CHAPITRE V-3

1368 Words

une sorte de protestation, la sensation qu’on avait été dupé, dé- possédé de quelque chose à quoi on avait droit. Il était vrai que Winston ne se souvenait de rien qui fût très différent. À aucune époque dont il pût se souvenir avec préci- sion, il n’y avait eu tout à fait assez à manger. On n’avait jamais eu de chaussettes ou de sous-vêtements qui ne fussent pleins de trous. Le mobilier avait toujours été bosselé et branlant, les piè- ces insuffisamment chauffées, les rames de métro bondées, les maisons délabrées, le pain noir. Le thé était une rareté, le café avait un goût d’eau sale, les cigarettes étaient en nombre insuffi- sant. Rien n’était bon marché et abondant, à part le gin synthé- tique. Cet état de chose devenait plus pénible à mesure que le corps vieillissait mais, de toute f

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