Chapitre 19 : Le temps s'écoule II

1521 Words
Je n'en crois pas mes yeux lorsque je vois les parents de Thym entrer dans mon appartement. Je ne savais pas qu'ils avaient des clés. — Bonjour, ma chère. Thym nous a prêté les clés — me dit Rita en souriant tristement à Jean — Chéri — Sa voix est triste. On dirait qu'elle aime beaucoup Jean. C'est moi qui ai fait ça ? — Tante Rita — Jean la salue de loin avec une expression froide — Oncle Bastien — En l'écoutant, je me souviens du jour de la fête chez ses parents, il avait l'air si calme et insouciant à côté d'eux et aujourd'hui, je ne ressens que de la tension. M. Bastien baisse la tête et me chuchote à l'oreille. — Il faut que je te parle, Jade. — Je hoche la tête. Tout le monde dans la salle continue de parler, alors je me dirige avec M. Bastien vers mon bureau. — Ce n'est pas bon, ma petite fille, nous ne savons pas quand Thym retrouvera la mémoire et Jean doit rentrer aux États-Unis, ses parents sont très inquiets. Tu dois convaincre Jean de reprendre son travail et ses études. Il a des interventions chirurgicales importantes prévues. — Il me dit et je le regarde fixement. Je ne peux pas choisir pour Jean, ils le connaissent mieux que moi, ce n'est pas facile de le convaincre. —Vous m'avez dit vous-même que vous feriez tout pour que Thym aille bien et juste parce que je me sens coupable, j'ai supposé que j'étais sa femme et maintenant vous me dites que je dois faire partir Jean ? — Je demande, intriguée et furieuse, je ne sais pas ce que cet homme pense qu'il est. — Pensez-vous que je suis comme des pierres ? Je suis désolée monsieur et je suis fatiguée de prétendre ce que je ne suis pas — J'élève la voix et puis je me souviens que tout le monde est dehors — Je suis fatiguée de briser le cœur de Jean, je le détruis et je ne vais pas recommencer — Je sors de la pièce au moment où Mme Rita arrive et court vers son mari en l'entendant crier. — Bon sang ! — Je me fige à son cri. — Pauvre fille ! Je ne sais plus quoi lui dire pour nous aider — Qu'est-ce que lui raconte ? Je leur ai donné toute l'aide que je pouvais leur apporter, j'ai même dépassé le cadre du bien-être de Jean et du mien. — Bastien, ce qui s'est passé a été très difficile pour nous tous, mais je suis sûre que Thym retrouvera bientôt la mémoire — Rita est une personne très calme et essaie de le calmer. — Tu te rends compte de ce que je suis devenu ? J'ai menacé cette fille pour le bien de notre fils, mais en retour, Jean est en train de détruire sa vie professionnelle et sa vie tout court. Luka et Gia ne savent pas quoi faire de lui, il a bu, il s'est battu dans la rue, il a failli tomber chez ses parents, tu imagines s'il s'était cassé la main ? C'est mon neveu adoré, le fils d'Enzo, et je suis là pour le regarder souffrir, parce que je suis un père. — J'entends la douleur dans les mots de M. Bastien. Je n'aurais jamais cru qu'il puisse ressentir cela. — Chéri, il faut que tu te calmes — Rita lui parle à nouveau doucement. — Comment veux-tu que je me calme ? Le médecin n'a aucune idée de la durée de la perte de mémoire de Thym et ne cesse de lui conseiller d'y aller lentement et de ne pas lui créer de traumatisme, et d'un autre côté, mon neveu est en train de gâcher sa carrière. Cette semaine, il a subi trois opérations chirurgicales et Gia a dû faire des pieds et des mains pour les reprogrammer, et Jean a simplement dit qu'il voulait retrouver sa femme et que tant que ce ne serait pas le cas, il ne reviendrait pas aux États-Unis. Il peut être considéré comme le plus jeune chirurgien à cœur ouvert de ce pays et tout ce qu'il a à faire, ce sont ces opérations et il s'avère qu'il ne veut pas voyager, qu'il ne veut pas les faire parce que Jade est ici. Cela a toujours été son p****n de rêve ! Et à cause de moi, il va le perdre — M. Bastien a l'air fatigué et je sens mon cœur frémir en entendant tout ce qui se passe. — Ce n'est pas ta faute, mon chèri. Ce sont les circonstances, tu as fait ce que tu pouvais — Lui répond sa femme, qui apparemment ne sait plus quoi lui dire. — C'est le fils d'Enzo, je détruis la vie du fils de mon petit frère mort, la vie de son fils que j'ai juré de protéger — J'entends sa voix tremblante et j'arrive enfin à bouger, je passe devant tous les invités et je sors de la maison. — Jade ! Où vas-tu ? Ton manteau ! — J'entends la voix de Thym avant de claquer la porte. Je dois quitter cet endroit, je n'en peux plus. Tout est ma faute, je n'aurais pas dû laisser Thym m'embrasser lorsque nous nous sommes revus et que je lui ai avoué que je ne l'aimais pas et que j'avais épousé son cousin, lorsque Jean est arrivé chez mes parents et qu'il a frappé Thym sans pouvoir se contrôler. Je sors de l'immeuble, le vent fort et le froid me font frissonner. Je continue à marcher jusqu'à la Seine, je descends et continue à marcher le long de son quai, il y a très peu de monde, le vent est de plus en plus fort, je me serre contre moi et soudain, je sens un manteau épais qui me recouvre les épaules. Je me retourne et mes yeux se remplissent de larmes quand je vois Jean devant moi, je serre son corps, mes mains se glissent entre sa veste et son pull, j'ai besoin de le toucher, car après ce que je vais faire, je ne sais pas si j'en aurai le droit. — Ma précieuse épouse, parfois le fardeau est plus lourd qu'on ne le pense. — Je lève les yeux et je presse mes mains contre son dos chaud, j'approche mes lèvres des siennes et je me perds dans son nouveau goût d'alcool et de café. Je l'embrasse avec tout mon amour et toute ma passion, en espérant que mon b****r lui en dira plus que mille mots. J'ai l'impression que le temps m'échappe et que notre vie en tant que M. et Mme Meyers est terminée avant même d'avoir commencé. Je retiens mes larmes, je dois être convaincante, je dois faire partir Jean et réaliser son rêve, j'ai découvert son amour, mais j'ai eu tort d'attendre si longtemps pour mettre fin à une relation qui n'allait nulle part, maintenant, je dois en assumer les conséquences. — Jean, je ne veux plus te revoir — Ses mains qui me tenaient fermement s'éloignent. — De quoi tu parles, hier, tu m'as mis à la porte de ta maison et aujourd'hui tu me mets à la porte de ta vie ? — Me demande-t-il en serrant les dents et en fronçant les sourcils, essayant de contrôler sa colère. — J'ai eu tort, je suis désolé. Mais je voulais juste échapper à ma vie et à la routine, c'est tout ce que c'était ; une évasion et je pensais que tout cela était très romantique ; le château, la moto, toi. Même l'e********t me semblait romantique. Mais ce n'était que ça, un peu de romantisme pour une femme habituée à voir les choses les plus laides de la vie. — Je ferme les yeux, je sens qu'il s'éloigne, bien plus froid que le vent qui souffle fort. — Ce n'est pas ce que ton regard m'a dit il y a trois ans, ni le jour de notre mariage, et encore moins hier quand j'étais à nouveau enfouie dans ton corps. — Je déglutis difficilement et souris. — J'ai vécu si longtemps dans les fausses sensations que les simuler avec quelqu'un que je ne connais pas n'est pas compliqué. — Je n'ai aucune idée de ce que je dis, j'espère juste que Jean décidera de retourner aux États-Unis et de faire ces opérations. Je trouverai un moyen de le récupérer si, à la fin de tout cela, il en reste encore. — J'espère que le temps ne t'échappera pas quand tu pourras enfin les vivre dans la réalité. — Jean se retourne et commence à marcher. — Tu vas me demander le divorce ? — Je lui crie par-dessus le bruit du vent. — Tu n'existes plus pour moi, Jade. Fais ce que tu veux — Sa voix se perd dans le bruit du vent, tout comme sa silhouette. Je me laisse tomber sur le sol de la jetée et pleure de désespoir. Je n'aurais jamais cru que montrer à quel point on aime quelqu'un pouvait faire autant de mal.
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