VI Le réveil Ils étaient à cheval tous deux et galopaient à la lèvre des falaises, sur cette mélancolique plage normande qui a le don de faire rêver du passé. C’était le matin ; un matin de la mi-septembre, avec un soleil à l’horizon, dans une brume grisâtre et la mer moutonneuse au lointain. L’air était vif, presque froid ; la campagne déserte. En mer, quelques barques à voile échancrée dansaient sur la lame couronnée d’écume. Les cormorans rasaient les falaises, les mouettes jetaient dans l’espace leur cri plaintif et attristé. Juliette s’arrêta. Elle montait un joli cheval normand, – une manière de double poney noir, avec une étoile au front, et ses quatre pieds trempés dans le plâtre. Si la mer, à sa gauche, parlait de l’infini, une ferme entourée d’arbres, ceinte d’une prairi