XVII La lecture Édouard dit un jour à son frère : – Tu ne sais pas une chose, c’est qu’avec tous ces travaux manuels, nous nous sommes furieusement abrutis. – C’est bien possible, approuva Lucien. – Depuis bien des jours, nous n’avons pensé à rien, ni parlé d’autres choses que de pots, soupière et marmite. Puisque heureusement Antoine nous a laissé quelques livres, il est temps d’y avoir recours. La lecture débarbouillera notre esprit de toutes ces pensées de cuisine, et lui rendra sa lucidité première. – Oui, comme lorsque, sur le plateau, nous tenions de jolies conversations sur les perspectives nouvelles et merveilleuses qui nous entouraient. – Justement. – Du reste, il n’y a pas de temps de perdu. Tu sais que les livres étaient restés tout humides du contact de la neige, et que