XII Le désert de glace Le jour allait finir. Le terrible fléau des Alpes, l’avalanche, avait fourni son cours, accompli son œuvre de destruction ; le sol et l’atmosphère étaient revenus à leur nature habituelle. Pourtant, dans cette zone de la montagne d’Argentières, toutes les voies étaient coupées et entièrement interceptées par les masses de neige éboulées et maintenant immobiles. Édouard et Lucien, les deux fils du comte de Laverny, étaient forcément restés réfugiés dans cette grotte de rochers que le guide leur avait donnée pour abri. Ils ne savaient rien du sort de leur père ni de son brave compagnon, de ce digne Antoine qui, n’ayant pu sauver le voyageur confié à ses soins, plutôt que de l’abandonner, s’était perdu avec lui. Ces enfants étaient dans la situation la plus excep