Le lendemain matin, Éléa se rendit au bureau, prête à affronter une nouvelle journée intense. Les tâches à accomplir pour le projet semblaient infinies, et la collaboration avec Alexandre ne laissait guère de place aux pauses. Entre les dossiers à examiner, les contacts à gérer et les ajustements nécessaires, elle devait constamment naviguer entre ses propres émotions et le professionnalisme attendu.
Alors qu'ils étaient tous deux plongés dans leurs tâches, un léger bruit se fit entendre derrière eux. Éléa leva les yeux, découvrant Sophie, resplendissante, un panier-repas à la main. Sophie s’approcha d’Alexandre avec un sourire rayonnant et l’embrassa longuement, sans remarquer la présence d’Éléa, qui détourna rapidement le regard. Mais Alexandre, sans pouvoir s'en empêcher, jeta un coup d'œil vers Éléa, visiblement gêné.
— Oh, Éléa ! s’exclama Sophie d’un ton enjoué. Je ne t’avais pas vue. J'ai apporté le déjeuner d’Alexandre, je me suis dit qu’il n’aurait pas le temps aujourd’hui.
Éléa força un sourire. La scène lui rappela cruellement sa position en marge de ce couple, et l’inconfort qu’elle éprouvait devint difficile à dissimuler.
— Je vais vous laisser déjeuner, murmura-t-elle, prête à sortir pour leur laisser un moment d’intimité.
Alors qu’elle quittait la pièce, Éléa perçut le murmure tendre de Sophie à l'oreille d’Alexandre, comme un rappel du lien fort entre eux. En arrivant à la cafétéria, elle essaya de se distraire en consultant son téléphone. Un message de Katie, une amie de longue date, apparut à l’écran, réveillant en elle un sentiment de réconfort.
Quelques instants plus tard, son téléphone sonna.
— Éléa ! Ça fait tellement longtemps ! Tu me manques, lança Katie avec enthousiasme.
— Moi aussi ! C'est bon de t’entendre, répondit Éléa avec sincérité.
Katie proposa alors de sortir dans un nouveau bar lounge pour se retrouver.
— Allez, ce sera notre soirée, dit Katie. Sors un peu, ça te changera les idées.
Éléa accepta avec plaisir, reconnaissante de cette occasion de s’évader de ses pensées et des tensions du bureau.
Plus tard, après une rapide pause déjeuner, Éléa retourna au bureau d’Alexandre pour continuer leur travail. En arrivant, elle découvrit Sophie, toujours là, assise sur les genoux d’Alexandre, dans une complicité qui la mit mal à l’aise. Elle fit semblant de tousser, espérant ainsi attirer discrètement leur attention. Alexandre, un peu embarrassé, aida Sophie à se lever et fit mine de reprendre le travail, mais Sophie ne semblait pas prête à partir.
— Je reste juste un peu, dit Sophie avec un sourire. C’est agréable d’être ici avec toi.
Éléa tenta de rester concentrée sur ses documents, bien que la présence de Sophie rende l'atmosphère étouffante. Après quelques minutes, Alexandre, notant l'inconfort d’Éléa, invita Sophie à les laisser travailler.
— On se voit ce soir, d’accord ? lui murmura-t-il, en la raccompagnant gentiment vers la porte.
Une fois Sophie partie, Éléa reprit son travail, mais elle sentait le regard d’Alexandre sur elle, presque insistant. Elle décida d’ignorer cette attention, plongeant dans leurs tâches communes avec une détermination nouvelle.
La fin de la journée arriva enfin, et Éléa rentra chez elle pour se préparer à sa soirée avec Katie. Elle enfila une robe d’un rouge profond qui accentuait son teint, ajoutant une touche de maquillage sophistiqué et un léger parfum floral. Elle se regarda dans le miroir, se promettant de profiter pleinement de la soirée pour oublier les difficultés de la journée.
Elle retrouva Katie au bar lounge L’Éclipse, un lieu chic et feutré aux lumières tamisées, où régnait une ambiance de détente parfaite. Katie, vêtue d’une élégante robe noire, la rejoignit avec un large sourire.
— Waouh, tu es resplendissante ! s'exclama Katie.
— Merci, toi aussi ! répondit Éléa, souriante.
Les deux amies s’installèrent à une table et commandèrent des cocktails aux couleurs vibrantes. Elles trinquèrent à leurs retrouvailles, puis se lancèrent dans une conversation joyeuse, partageant anecdotes et souvenirs d’antan. Éléa se sentait revivre, heureuse de retrouver cette complicité sincère.
Alors que la soirée avançait, Katie jeta un regard complice vers Éléa.
— Dis-moi, tu as remarqué cet homme qui te regarde depuis un moment ?
Intriguée, Éléa tourna la tête et son cœur s’emballa en reconnaissant Alexandre, installé à une table non loin, entouré de quelques amis. Elle détourna rapidement les yeux, résolue à ne pas se laisser troubler par sa présence. Alexandre avait fait son choix, alors pourquoi continuait-il à la suivre du regard ?
— Oh, juste un client, répondit-elle à Katie, feignant l’indifférence.
Les deux amies reprirent leur conversation, et Éléa s’efforça d’ignorer l’intrusion d’Alexandre dans sa soirée. Elle se plongea dans le moment présent, riant aux éclats avec Katie, jusqu’à ce qu’une chanson familière se mette à résonner dans la salle : Dancing Queen d’ABBA. Un sourire de connivence se dessina sur leurs lèvres.
Ce morceau évoquait tant de souvenirs de leur jeunesse, lorsqu’elles dansaient ensemble dans leur petite chambre d’étudiantes. Sans hésiter, elles échangèrent un regard complice et se dirigèrent vers la piste de danse.
Sur la piste, elles retrouvèrent leur énergie d’autrefois, riant, chantant et improvisant des pas de danse maladroits mais sincères. Le monde autour d’elles s’effaçait, laissant place à la simple joie de vivre le moment présent. Éléa, emportée par la musique et les rires, avait réussi, pour quelques instants, à oublier tout le reste.
Mais, au fond d’elle, elle ressentait toujours ce regard posé sur elle, un regard lourd, qui semblait vouloir percer ses pensées. Alexandre continuait de l’observer avec insistance. Pourquoi ? se demandait-elle. Il avait fait le choix de rester avec Sophie. Il avait mis fin à leur histoire sans hésitation, alors pourquoi ne pouvait-il pas détourner les yeux, la laisser en paix ?
La soirée continua, et bien qu’Éléa ait tenté de faire abstraction de la présence d’Alexandre, son esprit était troublé. Elle se sentait épiée, comme si cette soirée était devenue un jeu de regards silencieux, de tension implicite.