XIXRarahu possédait un chat d’une grande laideur, – en qui se résumaient avant mon arrivée ses plus chères affections.
Les chats sont bêtes de luxe en Océanie, et pourtant leur race est là-bas tout à fait manquée. – Ceux qui arrivent d’Europe font souche, et sont fort recherchés.
Celui de Rarahu était une grande bête efflanquée, haute sur pattes, qui passait ses jours à dormir le ventre au soleil, ou à manger des languerottes bleues. Il s’appelait Turiri. – Ses oreilles droites étaient percées à leurs extrémités, et ornées de petits glands de soie, suivant la mode des chats de Tahiti. Cette coiffure complétait d’une manière très comique ce minois de chat, déjà fort extraordinaire par lui-même.
Il s’enhardissait jusqu’à suivre sa maîtresse au bain, et passait de longues heures avec nous, étendu dans des poses nonchalantes.
Rarahu lui prodiguait les noms les plus tendres, – tels que : « Ma petite chose très chérie » – et « mon petit cœur » (ta ú mea iti here rahi) et (ta ú mafatu iti).