Une seule idée nous soutenait, c’est que nous voguerions bientôt vers l’île de France. Mais, en attendant, nous croisions toujours, cherchant un vaisseau dont la capture récompenserait nos fatigues, quand le scorbut et la gangrène se déclarèrent à bord avec violence. Ce fut alors un spectacle bien autrement affreux que celui de la bataille. Tous les jours, au lever du soleil, on transportait sur le pont les malades pour leur faire respirer l’air. C’était hideux à voir, ces malheureux, pâles comme des cadavres, maigres comme des squelettes et brisés par la douleur, n’ayant plus la force de se plaindre et attendant avec impatience l’heure de la délivrance ou de la mort. Mais notre capitaine avait des ordres, il devait s’y conformer, et je vous laisse à penser ce que cet homme si bon devait