Voilà cette ville telle qu’elle m’est apparue et telle que nous l’ont dépeinte nos officiers. La flotte russe s’obstinant à ne pas sortir de Sébastopol, nous en fûmes réduits à bloquer le port et à faire la chasse aux bâtiments de commerce russes, en attendant de nouveaux ordres. Mais le temps, qui avait été jusque-là convenable, se couvrit de brumes très épaisses, et dès lors nos évolutions devinrent impossibles. C’est une nuit perpétuelle qui lie nos vaisseaux immobiles et enchaînés. On ne manœuvre qu’au son de la cloche et du clairon pour éviter les abordages, et le canon porte dans l’obscurité les ordres de nos commandants. Cette croisière de brouillards devait être fatale à la frégate le Tiger, un des plus intrépides éclaireurs de la flotte anglaise. Égarée dans la brume, elle se mi