N'étant pas médecin, comme il l'avait indiqué à sa cousine, Alekseï ne savait trop quoi faire de l'Alpha qui reposait à présent dans son lit. Il commença par faire des allers-retours entre sa chambre et la salle de bain pour lui baigner le visage et le cou à l'aide d'une éponge humide puis, en ayant assez de faire des va-et-vient, il prit une casserole dans sa cuisine qu'il remplit d'eau froide et de cubes de glace pour continuer son "traitement" mais ça ne paraissait pas très efficace. En tout état de cause, la fièvre ne semblait pas vouloir diminuer.
«Enlève lui ses hardes qui puent l'alcool pour commencer!» lui dit son loup.
— Tu veux que je déshabille l'Alpha? Ça va pas bien dans ta tête! s'exclama le chasseur.
«Arrête de hurler, tu vas la réveiller et elle a besoin de repos! Déshabille-toi aussi!»
— De mieux en mieux! grommela sa partie humaine.
«Il faut faire baisser sa température rapidement et le meilleur moyen pour ça, c'est de la faire transpirer en faisant du peau contre peau. Rappelle-toi de ce qui est arrivé à Jacob l'an dernier lorsqu'il s'est chopé sa fièvre!»
— C'est vrai. soupira le mâle en commençant à dévêtir la jeune femme.
Elle était aussi molle qu'une poupée de chiffon et il n'eut aucun mal à enlever le tablier, la chemise informe et le pantalon trop grand qu'elle portait. Vêtements qu'il reconnut comme étant ceux de sa mère d'ailleurs. Il lui laissa ses jolis dessous féminins qui étaient de très belle facture en plus de dessiner ses courbes avec avantage et se mit en devoir de passer l'éponge fraîche sur la moindre parcelle de peau dénudée.
Il n'aurait pas dû faire ça parce que ses pensées prirent rapidement un tour lubrique même s'il n'y avait normalement rien d'excitant à voir une femelle inconsciente cependant la jeune femme avait la peau si douce... C'est lui qui était fiévreux à présent et il eut du mal à garder le contrôle de ses mains lorsqu'il passa l'éponge entre les jambes de la jeune Alpha puis sur son buste. C'était de soins dont elle avait besoin, pas de mains baladeuses mais, par Freyja, son corps alangui était une véritable tentation pour lui.
Lorsqu'il eut terminé de rafraîchir le corps bouillant, il se déshabilla à son tour, ne gardant que son boxer avant de s'allonger près d'elle et de les recouvrir tous les deux d'un drap et d'une couette épaisse.
— Je vais mourir de chaud là-dessous. grommela-t-il.
«C'est pour la bonne cause! Tais-toi et dors, je te réveillerais si besoin.»
Ça allait être compliqué de s'endormir aussi facilement. D'accord, il était tard et il crevé par son voyage de retour qu'il avait avalé d'une traite en moins de trois heures alors qu'il était à plus de six cent kilomètres de la Meute quand le Bêta l'avait informé de "l'accident" de sa mère mais même entre ça et la tension nerveuse qui avait fini de l'épuiser lorsqu'il avait su qu'il ne s'agissait pas d'un accident mais d'une agression, il n'était pas prêt de s'endormir.
Il était couché contre le corps de la petite Arya qui ne ressemblait plus du tout à la gamine casse-cou, longiligne et garçon manqué qu'il avait connue autrefois et qui n'avait plus rien de petite non-plus d'ailleurs! Rya qui venait de provoquer une érection phénoménale sans même le vouloir. Après ce soir, il lui serait désormais impossible de penser à elle autrement qu'à demi-nue et blottie contre lui. Rya qui était désormais son Alpha!
«Détends-toi, elle ne va pas te manger!» se mit à rire son loup.
— Elle, peut-être pas mais moi...
Il ferma les yeux en essayant de faire abstraction des courbes féminines contre lui mais il fut soudain pris d'une bouffée de chaleur qui n'avait rien à voir avec l'épaisseur de la couette et tout à voir avec cette femelle à la peau trop douce et à l'odeur captivante. Elle sentait un mélange suave et sucré de monoï et de fleurs de frangipanier, ce qui était plutôt ironique quand on connaissait les origines nordiques de la demoiselle.
Il rouvrit les yeux pour ne plus l'imaginer à demi nue sur une plage tropicale mais elle était presque plus séduisante encore au naturel que dans son imaginaire malgré sa peau rougie par la fièvre et la transpiration qui commençait à suinter de chaque pore de sa peau. Il avait une furieuse envie de lécher chaque goutte de sueur qui perlait.
Il la positionna de telle façon qu'elle lui tourne le dos pour ne plus voir les deux globes qui pointaient dans sa direction et se cala contre son dos comme deux cuillères dans un tiroir.
Son érection devint carrément douloureuse mais il se força à penser à autre chose : l'image de sa mère dans son lit à la clinique réussit à le calmer suffisamment... du moins, au niveau de l'entrejambe car à présent, c'était son crâne qui menaçait d'exploser tellement il voulait retrouver les gars qui l'avaient mise dans cet état et finir ce qu'elle avait commencé.
La jeune femme dans son lit poussa un gémissement douloureux dans son sommeil qui le ramena à l'instant présent.
Pauvre Rya, devoir renoncer à son Âme-sœur était sans doute la pire chose au monde pour un métamorphe, il en savait quelque chose. Toutefois, si ce qu'avait dit Bailey était exact, alors elle avait bien fait de prendre cette décision et il espérait sincèrement que le mâle qui l'avait traitée comme une moins-que-rien souffrait encore plus qu'elle en ce moment.
Il caressa doucement les cheveux d'Arya, les décollant mèche par mèche de sa peau baignée de transpiration et glissa une main autour de sa taille pour la rapprocher de lui.
Elle se blottit inconsciemment dans cette étreinte pendant qu'il lui murmurait des encouragements parsemés de phrases réconfortantes dans le creux de l'oreille. Si la jeune femme ne l'entendait pas, sa louve percevrait inconsciemment ses mots, il le savait.
Finalement, épuisé, il s'endormit lui aussi.
Son loup le réveilla à l'aube, la femelle avait abondamment transpiré et sa fièvre avait fini par baisser légèrement. Alekseï la porta jusqu'au bureau où il l'allongea, emmitouflée dans la couette puis il changea les draps trempés pour de nouveaux, secs et frais, réinstalla la jeune femme dedans et sortit une nouvelle couette qu'il posa par-dessus. Puis il emmena la literie sale qu'il enfourna dans la machine à laver et sortit rapidement de son logis, poursuivi par l'odeur tropicale qui s'était accrochée à sa peau pendant la nuit.
Il aurait sans doute dû prendre une douche, surtout avant d'aller voir sa mère à la clinique mais il n'avait curieusement aucune envie de se débarrasser de cette odeur.
Il allait devoir se ressaisir, et vite. C'était bon pour les contes de fées les histoires du style "la princesse et le pauvre". Ils étaient peut-être amis d'enfance mais il n'y aurait rien d'autre entre eux, les femelles, il le savait bien, voulaient des mâles riches, puissants et hauts gradés, pas des chasseurs sans le sou!
C'est avec cette idée en tête qu'il fit un détour par les toilettes de la clinique pour ôter la fragrance qui lui collait à la peau avant de rejoindre une autre patiente : sa mère. Il réussit à faire abstraction d'Arya mentalement pour se concentrer sur la louve-garelle qui lui avait donné le jour mais, malheureusement, Dotty la remit rapidement au centre de leur conversation.
Les soignants, médecins comme infirmières, les interrompirent régulièrement pour changer les bandages de la femelle et lui remettre tout un tas de produits antiseptiques pour éviter que ses fractures ouvertes ne s'infectent mais ni Alekseï ni sa mère n'étaient dupes, il était évident que le personnel, en mal de ragots, cherchait surtout à savoir ce qui s'était passé la veille.
Dotty cependant, et étonnamment, n'en dit pas un mot en leur présence ce qu'Alek avait du mal à comprendre. Après tout, ce qui était arrivé était bon pour la réputation d'Arya, que sa mère semblait pourtant adorer. Mais quand il lui posa franchement la question, elle se referma aussitôt, lui disant que c'était l'ordre de son Alpha de n'en parler à personne, qu'elle avait fait une exception pour lui mais que lui aussi devait garder l'incident secret. Il promit mais ne comprenait pas en quoi taire l'affaire allait aider Arya. Quel bénéfice pouvait-elle tirer de ce secret?
Il ne resta pas longtemps avec sa mère mais lui promit de revenir bientôt. Il devait rentrer chez lui et s'assurer qu'Arya tenait le coup.
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