Chapitre 36 : Les moments les plus sombres

1622 Words
"Les fleurs poussent dans les moments les plus sombres. - Corina Kent. Quand j'ai découvert ce que ma mère biologique avait fait à mon père, j'ai eu honte et pendant des mois, je n'ai pas pu le regarder au visage. J'ai cru que j'hériterais de sa noirceur et de son mal et je le crois encore. Lorsque j'ai découvert que mon père biologique avait renoncé à être reconnu comme mon père pour me donner une vie meilleure et qu'il avait donné sa vie pour la mienne, je ne me suis pas sentie digne de son sacrifice tant que je n'aurais pas pu me réconcilier avec lui, avec ses actes et avec sa mémoire. Le jour où Jade m'a dit qu'elle ne m'aimait pas et m'a rayé de sa vie, j'ai vécu des moments de profonde noirceur, j'ai failli abandonner tout ce que j'avais construit et pour lequel je m'étais battu. Je me suis lancé dans le monde de la bagarre pour évacuer ma colère et ne pas me retrouver avec d'autres personnes. Je me suis souvenue de la méchanceté et de la noirceur de ma mère biologique, mais seule la foi et l'amour inconditionnels de mes parents adoptifs et de mon frère acariâtre et Darling m'ont maintenue à flot. Mais aujourd'hui, à ce moment précis, j'ai l'impression qu'on m'arrache le cœur d'un seul coup. La douleur n'a jamais été aussi forte, profonde et déchirante. Mon âme souffre et j'ai l'impression que mon corps n'en peut plus et qu'il est difficile de respirer, comme si un poing s'appuyait fortement sur ma poitrine et mon ventre, serrant jusqu'à ce que je perde la raison. Cela ne fait que quelques secondes que Robert est sorti du bloc opératoire, mais j'ai l'impression d'avoir tout perdu. — Dr Meyers ? — J'entends une voix lointaine et je me dirige vers la porte de la salle d'opération, je veux la voir. — Jean, tu ne t'as pas encore fait examiner ta main ? — Le ton inquiet de la voix de Robert perce mon brouillard et je tourne mon regard vers lui. Pourquoi me parle-t-il de ma main ? — Je veux la voir — je parle fort, avec un ton autoritaire, un ton que je n'utilise pas souvent dans cet endroit, même si je suis le chef de la cardiologie. Jade est ma femme et je veux la voir. Quoi qu'il en coûte, je vais aller dans cette salle d'opération et je vais la voir. — Ta femme ? Bien sûr que tu peux la voir, mais laisse-moi m'occuper de ta main, tu ne peux pas la négliger, tu as des opérations programmées. — Je retire ma main et le regarde froidement. — Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? — Robert recule d'un pas en fronçant les sourcils. Je me retourne vers la porte du bloc et je vois Phillps sortir en fronçant les sourcils, il est accompagné de quelques infirmières et de l'anesthésiste. C'est le moment, je dois entrer maintenant et la voir avant qu'ils ne l'emmènent. Je me hâte et m'approche de la porte. — Bonsoir, Dr Meyers — L'accueil unifié de l'équipe chirurgicale rend ma douleur plus intense. Pourquoi me parlent-ils ainsi ? Ne savent-ils pas que c'est ma femme qu'ils viennent de perdre ? Je fais un pas vers la porte avant qu'elle ne se referme et le bruit dans ma tête s'arrête lorsque j'entends une voix douce et incertaine. — Jean ? Où vas-tu ? — Une forte sonnerie s'installe dans mes oreilles, mes pupilles se dilatent et ma gorge s'assèche. — Jade ? — Elle est devant moi, le visage hagard, assise dans un fauteuil roulant, avec un cathéter et une perfusion et une infirmière qui l'accompagne. — Ah Jade, désolé pour le dérangement. J'ai eu une urgence et c'est pour cela que nous ne vous avons pas fait entrer dans la chambre tout à l'heure, mais maintenant, c'est à vous de décider — Robert se tourne vers moi — Jade peut rester en observation quelques heures ou tu peux la prendre et la surveiller à la maison, nous lui avons donné de la céfazoline et elle a juste besoin de se reposer. — Je n'arrive pas à me concentrer, mais mon regard se perd dans le sien et je sais qu'elle veut quitter cet endroit et que je veux partir de la même façon. — Nous partons ! — Dis-je à Robert, ne parvenant pas à surmonter ma stupéfaction à l'idée que Jade soit morte, ce n'était que quelques minutes, ce qui a failli me tuer. — Bien sûr, mais pour l'instant, j'ai besoin que tu t'occupes de ta main. — J'acquiesce, je dis au revoir et je sors avec Jade. Nous quittons l'hôpital et nous dirigeons vers la rue Dalton, mes parents ont une suite dans le meilleur hôtel de la région. — Ils nous suivent — me dit Jéremie, ce qui est tout à fait normal, Cienfuegos a dû imaginer que nous emmènerions Jade dans mon hôpital. — Qu'ils nous suivent, nous n'allons pas rester longtemps à l'hôtel, nous allons juste organiser les choses — Le fait que nos parents s'impliquent et nous aident et réconfortant, nous allons sûrement réussir à mettre fin à la menace de Cienfuegos et très bientôt. — Jean, il faut que tu t'occupes de ta vie — Jade est adossée au lit d'une des chambres de la suite, on nous a laissés seuls pour décider de ce que nous allions faire. — Qu'est-ce que tu racontes ? — Je demande en m'approchant du lit et en m'asseyant à côté d'elle. — Tu ne te rends pas compte de ce qui se passe ? Cienfuegos est mon problème et mes parents vont sûrement m'aider à le résoudre, tu n'as rien à faire ici, regarde ta main, ils l'ont presque détruite et au cas où tu ne t'en souviendrais pas, tu es chirurgien, il y a beaucoup de gens qui attendent que tu les opères. — Elle tousse un peu à la fin de sa phrase, elle a beaucoup parlé et de manière agitée. — Repose-toi, Jade, je m'en occupe. — Je lui dis et je me lève et je sens tout de suite sa main sur mon poignet, et j'ai l'impression que ça brûle à l'endroit du contact. — Pendant deux ans je n'ai pas eu besoin de ton aide et je t'assure que je n'en ai pas besoin maintenant, continue ta vie de célibataire, b***e toutes les femmes qui tu veux, et laisse-moi tranquille — Ses mots me font extrêmement mal, je ne peux pas croire qu'après ce que j'ai fait pour elle, elle me mépriserait encore comme ça. — Je vais aller voir mes parents, toi continue ta vie — Jade ferme les yeux, me laissant comprendre que la conversation est terminée, mais la colère monte et bouillonne en moi. Elle a lâché mon poignet. Je m'arrête et la fixe un instant, m'assois sur le côté du lit et me penche sur son corps, posant mes mains de part et d'autre. Elle tourne son visage vers le mur et je prends son menton entre mes doigts. Je ne vais pas la laisser me blesser à nouveau comme elle l'a fait il y a deux ans. — Regarde-moi ! — Je lui ordonne et je sens son souffle coupé, je sais que je ne peux pas exercer trop de pression, elle est en train de récupérer — Ta tension est montée, on est de retour à la case départ — je chuchote. — Jean, tu ne peux pas me forcer à t'accepter — me dit-elle en essayant de détourner à nouveau le regard, ce qui ne me dérange pas, alors je continue à exercer une pression sur son menton. — Il y a deux ans, tu as failli me détruire et je ne te laisserai pas faire maintenant, Jade — Malgré son refus et l'immense désir que j'ai d'en finir avec tout, ses lèvres sont une immense tentation et surtout en ce moment, où je peux sentir son désir dans chaque sueur, dans ses pupilles dilatées et dans les battements de son cœur — Peu importe ce que tu dis Jade, ou le temps que cela prendra, tu es et tu resteras à moi. — Elle ferme les yeux et soupire. — Jean, s'il te plaît. — Je lui caresse doucement la joue et approche mon visage du sien. — S'il te plaît quoi, Jade ? — Mon regard s'attarde sur ses lèvres. — Va-t'en, Jean ! — Me demande-t-elle dans un murmure, et je décide que l'amour n'est pas quelque chose que l'on peut implorer, alors j'acquiesce et je me prépare à la laisser seule. Cependant, avant que je ne cesse de la regarder, elle tire sur mon cou, emmêlant sa main délicate dans mes cheveux, et ses lèvres s'emparent des miennes. Je sens l'hésitation dans son b****r et la peur mêlée au désir. Je ne peux pas l'embrasser comme je le voudrais, alors je lui donne tendrement toute ma personne, au risque de me blesser le cœur à nouveau. Nos fronts se rencontrent, nous respirons à peine et nous nous regardons intensément. — S'il te plaît, Jean — Ses yeux me supplient et je réalise que, contrairement à mes souhaits, Jade veut et a besoin d'être seule pour se rétablir. — Je vais partir, Jade. Mais ce ne sera pas pour longtemps, tu as beaucoup de choses à m'expliquer et tu es toujours ma femme. — Je me lève et quitte sa chambre. Je frappe le mur de frustration. m***e ! Mon père s'est occupé de trouver un endroit où Jade pourra se reposer et se rétablir, avec les meilleures mesures sanitaires, et ses parents sont restés avec elle.
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