IX Seconde nuit de noces Madeleine peut encore se faire illusion : elle sait qu’elle a perdu, beaucoup perdu, elle sent que son mari a dû perdre comme elle ; mais elle n’a pas compté et elle croit qu’il reste encore quelques débris de leur petite fortune. Roger, au contraire, dont les poches sont vides, poches de gilet et poches d’habit, fait aisément ses comptes. Ils se sont levés comme les autres joueurs qui les entouraient, mécaniquement, machinalement, et, tout ahuris, tout étourdis, ils regardent droit devant eux, sans se parler, sans oser se regarder l’un l’autre. La foule qui entourait les tables, joueurs, joueuses, simples spectateurs, se dirige lentement vers les portes de sortie. On cause maintenant à haute voix ; on se dit ses infortunes. Ceux qui gagnent, au contraire, s’en