Eléa ne cessait de repenser à la scène qui s’était déroulée dans la salle de conférence. Tout, de la manière dont Alexandre l’avait regardée, à la douceur de son effleurement, lui semblait irréel, mais pourtant brûlant de vérité. Alors qu’elle marchait dans les rues de Paris après avoir quitté le bureau ce soir-là, le monde autour d’elle semblait flou, ses pensées étant fixées sur un seul point :
Elle savait que chaque instant qu’ils passaient ensemble, chaque mot échangé, les rapprochait un peu plus de cette frontière interdite qu’ils s’étaient jurés de ne pas franchir. Mais cette limite semblait s’éloigner à chaque fois qu’ils se retrouvaient seuls. Et maintenant, Eléa se demandait si elle avait encore la force de résister.
Le lendemain matin, Eléa arriva tôt au bureau, espérant se concentrer sur son travail avant que la journée ne devienne trop mouvementée. Mais en entrant dans le hall de la tour, elle aperçut quelque chose qui la glaça sur place : Sophie Zervaine, la femme d’Alexandre, se tenait près de l’accueil, discutant avec l’une des assistantes.
Sophie était toujours aussi belle, aussi impeccable dans son tailleur chic, mais cette fois, elle semblait différente. Il y avait une certaine intensité dans son regard, une froideur plus marquée qu’à l’accoutumée. Eléa essaya de rester discrète, se dirigeant rapidement vers l’ascenseur, mais elle sentit le regard de Sophie se poser sur elle. Ce fut bref, à peine un instant, mais assez pour faire naître une vague de panique en elle.
La présence de Sophie était un rappel brutal de la réalité. Alexandre était marié, et peu importe ce qu’il ressentait pour Eléa, il appartenait à une autre. À cet instant, Eléa se promit de ne plus céder à cette tentation, de garder ses distances. Mais cette résolution se fissurait à chaque pensée qui revenait vers Alexandre.
À la mi-journée, alors qu’Eléa s’apprêtait à quitter son bureau pour une réunion, elle reçut un message sur son téléphone. C’était un numéro qu’elle connaissait bien : Alexandre.
"Peux-tu me rejoindre dans mon bureau après la réunion ? J’ai besoin de te parler."
Son cœur s’emballa immédiatement. Elle savait que ce n’était pas juste une question de travail. Chaque fois qu’ils se retrouvaient seuls, la tension devenait de plus en plus difficile à ignorer. Mais elle ne pouvait pas refuser. Elle savait qu’il y avait quelque chose d’inachevé entre eux, quelque chose qu’ils ne pouvaient plus simplement mettre de côté.
La réunion se déroula sans incident, mais l’esprit d’Eléa n’y était pas. Ses pensées étaient tournées vers Alexandre et ce moment à venir. À la fin de la réunion, elle se dirigea vers le bureau d’Alexandre, essayant de calmer les battements de son cœur. Elle frappa doucement à la porte, et la voix familière de son patron l'invita à entrer.
En entrant, elle trouva Alexandre seul, assis derrière son bureau, son regard sombre et intense fixé sur elle. Il ne se leva pas cette fois. Au lieu de cela, il lui fit signe de s’asseoir en face de lui, ce qu’elle fit, même si chaque fibre de son être lui criait de s’enfuir.
— Merci d’être venue, commença-t-il, la voix plus douce qu’elle ne l’avait entendue depuis des jours.
Eléa resta silencieuse, attendant qu’il continue.
— Je... je ne sais pas par où commencer, reprit-il en se passant une main dans les cheveux, signe évident de son trouble. Il y a tellement de choses que je veux te dire, mais je sais que je ne devrais pas.
Il marqua une pause, puis se leva finalement, marchant lentement vers la fenêtre, le dos tourné à elle.
— Je suis piégé, Eléa. Chaque jour, je me bats contre ce que je ressens, mais je perds. Et ce n’est pas juste pour toi. Ce n’est pas juste pour Sophie.
Le nom de sa femme résonna dans la pièce comme un coup de poing. Eléa serra les mains sur ses genoux, essayant de garder son calme. Alexandre se retourna enfin, et cette fois, il s’approcha d’elle, son regard plus intense que jamais.
— Je ne peux pas continuer ainsi, murmura-t-il. Je suis déchiré entre ce que je ressens pour toi et ce que je dois à Sophie. Mais chaque fois que je te vois, c’est comme si tout s’effaçait, comme si tu étais la seule chose qui comptait.
Ces mots, prononcés avec une telle sincérité, firent basculer Eléa dans un tourbillon d’émotions. Elle savait que c’était mal. Elle savait que cet homme appartenait à une autre femme, mais à cet instant, tout ce qu’elle ressentait, c’était le poids de son désir pour lui.
Elle se leva brusquement, s’éloignant de lui.
— Je ne peux pas, Alexandre. Nous ne pouvons pas. C’est... c’est trop dangereux, balbutia-t-elle.
Mais avant qu’elle ne puisse aller plus loin, Alexandre la rattrapa. Son bras frôla le sien, et cette simple proximité suffit à briser les dernières défenses d’Eléa. Ils se retrouvèrent face à face, si proches que leurs souffles se mêlaient. Elle pouvait voir la lutte dans ses yeux, mais elle savait qu’il ressentait la même chose qu’elle.
Sans un mot de plus, Alexandre posa une main sur sa joue, et avant qu’elle ne puisse protester, il l’embrassa. Ce b****r, qu’ils avaient tous les deux tenté d’éviter depuis si longtemps, explosa avec une intensité qu’Eléa n’avait jamais connue. C’était comme si tout ce qu’ils avaient refoulé, tout ce qu’ils avaient nié, éclatait enfin à la surface.
Eléa se laissa emporter par l’instant, oubliant tout le reste. Oubliant Sophie. Oubliant le monde extérieur. Il n’y avait plus qu’eux, dans cette bulle de désir et de passion. Leurs corps se rapprochèrent encore, et pour la première fois, Eléa cessa de lutter contre ce qu’elle ressentait.