en part, sans cesse menacé par la haine de son rival Hantzen, savant dévoyé, lié aux puissances du Mal que représentait la mystérieuse Hindoue Yogha. De la lutte effroyable qui s’était déroulée dans les soufflures endothermiques, Oronius et les siens étaient revenus seuls. Leurs ennemis y ayant trouvé leur tombeau. Après une telle suite d’entreprises cyclopéennes, de luttes forcenées contre des adversaires inexorables et contre les révoltes de la nature, toujours disposée à anéantir ses trop audacieux violateurs, l’illustre maître ne devait-il pas aspirer au repos ? Ses travaux le réclamaient ! De plus le Palais-Laboratoire que ses concitoyens venaient de lui réédifier pour remplacer sa Villa Féerique détruite par la haine de Hantzen, comptait maintenant un nouvel hôte qu’Oronius devait tenir à étudier : c’était un échantillon d’une branche sous-terrienne de la race humaine. Ramenée de l’étrange expédition, cette créature répondait au nom de Taï. Elle avait rendu d’appréciables services dans le séjour des ténèbres et s’était particulièrement attachée à Cyprienne et à Jean Chapuis. Encore une fois, comment Oronius pouvait-il, dans de telles conditions, s’intéresser au fossile découvert chez le bonze antiquaire japonais ? C’est que, comme tous les savants de l’Univers, il avait reçu des héritiers du collectionneur la missive que voici. « Illustre Maître, « Nous avons l’avantage de vous signaler le prochain passage à l’Hôtel des Ventes de Yokohama d’une pièce unique de Musée. C’est un fossile certainement préhistorique et que des millénaires ont revêtu d’une carapace d’or. Il provient des fouilles effectuées sur l’emplacement du Fouzi-Yama. Ci-joint la photographie de ce monstre qui constitue, pour un amateur éclairé, un trésor inestimable. » La lecture de ce prospectus et la vue de la photographie avaient fait bondir Oronius. — Mais, c’est lui ! s’était-il écrié. C’est le Snaky qui a servi de cercueil à Hantzen, à Yogha et à leurs âmes damnées. Je comprends maintenant pourquoi nous l’avions vainement fait chercher par notre brave Victor. Le pauvre garçon arrivait comme les carabiniers de jadis. Le fameux serpent avait déjà été recueilli et caché par ce collectionneur bouddhiste. Sa fille et son futur gendre s’étaient approchés pour l’écouter. Laridon, Julep et les soubrettes prêtaient l’oreille. Tous semblaient singulièrement impressionnés. N’était-ce point naturel : ces simples mots : Hantzen – Yogha – le Snaky leur rappelaient tant de cruels instants ! Ce cercueil qui reparaissait à la lumière du jour et qui contenait les corps de leurs ennemis ne pouvait les laisser indifférents. — Certes ! cette méchante boîte ne peut plus être qu’un ossuaire, réfléchit Oronius à mi-voix. Et pourtant, le simple nom de fossile d’or sonne à nos oreilles comme une menace. C’est à nous de nous en constituer les gardiens. J’achèterai l’animal prétendu fossilisé. — Peut-être ne serez-vous pas le seul enchérisseur, émit Jean Chapuis. — Bah ! les autres compétiteurs n’auront pas des raisons aussi valables que les miennes de désirer l’acquérir. Il nous suffira d’y mettre le prix. — Qui enverrez-vous au Japon ? demanda Cyprienne. — Envoyer quelqu’un là-bas… Pourquoi ?… N’ai-je pas les moyens de voir et d’entendre ce qui se passera aux enchères – et cela sans sortir de mon laboratoire ? N’ai-je pas l’Oroniphone et l’œil cyclopéen ? Grâce à ces merveilleux instruments qui donnaient à la voix et au regard humain une portée presque illimitée, Oronius avait pu, en effet, suivre les conversations et les différents incidents de la Salle des Ventes de Yokohama. Contrairement à son attente, il trouvait, en face de lui, un compétiteur particulièrement sérieux, en la personne du vieux fakir. La formidable enchère lancée par ce dernier lui avait ouvert les yeux. Aussi, comprenant la nécessité de décourager immédiatement un pareil adversaire, avait-il lancé simultanément l’enchère doublée et le défi qui devaient stupéfier l’assistance. *** *** Dans la salle des Ventes de Yokohama, le fakir s’était redressé. Il ne paraissait nullement disposé à abandonner la lutte. Au contraire, on aurait dit que le nom d’Oronius était pour lui un stimulant. Disposait-il donc de ressources illimitées ? Qui, en ce cas, lui fournissait de pareils trésors ? — Ce n’est pas le tout d’enchérir, il faut prouver sa solvabilité, ricana-t-il. En somme, vous n’entendez que les offres d’une voix affirmant être celle d’Oronius. Qui vous garantit l’authenticité de cette voix ? N’est-ce point celle d’un mauvais plaisant ? Pour moi, je suis prêt à payer comptant… et j’en fais la preuve ! Demandez présentement à votre Oronius de montrer ses Orons !… Tenez, voici, en diamants, la valeur offerte. Il tira de dessous ses vêtements une boîte métallique assez volumineuse et l’ouvrit. Tous avancèrent la tête, et durent reculer en tumulte, car juste au moment où le vieil ascète s’apprêtait à plonger sa main dans la boîte pour exhiber les joyaux annoncés, un rayon lumineux sembla jaillir du sol et atteignit le coffret. Avec un cri de douleur le fakir le lâcha aussitôt et se mit à secouer ses mains comme si elles venaient d’être atrocement brûlées… Le coffret était devenu tout rouge et une épaisse fumée en sortait. Quand elle se dissipa, chacun put constater que le coffret était vide. Apporté par l’Oroniphone, un ricanement sarcastique retentit. — Voilà vraiment une belle monnaie. D’où tenez-vous ce talent de fabriquer de faux diamants ? Malheureusement pour vous, ils ne sauraient résister à l’action des rayons Z, qui volatilisent les substances dont vous les avez composés. Vous n’êtes qu’un vieux filou. Retirez-vous au plus vite si vous ne voulez que j’éclaircisse les raisons secrètes de votre intervention. En quoi ce que contient le Fossile d’Or vous intéresse-t-il ? La curiosité dont le menaçait Oronius dut probablement paraître importune au vieux fakir, car il s’éloigna aussitôt. — J’abandonne la partie, maugréa-t-il, avec un visible dépit. Adjugez l’objet… Mais, que l’acquéreur prenne garde ! Le « Yoghi » ne fabrique pas que de faux diamants. Il possède une puissance plus réelle, que pourront expérimenter à leurs dépens ceux qui tenteront d’emporter le serpent d’or… Il n’est pas encore entre les mains d’Oronius et je doute même qu’il lui parvienne jamais !…

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