VI L’ombre tombait du ciel décoloré comme une pluie de cendres fines, enveloppait peu à peu les montagnes qui se découpaient encore en une ligne sinueuse à l’horizon. La lande approfondie par les buées crépusculaires semblait avec ses ondulations de verdures, son silence de solitude, sa nappe unie, un golfe paresseux où les barques dorment à l’ancre. Le croissant délié de la lune luisait très haut au milieu de quelques étoiles. Tous les bruits se fondaient en un monotone grésillement d’insectes où tintait, à intervalles pareils, la note brève des crapauds ainsi qu’une sonnerie de vieille horloge qui marque comme à regret la fuite des heures. Aucun souffle n’agitait les feuilles des frênes plantés le long du chemin. Les trois charrettes emplies de fougère se suivaient à la file comme un c