Chapitre 3-1

3015 Words
Chapitre 3 Aquiri avait mal dormi. Bizarrement, l'ambiance blanche et immaculée du château n'exerçait plus le même effet euphorisant sur elle que précédemment. Assise sur son lit, les pensées embrouillées, elle tentait désespérément d'éclaircir les sentiments qu'elle éprouvait. Levant les yeux, elle surprit son reflet dans le miroir. Elle, qui avait passé tant de temps à se mirer et s'admirer, négligeait à présent de jeter un coup d'œil à ses traits harmonieux et à son irréprochable silhouette. Aurait-elle oublié à quel point sa beauté avait incarné son désir le plus profond ? S'approchant de la glace, elle scruta chaque détail de son anatomie avant de dessiner du bout de ses doigts le contour de son visage. Elle était superbe, sans le moindre défaut, excepté ses iris noirs, mais, après tout, ils n'étaient qu'une vétille dans une apparence parfaite. Elle pencha légèrement la tête sur le côté tout en épiant la grâce de son mouvement et la composition élégante de son attitude. Elle était devenue la femme dont elle avait tant rêvé, serait bientôt sacrée impératrice de la plus grande des nations et, pourtant, toute jubilation intérieure semblait l'avoir désertée. Elle avait cru qu'accéder à ce rang achèverait de la combler et s'apercevait avec détresse qu'il n'en était rien ; son cœur se remplissait chaque jour d'un peu plus de désillusions. Ainsi, Césarus perdait peu à peu son aura au point qu'elle remettait en cause sa capacité à sortir victorieux de ses futurs combats, d'autant plus qu'il venait de subir deux échecs cuisants, coup sur coup, sa mère l'avait affirmé ! De plus, sa propre réaction face à de telles déconvenues aurait été immédiate. Sans réfléchir, elle aurait bondi sur ses ennemis pour leur faire payer le prix fort, alors que lui, presque indolent, s'était contenté de tempêter entre les murs de son château. Après tout, peut-être préparait-il, dans le silence de son esprit, une vengeance à la hauteur de sa puissance, mais, étrangement, une part d'elle-même en doutait… Et puis, cette ascendance imprévue qui jetait une ombre désagréable sur son prochain mariage lui déplaisait à tout point de vue… Se remémorant la façon dont cette femme avait parlé à son enfant, sa colère enfla. Chaque mot prononcé par sa bouche résonnait comme une injure personnelle. Son sentiment d'indignation n'aurait pas été plus intense si les reproches lui avaient été directement adressés. De quel droit cette mère s'exprimait-elle ainsi envers son fils ? Aquiri avait détesté le mépris qui transparaissait dans sa voix. Elle savait trop bien combien les jugements sévères et injustes pouvaient blesser et comment l'arrogance des autres vous détruisait jour après jour. L'absence d'amour de vos parents, leur évidente gêne de vous avoir comme descendant fonctionnaient comme une aiguille qui vous transperçait le cœur un peu plus loin chaque fois. Pauvre Césarus… Emplie de compassion pour l'empereur, Aquiri éprouva l'envie de le réconforter. Commençant sa recherche par les appartements de ce dernier, elle poursuivit dans l'amphithéâtre de pierre, songeant qu'il aurait pu se calmer en y pratiquant quelques tortures, mais sans succès. Finalement, elle conclut qu'il avait dû retourner dans la salle obscure aux visages effrayants. Quelle décision devait-elle prendre ? Elle n'aimait pas cet endroit, mais une voix lui soufflait de s'assurer de sa présence là-bas. S'engageant dans l'escalier, elle progressa en silence, se dissimulant à la détection de tout esprit étranger. Un sourire éclaira ses traits. De ça, au moins, elle en était certaine, elle était merveilleusement douée pour la magie. Quand ses pas la rapprochèrent de l'entrée, les battements de son cœur s'accélérèrent… Avançant entre les bassins, elle évita soigneusement de s'appesantir sur les corps qui y flottaient. Elle refusait de toute son âme de rencontrer leurs iris vitreux ou de redessiner la forme de leurs visages encore une fois. Sa sensibilité complètement barricadée, elle s'introduisit dans la seconde pièce, guettant la présence de Césarus, puis longea de nouveaux réservoirs, toujours sans un regard pour leur macabre contenu, sans un regard non plus pour les multiples robes dressées sur des mannequins, des robes blanches, réduites en lambeaux et zébrées de traînées rouge sombre. Galvanisée par un absolu besoin de découvrir la vérité, Aquiri progressait, guidée par une faible lumière qui perçait l'ombre. Un coup d'œil lui apprit que la salle suivante était également vide et elle y pénétra, désappointée… Autour d'elle, une multitude d'objets hétéroclites s'entassaient, dont la fonction ne laissait aucun doute : des instruments de t*****e. Rouillés pour les uns, poussiéreux pour les autres, elle constata, étonnée, qu'aucun ne semblait avoir servi depuis des années. Quelle voie très spéciale avait donc choisie Césarus pour infliger toutes les blessures entrevues ? L'image des corps flottants se reforma dans sa tête, mais elle la repoussa fermement. Où était-il ? Certaine de le trouver ici, elle soupira de déception. Sur le point de faire demi-tour, Aquiri perçut une onde de douleur qui l'effleura sans être localisable. La sensation se révéla si fugitive qu'elle crût un instant avoir manqué l'empereur dans son théâtre de souffrance. Étrangement, peu convaincue par sa déduction, elle maintint son attention, puis, guidée par son instinct, se dirigea vers le fond de la salle noyée dans l'obscurité. D'un pas lent et déterminé, elle avança, le cœur battant à tout rompre, partagée entre peur et curiosité. Caressant de sa main la tenture qui tapissait le mur, elle ressentit le souffle léger d'un courant d'air. Le cœur toujours en alerte, elle la souleva et découvrit une porte entrebâillée derrière laquelle, sans même le voir, Aquiri sut qu'elle trouverait Césarus. Projetant son esprit encore plus loin, elle détecta la présence d'une personne inconnue. Sans un bruit, elle poussa davantage le battant et l'aperçut de dos. Il se tenait bien là, concentré sur une tâche qui, visiblement, le ravissait. Alors qu'une nouvelle onde de souffrance l'atteignait avec une rare intensité, elle sursauta de surprise. Cette douleur qui n'était pas réellement la sienne la décontenançait. Pourquoi ressentait-elle aussi clairement le supplice d'un autre ? Se décalant légèrement, elle put enfin distinguer la proie de l'empereur, une femme portant une robe blanche, lacérée et maculée de traces rouges. Aquiri percevait sa conscience encore intacte, malgré l'attitude prostrée du corps, son menton reposant sur sa poitrine. Elle aurait aimé apercevoir son visage… Comme pour répondre à sa prière, la tête de la femme se releva en direction de Césarus, une muette supplique au fond des yeux, avant de retomber, inerte. Si la future sorcière n'avait pas pris garde aux profonds sillons sanguinolents qui parcouraient les membres de la victime, la vision de ses traits la bouleversa profondément. La mariée restait si belle, en dépit du calvaire qu'elle subissait… Un ovale parfait, une peau nacrée, des prunelles d'une clarté impressionnante. Comment l'empereur pouvait-il détruire tant de splendeur ? Ne soupçonnant pas sa présence, Césarus poursuivait son œuvre, se délectant visiblement de chacune des entailles infligées. Les yeux d'Aquiri dérivèrent vers une de ses mains. Apparemment désarmée, cette dernière parvenait de ses ongles à déchiqueter les chairs, créant à chaque griffure une insupportable douleur. La jeune femme se figea, tandis qu'elle percevait la volonté ultime de la suppliciée : en finir. Le regard fixe, elle resta indécise jusqu'au moment où, sciemment, elle se projeta vers elle, et, d'un geste net, rompit un vaisseau sanguin, l'entraînant peu à peu vers la mort, juste de quoi lui donner le temps de s'éclipser en toute discrétion. Retraversant la première pièce, elle sentit l'exaspération de l'empereur exploser. Le chasseur venait de perdre sa proie et il fulminait en raison de cet échec. Il hurla et, simultanément, elle identifia le bourdonnement caractéristique de la sorcière. Totalement effarée, Aquiri s'immobilisa, puis se fondit dans l'obscurité, derrière les bassins. Césarus rentra dans la salle une fraction de seconde plus tard, dans un état de grande fébrilité. Il ne décolérait visiblement pas. Passé maître dans l'art de faire durer son plaisir en même temps que le calvaire de ses victimes, son extrême précision l'empêchait de commettre la moindre erreur. Pourtant, la femme était morte et son décès prématuré le frustrait infiniment. Décidément, ces êtres humains se révélaient bien trop fragiles. Sans doute devrait-il trouver d'autres espèces plus résistantes. Aquiri discerna chacune des réflexions qui traversaient la tête de l'empereur et en resta pétrifiée de surprise. Elle ne se souvenait que trop bien de l'effet détestable que produisait l'intrusion de l'esprit de Césarus dans le sien, alors, comment expliquer qu'elle reçut ses pensées sans avoir agi dans ce sens. Son pouvoir dépassait-il celui de son futur époux au point de devenir invisible à sa perception ? L'homme s'était éloigné. Le mieux aurait consisté à quitter cet endroit au plus vite et, pourtant, irrésistiblement attirée, elle se dirigea sans hésitation vers la pièce entraperçue, comme si cette dernière détenait un secret qu'elle devait absolument découvrir. Oubliant toute prudence, elle s'avança lentement vers la porte et la poussa silencieusement. Elle se figea un instant puis, inexorablement, y pénétra. Son regard fixé sur la mariée attachée au chevalet, Aquiri se remémora qu'elle l'avait tuée, mais n'en ressentit ni regret ni remords. Elle avait agi ainsi pour abréger ses souffrances, répondant simplement à sa demande. Elle se rapprocha du corps inerte. Sur le moment, elle n'osa pas le toucher, puis écarta avec douceur les mèches qui cachaient sa figure. Encore une fois, elle se laissa absorber par sa beauté avant de réaliser un fait effarant : cette femme lui ressemblait tant avec ses cheveux sombres et soyeux, et ses yeux en amande. Son cœur rata un battement. La main légèrement tremblante, elle repoussa la paupière de la morte et retint un cri d'effroi. Contrairement à ce qu'elle avait cru, ses iris apparaissaient aussi noirs que les siens… Aussitôt flottèrent de nouveau dans son esprit les visages de ces créatures tuées par Césarus, leurs traits horriblement déformés, témoignages de la douleur ressentie lors de leur ultime souffle. L'empereur possédait l'âme d'un sculpteur. De ses ongles griffus, soutenu par son habileté perverse, il gravait sur leurs faces les stigmates de leur souffrance extrême, et ce, de façon irréversible. Ainsi, à chacune de ses promenades le long des bassins, il se délectait de son propre génie malfaisant comme un artiste qui admirait son œuvre. Mais pas pour la dernière, car Aquiri lui avait offert une mort douce. Où se situaient la grandeur et la puissance dans la persécution d'un être plus faible que soi ? Quel manque de courage ! Soudainement, ces créations ne reflétèrent plus que la lâcheté de leur auteur… Césarus, un maître ? Représentait-il encore l'empereur extraordinaire dont elle avait rêvé ou finalement un monstre petit et mesquin ? En tout cas, elle se réjouissait d'avoir préservé la splendeur de cette femme qui venait de s'endormir pour l'éternité, la paix inscrite sur son visage comme un échec de plus pour son bourreau. Abandonnant des yeux le corps mutilé, Aquiri observa les murs autour d'elle, tapissés de miroirs. Ces derniers permettaient à Césarus de s'admirer à chaque instant à l'instar d'elle quand elle contemplait sa silhouette et son élégance. Auraient-ils eu plus en commun qu'elle le supposait ? Cette pensée la fit frissonner au point de prendre conscience qu'elle n'avait que trop tardé. Sur le point de quitter la pièce, son allure réfléchie par l'un d'entre eux capta son attention et l'image qu'il lui renvoya la glaça d'effroi. Ses jambes se dérobant, elle chuta lourdement sur le sol. Le souffle court, elle rejetait ce que ses yeux observaient. Le cœur serré par un étau douloureux, elle se traîna vers son reflet, espérant une erreur. Non ! Ce n'était pas elle ! Non… S'imposait à son regard une fille au physique ingrat, aux cheveux emmêlés, un corps auquel la croissance se refusait toujours lui laissant l'aspect d'un être frêle et disgracieux, une jeune femme dans une silhouette d'enfant. Ses apparences ancienne et actuelle se superposèrent et sa vue se brouilla, son âme se brisant en mille morceaux au même instant. Des larmes montèrent, mais elle les contint, encore trop incrédule pour pleurer, repoussant de toutes ses forces l'inéluctable déduction de cette vision. Un bourdonnement léger la tira de son état de stupeur. Césarus revenait avec la sorcière ! Malgré son chagrin et le peu d'assurance de ses jambes, Aquiri s'enfuit de la pièce à toute vitesse et replongea dans son abri, se noyant une nouvelle fois dans l'ombre, juste à temps. Avant de pénétrer dans la salle suivante, la femme en noir se retourna et balaya l'espace de son regard vide, puis disparut, rejoignant l'empereur. L'inquiétude saisit Aquiri. La sorcière l'avait-elle distinguée, dissimulée derrière les bassins ? — Elle est morte ! explosa-t-il. Alors, ramenez-la-moi à la vie que je puisse l'achever ! Le cœur d'Aquiri se contracta. — J'attends ! vociféra Césarus. Vous êtes capable de le faire ! Seul le silence lui répondit, avant que son interlocutrice daignât, enfin, prendre la parole. — Non. Le bruissement de sa robe indiqua qu'elle revenait sur ses pas. — Vous ne vous en irez pas avant de m'avoir obéi ! cria-t-il. — Vous ne savez rien…, maître. C'est une vie contre une vie et je n'offrirai pas la mienne pour celle d'une créature que vous avez malencontreusement privée d'existence. Trouvez-vous donc un nouveau jouet, rétorqua-t-elle. Aquiri ouvrit la bouche légèrement. Ainsi, la sorcière pouvait redonner la vie, mais cet acte lui coûtait la sienne… La jeune Hagane devint boudeuse. Finalement, cette femme restait toujours plus puissante qu'elle puisqu'elle était susceptible de réaliser des sorts qu'elle-même ignorait encore. Quoique, ce dernier présentait un intérêt limité, elle ne connaissait personne qu'elle aurait voulu sauver à ce prix. La sorcière repartit, suivie de Césarus, probablement en quête d'une autre victime. Maintenant, tous deux remontaient vers les couloirs blancs et immaculés, abandonnant à leur noirceur les salles et leurs bassins dans lesquels s'exposaient, au sommet de corps mutilés, les expressions des souffrances les plus abominables. Tremblant de tous ses membres, Aquiri se retrouva seule dans la pièce, incapable de contrôler la peur irrationnelle qui l'envahissait de nouveau ainsi qu'une imprévisible détresse. Son monde, celui dont elle avait rêvé depuis son enfance, s'effritait comme un château de sable balayé par la mer et ses inexorables vagues. Que faire à présent ? Qu'allait-elle devenir ? Pour le plaisir s*****e de Césarus, finirait-elle avec ce masque grimaçant figé sur son visage, noyée dans une eau en clair-obscur ? Une personne parmi d'autres qui aurait disparu, rien de plus… Elle croyait avoir connu sa plus grande solitude au milieu du peuple hagan et, pourtant, aujourd'hui, elle se rendait compte que jamais elle ne s'était sentie plus isolée qu'à l'instant même. Se reprendre… Réagir… Non, elle ne ressemblait pas à ces femmes insignifiantes, elle était Aquiri, elle possédait des pouvoirs et, ceux-là, elle les avait bien avant d'arriver dans ce château dont la blancheur immaculée n'était qu'une illusion comme tout le reste… Ainsi, autour d'elle, n'existaient que des mensonges et son reflet dans le miroir avait constitué le plus cruel de tous. Sa merveilleuse splendeur n'était qu'un leurre alors qu'elle avait représenté son vœu le plus cher, le plus intime… Aquiri avait tant jalousé ces filles vers qui tous les regards se tournaient, outrageusement gâtées par les Esprits de la Terre, éblouissantes, si conscientes de leur séduction, désirées par tous les hommes au point de finir leurs nuits au creux de leurs bras, épanouies d'avoir été aimées. Tout ce qu'elle n'avait jamais connu… Son histoire se contait entre indifférence pour les uns et rejet pour les autres. Elle avait détesté Hara dont Adrien était tombé amoureux parce qu'elle était belle à couper le souffle, parce que chez elle, sans artifice ni illusion, la nature lui avait tout offert, ne laissant rien pour Aquiri… Elle avait haï Topéca parce qu'elle les fascinait tous, parce qu'elle débordait d'une énergie si extraordinaire que sa simple présence enflammait les cœurs et donnait envie de la suivre au bout du monde… Que la vie était injuste ! Pourquoi n'avait-elle rien reçu ? Pourquoi ? Si… ses pouvoirs. Et elle était puissante ! Pas encore autant que la sorcière, mais, plus le temps passait, plus elle acquérait la certitude qu'elle deviendrait meilleure que Césarus. D'ailleurs de quelle façon pourrait-il l'atteindre dorénavant ? Il dominait ses conquêtes, car elles n'étaient que de banales humaines, mais Aquiri était d'une autre trempe. Topéca ne l'avait pas abandonnée sans avoir auparavant décelé en elle des capacités hors norme. La femme en noir avait commencé sa formation pour une raison analogue. Pourquoi donc son apprentissage avait-il brusquement cessé ? À cause du mariage ! Une fois prise la décision de l'épouser, l'empereur ne se risquerait pas à choisir une compagne susceptible de le dépasser ! Il voulait à tout prix asservir, écraser et surtout infliger le plus de douleurs possible pour enrichir son musée des horreurs. Cependant, si Césarus envisageait de la maîtriser, il se trompait lourdement… Elle ne se laisserait jamais dominer ! Elle sentit la magie palpiter au bout de ses doigts comme un fourmillement agréable qui la rendait encore plus vivante. Elle le mènerait en bateau, lui donnerait ce qu'il attendait tout en planifiant ce qui lui permettrait d'inverser les rôles et d'arriver à le contrôler. Finalement, ce n'était qu'un imbécile, bouffi d'orgueil et de suffisance, incapable de la percer à jour, puisqu'elle parvenait à se dissimuler à son esprit. Elle découvrirait tout de lui et, pas après pas, jour après jour, elle s'approprierait toutes ses faiblesses, celles qu'il cachait ou même celles qu'il ignorait. Ainsi, quand sonnerait l'heure de la vengeance, il finirait dans ses propres bassins, le visage déformé par la douleur qu'elle lui aurait infligée. Se comporter de façon aussi cruelle que lui ne la gênerait pas, elle y arriverait certainement. Et, devant elle, il s'inclinerait ! Aquiri remonta rapidement vers sa chambre. À présent que tous les secrets de la forteresse immaculée venaient de tomber, elle allait commencer par tester les penchants de son futur mari. Se contentait-il de faire souffrir les femmes ou cherchait-il encore celle qui éveillerait dans son corps un désir inhabituel ? Passant devant son miroir, elle se détailla sans la moindre concession. Incontestable, sa beauté apparente suffirait-elle pourtant à attirer Césarus ? Aquiri devait lui offrir une vision plus fascinante d'elle-même pour l'amener à réaliser à quel point elle surpassait les autres, elle méritait de devenir son épouse et de rester à ses côtés pour dominer la Terre. Ensorcelante, voilà comment elle devait paraître à ses yeux ! Mais comment ? Si la séduction n'avait jamais appartenu à sa façon de se comporter, en revanche, elle avait bien souvent examiné les artifices des Haganes de sa tribu. Même si elle avait profondément détesté ces dernières, le moment était venu d'en tirer quelques leçons utiles. Elle fixa sa tenue noire sans attrait, sa coiffure lisse et insipide. Impossible ! Jamais dans ces conditions Césarus ne comprendrait à quel point elle possédait tous les atouts d'une grande impératrice ! Première étape : revêtir une robe qui mettrait en valeur ses appas. Ouvrant son armoire, elle émit un grognement désappointé. Qu'est-ce qui ressemblait plus à une robe sombre qu'une autre d'aspect identique ? Ses yeux dérivèrent vers le mannequin sur lequel trônait son habit de mariée. Ah non ! Pas celui-là ! Elle n'offrirait sûrement pas à Césarus ce qu'il attendait ! Au contraire, elle devait le surprendre, le ravir, troubler ses sens par une composition osée. Soudain, un vague souvenir émergea dans son esprit comme une explosion de couleurs. Concentrée, elle s'efforça de raviver sa mémoire une nouvelle fois récalcitrante. Que cette situation l'agaçait ! Si ! Elle savait ! Au début de son séjour, tout à son excitation de devenir impératrice, elle avait obtenu quelques vêtements chamarrés qu'elle avait progressivement négligés au profit du noir. Où avaient-ils bien pu atterrir depuis, puisqu'ils avaient déserté son armoire ? Un coup d'œil autour d'elle la laissa songeuse… Sous le lit ! Peu confiante, elle les avait cachés de peur que quelqu'un les lui reprît avant de, finalement, les oublier. Comment avait-elle pu les effacer aussi radicalement de son histoire ? Décidément, tous les effets de ce château sur son esprit n'avaient pas encore été levés…
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