T1 - Chapitre 1

2817 Words
Chapitre 1 EXECUTION Il courait. Son chapeau empêchait ses cheveux de danser au rythme du vent. Il déboutonna son long manteau de sorte que celui-ci ne l’entrave plus. Autour de ses bottes, il avait fixé de nombreuses armes : flacon d’eau bénite, croix, allumettes, petite bouteille d’alcool ainsi qu’un poignard avec une lame en argent. Telle une ombre, il suivait les traces dans le sol humide de la forêt. Ce corps que l’on avait traîné, il s’en servait pour remonter vers la source de toutes les souffrances de ces derniers mois. La mission avait été confiée à la Guilde de France qui, en manque d’effectifs, avait renvoyé la missive à Rome. Il s’était porté volontaire sans la moindre hésitation. Il ne vivait que pour chasser ; tant qu’il y aurait des Démons à vaincre et des innocents à aider, il serait volontaire. Quant à sa traque, il n’avait pas mis longtemps à comprendre dans quel guêpier il avait décidé de plonger. Les Wendigowak possédaient la sale habitude d’accumuler les cadavres dans un antre pour une longue période d’hibernation. Ils étaient bien plus rapides que les êtres humains : leur vision nocturne, comme leur ouïe, n’avait pas d’égal et, l’un dans l’autre, ils étaient de puissants prédateurs. Soudain, il remarqua que les traces dans la forêt disparaissaient. Il se figea, essayant de faire le moins de bruit possible. Mais déjà, son souffle seul n’était pas suffisamment discret. Il était en terrain dégagé, et se demandait où l’animal avait pu aller. Puis, lentement, l’évidence le força à lever les yeux. Il distingua des griffures et des traces de sang sur le tronc des arbres. Le Wendigo n’était pas fou, il cherchait à brouiller les pistes. La créature avait pu grimper très haut. Le Chasseur s’accorda un instant de réflexion, mais ne se découragea pas. S’il ne voulait pas perdre la trace de sa proie, il allait devoir l’imiter, mais en même temps, c’était dangereux. Le crépuscule s’était étendu sur le monde depuis plusieurs heures, il était désavantagé désormais. De plus, ce manque de lumière l’empêcherait de discerner avec précision les marques laissées par son adversaire. Il n’avait pas le choix… bien que les risques fussent grands, mais ils l’étaient toujours, quelle que soit la chasse dans laquelle il était entraîné. Jamais il ne pouvait se permettre la moindre erreur, la moindre inattention. Il allait faire du bruit, mais de nouveau, il n’avait que cette solution. Il s’accroupit, retira un petit chiffon de la poche intérieure de son manteau et, le dépliant, il en sortit deux lames d’acier qu’il fixa solidement à la pointe de ses bottes. Il fit basculer son chapeau en arrière pour qu’il ne le gêne pas et entama l’escalade du premier tronc venu. Ses pieds se plantèrent dans le bois, l’empêchant de tomber, lui offrant ainsi un appui plus ou moins sûr. À la force de ses bras, il entreprit de se hisser de branche en branche jusqu’à ce qu’il parvienne à un point suffisamment haut et solide pour s’y asseoir. Maintenant qu’il était arrivé à ce stade, il allait devoir trouver le moyen de passer d’un arbre à l’autre sans chuter. Il examina attentivement son environnement, prenant en compte tous les facteurs : le vent, son orientation, la hauteur des branches, leur solidité. Il se redressa et décida de monter d’un ou deux mètres encore. Là, le tronc s’affinait dangereusement, mais il vivait avec le danger et la mort en permanence. Il n’avait pas peur. Il fixa l’arbre en face et bondit. Comme prévu, ses doigts se refermèrent avec violence sur le bois dur et épais, en contrebas. Ça avait été difficile et même un peu juste, mais il y était parvenu. Il inspira, soulagé, ne prenant pas garde aux échardes qui s’étaient enfoncées dans sa chair. À bout de bras, il progressa vers le tronc qu’il enlaça, tel un vieil ami. Sur sa gauche, il remarqua cinq longues entailles dans l’écorce. Il y déposa doucement le bout des doigts : c’était frais, il n’y avait pas de temps à perdre. Il aperçut une autre empreinte plus loin et s’élança lorsqu’il perçut un craquement sourd. Il se réceptionna gauchement, manquant de peu son rendez-vous avec la Mort. Il déglutit. Mais alors qu’il se stabilisait, un grognement lui fit brusquement lever la tête et tout ce qu’il put voir avant de perdre connaissance, fut une main griffue et repoussante qui le frappait. Lorsqu’il s’éveilla, ses membres douloureux lui arrachèrent une grimace. Il sentit un liquide épais couler sur sa joue à cause de l’attaque dans les arbres. Il n’avait pas ouvert ses paupières, préférant dans un premier temps prendre conscience de tout son être. Ses pieds ne touchaient pas le sol, et des liens serraient ses poignets, tirant sur les muscles de ses bras. Pour que la tension dans ses tissus soit si élevée, cela devait faire plus d’une heure qu’il était là, suspendu. Il déplia ses doigts un à un, lentement pour ne pas éveiller l’attention du monstre. D’ailleurs, il ne percevait pas le Wendigo, mais ses sens n’étaient sans doute pas suffisamment aiguisés pour l’affirmer avec certitude. Son rythme cardiaque restait calme et serein. Le Chasseur ne s’affolait que rarement. Ici, la situation n’était pas assez désespérée pour le faire paniquer : pendu dans ce qui devait être l’antre du Wendigo, quelque part au beau milieu d’un bois dont nul n’approchait… pas de quoi s’inquiéter. Finalement, il se décida à découvrir les lieux. Une faible lueur lunaire passait à travers un trou dans le plafond. Il découvrit qu’il était attaché à l’une des poutres de la charpente d’une vieille maison probablement abandonnée. Quoique « maison » fût un titre bien trop noble pour ces quatre murs. En réalité, il s’agissait plutôt d’une cabane de bûcheron. Deux possibilités s’ouvraient à l’esprit du Chasseur : ou le bûcheron avait été dévoré par la bête ou il était la bête. Les famines étaient monnaie courante, il n’était pas étonné de voir certains Humains emprunter la voie du cannibalisme. Il opterait naturellement vers la seconde solution pour justifier la transformation de cet homme. Sur sa gauche, dans un angle, le sol avait été creusé : la créature devait hiberner là et sa nourriture restait à sa portée. Il faisait trop sombre pour discerner tous les détails. Ce dont il était certain, c’était que le Wendigo n’était actuellement pas là. Peut-être surveillait-il les alentours… peut-être traquait-il une autre proie… peut-être… ce qui restait inévitable, était son retour à venir. Il contracta ses abdominaux, tout comme les muscles de ses bras, afin de rabattre brutalement ses jambes sur la corde qui les liait. L’animal n’avait pas été suffisamment intelligent pour lui ôter les pointes d’acier à l’extrémité de ses chaussures. Les lames se plantèrent dans la poutre, sectionnant la corde avant qu’il ne se décroche et chute au sol, sur le dos. — Aïe, souffla-t-il. Il coupa le dernier morceau de ficelle qui retenait ses poignets entre eux avant de se redresser. En posant sa main sur le sol, il toucha une substance visqueuse et épaisse. Il récupéra la boîte d’allumettes dans sa botte et en sacrifia une pour apercevoir la configuration des lieux de façon plus précise. Sa main avait trempé dans une flaque rouge ; cette essence vitale qui avait été répandue sur la terre en même temps que des morceaux de chair. Il en souleva un du bout des doigts et remarqua une partie d’un tatouage gravé au fer chaud sur la peau d’autrefois. C’était bien le cadavre après lequel il courait. L’odeur était presque irrespirable, mais encore une fois, il avait connu pire. L’allumette finit de se consumer. Il en alluma une autre. Il prit le temps de mémoriser les divers emplacements du corps. Quand la flamme disparut, il s’activa à rassembler les pièces du puzzle humain sous la poutre où il avait été attaché. Il commença par un bras, puis un morceau d’estomac… ou de foie, il n’était pas sûr. Quand ses doigts se refermèrent sur trois orteils recouverts de boyaux, il soupira en se disant que ces monstres étaient vraiment répugnants. Il récupéra, grâce au rayon lunaire, quelques bouts de bois sec et vieilli qu’il mélangea à la chair. Il prit sa petite bouteille d’alcool, la renifla hésitant à en prendre une gorgée. Finalement, il en déversa le contenu sur son entassement de déchets organiques et végétaux. Il remit sa fiole vide autour de ses chaussures, à sa place de départ. Il profita de ce moment de répit pour ranger les pointes dans le torchon de sa poche intérieure. Il recula, prenant quelques pas d’élan, et bondit sans réfléchir pour s’accrocher à la poutre. Il se hissa sur celle-ci, se stabilisa en équilibre dessus et attendit. Le Wendigo s’était nourri, il aurait dû avoir un premier corps en réserve et allait en ramener un second. Le Chasseur prépara les allumettes à ses côtés. La bête ne devrait pas tarder à rentrer. Plusieurs minutes s’écoulèrent. Il devint une véritable statue. Sa concentration ne pouvait être plus optimale. Si jamais il hésitait, si jamais il se trompait ou s’il manquait son coup, il signait un aller simple pour l’Enfer… et ce n’était pas qu’une simple formule dans son cas. Qu’y avait-il de pire que le royaume de Lucifer ? Il remarqua soudain que la nuit venait de se taire. Les animaux faisaient silence ; même les arbres ne chantaient plus le requiem du monde. Comme souvent ces dernières années, les ténèbres apportées par la dame Lune effrayaient le reste de l’Humanité… pas lui. À défaut d’être courageux, peut-être était-il fou, mais aujourd’hui, la folie était plus sage que la raison et la peur. Un grognement parvint à ses oreilles. Sa proie se rapprochait, et dans quelques secondes, elle serait là. Le Chasseur cessa de respirer. L’être arriva par le toit, par ce trou qui laissait passer la lumière naturelle. L’Humain ne cilla pas. Rien dans son attitude ne pouvait le trahir. La créature se redressa sur ses pattes arrière, autrefois des jambes. Sa peau s’était grisée, ses doigts considérablement allongés n’étaient que griffes mortelles. Ses oreilles avaient fusionné avec son crâne ; tandis qu’une crinière blanchâtre, partant du sommet de sa tête au bas de son dos, évoquant d’anciens cheveux, ajoutait à sa laideur. Il n’y avait pas de gras sur ce corps immonde, mais des muscles développés et fins. Sa gueule, car elle ne possédait plus rien d’une bouche, comportait des dents tranchantes, noircies par le temps et rougies par le sang. La viande humaine donnait de multiples pouvoirs… si dangereux et si répugnants. Le Wendigo s’approcha de l’amas de chair, puis envoya sa nouvelle capture évanouie au fond de la cabane. L’homme, immobile, attendait. L’ancien être humain se posa sur la viande sanglante, s’empara d’une partie du cadavre : une côte ou une épaule à moins que ce ne fût une partie du bassin. Il renifla le morceau. Bientôt, la créature gémit, grogna et secoua son visage, énervée par l’odeur qu’avait désormais sa nourriture. Maintenant, il devait agir maintenant. Il fit glisser l’allumette contre sa boîte tout en s’accordant de respirer à nouveau. L’animal leva brutalement la tête. Trop tard. Le Chasseur lâcha le bâton incandescent. Furieuse comme étonnée, la créature tendit ses griffes vers le Chasseur qui bondit, échappant également au feu. Le corps, avec l’alcool et le bois, s’était instantanément enflammé. Il n’y avait pas dix mille moyens de détruire un membre de l’espèce des Wendigowak : il fallait ou le brûler ou lui tirer une balle d’argent dans le corps. Or, excepté son poignard attaché à sa botte, le Chasseur n’avait pas de véritable autre arme sur lui. Par précaution, il dégaina tout de même sa courte lame. Le monstre s’extirpa en hurlant des flammes pour se jeter à sa gorge. Il roula sur le sol, passa sous l’être maléfique, se retourna pour lui planter la pointe tranchante dans le dos et descendre celle-ci le long de sa chair enflammée. La bête, enragée tout en étant meurtrie, fit violemment volte-face et lui donna un brusque, mais rapide, coup qui le projeta contre le mur, lui coupant le souffle. Son dos le faisait souffrir à présent. Mais c’était bientôt fini… Normalement. Les blessures faites avec l’arme en argent ne cicatrisaient pas, et les flammes léchaient directement l’intérieur du Wendigo. Cette créature qui hurlait à la mort tel un maudit Loup-garou. Le Chasseur se redressa avec une grimace tandis qu’au contraire, le Wendigo se retrouvait à terre. Son assassin, son implacable assassin s’avança, le toisant avec compassion. Il inclina légèrement la tête, fit un signe de croix avant de murmurer quelques paroles de bénédiction pour l’âme de cet Humain devenu vassal de Lucifer. Après tout, avant d’être un monstre, il était né enfant de Dieu. Jamais le Chasseur ne devait oublier ça. Tous ceux à qui il ôtait la vie n’étaient pas venus au monde dans le but de massacrer, de tuer et de dévorer. Il ne le lâcha pas des yeux, comme si cela pouvait aider son âme à trouver la paix et le repos. Les êtres de son espèce la possédaient-ils encore, cette âme ? Il n’était sûr de rien, mais voulait y croire. Si la mort était vraiment la fin de tout, alors ce monde n’avait aucun intérêt. Le Chasseur avait foi en quelque chose d’autre, en quelque chose de plus grand. Dans d’atroces souffrances, le monstre finit par mourir. Le Chasseur conserva un instant de silence avant de ramasser son poignard et s’avancer vers le corps de l’Humain à terre, encore inconscient. Il souleva délicatement sa tête, déboucha le flacon d’eau bénite qu’il porta aux lèvres du jeune garçon dans ses bras. — Allez, bois, ça te fera du bien. Lentement, cet être fragile reprenait ses esprits. Il eut un premier mouvement de recul paniqué, mais les bras forts du Chasseur le conservèrent contre lui. — Chut, calme-toi, tu n’as plus rien à craindre. — Où… Le monstre ? — Bois. Le garçon, d’environ dix-sept printemps, obéit, avalant quelques gorgées, remerciant son sauveur d’une voix faible. Le Chasseur observa attentivement le comportement de la frêle victime : il ne réagissait pas à l’eau bénite, ce n’était qu’un simple Humain. Il sourit. — Tu as été attaqué par un Wendigo, mais c’est fini maintenant. Ça va ? Tu n’as rien ? Tu vas réussir à te lever et marcher ? L’adolescent s’empressa de se redresser, mais le Chasseur préféra l’aider, dans un premier temps. Ce dernier remarqua alors qu’il n’avait plus son chapeau. Il avait dû le perdre… encore. On ne manquerait pas de le lui faire remarquer quand il rentrerait chez lui, tant pis. — Sortons d’ici. Le cadavre se décomposait rapidement, et les odeurs de putréfaction n’avaient rien de bien agréable. Déjà, des mouches étaient en train de pondre sur les plaies, des vers venaient s***r délicieusement sa peau, se délectant de la viande cuite, du pus sulfureux qui s’échappait de quelques endroits, sans parler de la ligne de fourmis qui était en train de lui rentrer dans la bouche. Le Chasseur avait toujours été impressionné de la rapidité avec laquelle ces bêtes s’installaient, mais au fil du temps, il avait compris : tout ceci n’avait rien de naturel. Quelqu’un… quelque chose les contrôlait, de loin, dans l’ombre. Le jeune Humain passa devant afin d’ouvrir la porte à son sauveur et les deux hommes s’aventurèrent dans la forêt. Aussitôt, l’air frais de la nuit les frappa avec douceur. C’était tellement mieux que ce qu’ils avaient pu respirer à l’intérieur. Au bout d’à peine une dizaine de mètres, le nouvel aventurier frissonnant ne put s’empêcher de demander : — Vous n’avez pas peur ? — Non. — Non, mais je veux dire, vous n’avez jamais peur ? — Non. — Et votre visage là, cette plaie, elle ne vous fait pas mal ? — Et tu poses toujours autant de questions aux gens qui te sauvent la vie ? — Vous tuez souvent ce genre de… choses ? Et… Oh ! Pardonnez ma curiosité. En fait, je vous suis redevable. Alors, merci beaucoup. Le Chasseur sourit, amusé par l’esprit vif et curieux du garçon. Cependant, ils étaient toujours dans la forêt et ils devaient conserver un maximum d’écoute en ces lieux démoniaques. Aucun d’eux ne prononça un mot ; l’adolescent, par crainte et respect, le Chasseur, car il se voulait discret sur un territoire de chasse. Ce ne fut qu’au lever du Soleil qu’ils quittèrent les arbres sinistres. Le tueur de monstres se détendit, s’autorisant ainsi à relâcher quelque peu son attention. — Tu ne m’as pas dit ton nom. Étonné, mais heureux qu’il lui adresse la parole, le jeune homme ne sut quoi répondre avant de se lancer : — Léo. Léo Tard. J’habitais dans un pays voisin, mais un jour des hommes de notre village se sont mis à devenir fous. Ils s’en sont pris à leurs propres familles, violant les femmes, égorgeant leurs enfants, pendant les vieillards. Au début, le fléau frappa un brave paysan récemment veuf. On crut que c’était la folie qui l’avait emporté, et il fut tué pour notre sécurité. Cependant, le malheur ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Et rapidement, nombreux furent les fous. Je me suis enfui ; je n’ai pas eu le choix. — Tu racontes toujours tout dès que l’on te demande ton nom ? — Je… Désolé. Le Chasseur éclata d’un rire joyeux, ce qu’il n’avait pas fait depuis longtemps, avant de passer sa main dans ses cheveux blonds. Tout en parlant, ils étaient parvenus à un petit village triste et endormi. Ils se rendirent dans une écurie, où l’homme récupéra son cheval avant de tendre les rênes à Léo, qui entrouvrit la bouche sans savoir quoi dire. Le Chasseur blond revint dans la bâtisse, déposa une bourse sur la table à l’intention du palefrenier, récupéra son matériel d’équitation et un sac imposant contenant ses armes. Une fois l’animal préparé, il équipa la selle avec des poignards, un fusil, des flacons d’eau bénite, et sur le flanc gauche, un sabre hachuré. Sans un regard pour Léo, il lui reprit les rênes et monta sur son destrier. Puis, il fit face à l’adolescent. — Alors, que comptes-tu faire maintenant, Léo ? — Eh bien je… je l’ignore. Le Chasseur lui tendit sa main. — Je me rends à Rome. Si tu sais te rendre utile, tu devrais parvenir à trouver travail et protection là-bas. Léo sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Sans hésitation, il serra la main de son sauveur qui lui permit de s’installer à l’arrière de la selle au moment où le bel étalon noir s’élançait dans le jour naissant. — Vous ne m’avez pas dit votre nom à vous. — Cal.
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD