Aquiri réfléchissait. Ces renseignements semblaient bien trop vagues pour présenter une quelconque utilité… Elle fixa Avelin de ses prunelles sombres, hésitant à pénétrer dans son esprit pour vérifier qu'il n'aurait pas omis quelques détails par inadvertance. Soumis à l'intensité de son regard, le jeune homme perçut confusément qu'il devait détourner son attention. Il s'approcha et l'enlaça avec maladresse.
— Vous n'allez plus repartir maintenant, murmura-t-il, pressant.
Aquiri leva vers lui de grands yeux étonnés avant de se dégager d'un geste brusque. Son visage reflétait la déception qu'elle venait de ressentir et, tandis qu'il s'excusait de sa hardiesse, elle se volatilisa devant lui… Il soupira de soulagement et de dépit tout à la fois. Vraiment, il s'était conduit comme un imbécile en parlant d'Aila avec autant de légèreté. De plus, si, comme Césarus ou Aila, elle était capable de lire dans ses pensées, il devrait se montrer plus que prudent. Maintenant, rester ou partir ? À force de fréquenter de trop près leurs ennemis et cette jeune femme en particulier, les risques devenaient considérables, risques d'ailleurs dont il n'était plus tout à fait certain de mesurer les conséquences ou de savoir éviter. Et quand elle reviendrait, car elle allait revenir, comment agirait-il ? Devait-il persister dans cette voie et mettre ainsi en péril Aila et ses amis ? N'était-il pas en train de courir après un rêve inaccessible ? Il avait cru pouvoir montrer à son père sa valeur et, de fait, se retrouvait seul à devoir prendre des décisions qui, chaque jour, lui paraissaient plus lourdes et ambiguës. Et si sa détermination à la sauver ne faisait que le tromper dans ses réelles motivations… Mais pourquoi donc restait-il ? Il pensa à Pardon et Aubin. Il aurait aimé pouvoir discuter avec eux, mais ils étaient dans les montagnes wallanes, loin d'ici. L'écho de la voix de Pardon qui le mettait en garde résonna dans son esprit. Il attendrait une dernière visite et, si rien de plus probant ne se passait, il repartirait vers le sud de la Wallanie avant que la région fût complètement envahie par les hommes de Tancral.
Entouré de ses deux fils, Sérain contemplait les massifs dont il se rapprochait. Il les avait longés à l'aller, mais, plongé dans ses réflexions, il n'en conservait qu'un vague souvenir. À présent qu'ils grandissaient devant ses yeux, son regard ne s'en détachait plus. De son côté, Adrien songeait aux montagnes haganes qui lui manquaient tant, remarquant que celles qui s'offraient à sa vue ne leur ressemblaient pas. Nettement moins hautes, elles semblaient encore plus abruptes, avec des parois lisses et verticales, sans le moindre vallonnement pour les amorcer. Circonspect, il s'interrogeait. De quelle façon parviendrait-il à placer leur armée en sécurité au sein d'une telle topologie ? Il avait espéré qu'en se rapprochant du lieu la solution apparaîtrait d'elle-même, mais non. Quels avantages pouvait bien apporter cette barrière rocheuse dans la guerre contre Césarus ? Comme un écho à ses pensées, Hubert prit la parole :
— Avez-vous une idée de la configuration de ces montagnes ?
— Absolument pas, répondit Sérain. Mais Wartan jubile comme s'il nous réservait une excellente farce, alors je m'attends à tout. En raison de ses nombreux éclats depuis la destruction de sa vallée, je me demande quelles surprises, désagréables peut-être, il nous mijote…
— Moutie n'a pas vendu la mèche ?
— Non, elle semble m'éviter depuis notre départ, sans doute pour ne pas commettre d'impairs…
Hubert opina.
— Installer nos hommes sur un tel terrain me laisse perplexe…
— Seuls les Hagans paraissent comblés. Depuis qu'ils la voient, ils sautillent comme des puces sur le point d'infester un chien. Ils se sentiront parfaitement à leur affaire, c'est certain. Quéra et Wamina se sont proposés pour jouer les éclaireurs, mais Wartan s'y est farouchement opposé. J'ignore la raison de ses cachotteries, mais son attitude énigmatique m'agace. J'ai passé l'âge des surprises enfantines, même s'il ne cesse de répéter que tout ira bien, que nos problèmes sont résolus. Cependant, j'en discerne tant que je ne sais plus par quel bout les prendre…
— Ce serait bien si Aila nous rejoignait…
— En l'attendant, la reine d'Épicral devrait débarquer dans les prochains jours. Les dernières nouvelles annoncent que Guert Ier, son mari, est mort dans un accident et qu'elle l'a remplacé sur le trône. D'autres affirment qu'elle est la fille de l'écorcheur…
— Sont-elles fiables ?
— Oui…, elles proviennent d'Eustache, précisa Sérain avec un regard éloquent.
— L'écorcheur ? N'est-ce pas ce forban qui écumait les eaux d'Épicral peu de temps auparavant ? Un homme bien singulier, il me semble, dont la principale caractéristique consiste à dépecer ses ennemis récalcitrants, si je me souviens bien…
— Je suppose que l'union de son enfant avec Guert explique le déplacement de son territoire de prédilection plus à l'est.
— Je me demande à quoi ressemble l'héritière d'un pirate aussi sanguinaire.
— Aucune idée. Renseigne-toi auprès d'Orian, c'est lui qui devait la convaincre de s'allier avec nous. Au départ, elle avait refusé et, maintenant, elle a changé d'avis. J'aimerais bien connaître les arguments utilisés par Aila…
— Comme d'habitude, elle a dû lui exprimer sa vision des faits. On finit par s'y faire et même que, de temps en temps, ses petites phrases un peu trop directes nous manquent. Elles possèdent l'indéniable avantage d'offrir un éclairage différent qui vous pousse à réfléchir.
— Et pour Schizée ?
Hubert leva les sourcils.
— Son père se met dans des colères noires quand elle nous rejoint. Mais elle ne peut pas s'en empêcher, elle a besoin de vérifier que je me comporte toujours avec docilité.
— Hubert, rien ne t'oblige à l'épouser. Je suis assez grand pour prendre mes responsabilités et rompre ces fiançailles imbéciles.
— Je doute que le moment soit bien choisi et puis j'ai donné ma parole. Pour moi, c'est un engagement sans retour.
Leurs yeux se croisèrent et Sérain soupira, avant de poursuivre à voix basse :
— As-tu essayé de parler de Hara avec Adrien ?
— Oui, sans succès. Il détourne la conversation dès que son nom est évoqué. Je ne sais ce qu'il fuit, mais son attitude devient trop souvent hostile…
Sérain et son fils se regardèrent.
— Il faut qu'Aila revienne…, conclut Sérain.
Hubert opina.
Les montagnes wallanes se divisaient en deux chaînes dont une semblait le prolongement lointain du massif hagan après avoir transité par le Faraday, mais l'autre, d'aspect fort différent, paraissait avoir poussé de terre comme un tapis de champignons. Entre les deux s'étendait une large vallée dans laquelle l'armée s'engouffra, projetant de dresser son campement à sa sortie pendant les jours à venir, le temps de se faire une idée précise de la configuration du lieu. Wartan arriva à cheval, suivi de sa femme et de quelques soldats.
— Venez, Sérain, et emmenez vos fils, je vous invite à découvrir le domaine de mes ancêtres !
Quittant leurs troupes, ils rejoignirent le versant opposé de la montagne. Bientôt, ils s'engagèrent sur un chemin à gauche qui longeait la falaise, puis abandonnèrent leurs montures peu après. Dans le sillage de Wartan et de son épouse, ils empruntèrent une voie qui serpentait entre les rochers avant d'être subitement arrêtés par un immense bloc granitique.
— Une partie du massif se serait-elle détachée ? demanda un homme du Faraday. Pourtant, elle ne semble provenir de nulle part en hauteur…
Un murmure d'approbation accueillit sa remarque, tandis que Wartan, un sourire d'autosatisfaction plaqué sur le visage, les regardait les uns après les autres sans répondre. Devant lui se tenaient une vingtaine de représentants d'Épicral, d'Estanque, du Faraday et du pays Hagan et il allait tous les étonner. De son côté, Sérain scrutait la pierre sans identifier la moindre faille qui aurait suggéré un passage quelconque. Le roi de Wallanie commença à raconter l'histoire de son pays
— Le premier roi de la Wallanie s'appelait Eulil. Menant quelques centaines de Wallans, il décréta qu'un homme tel que lui méritait de diriger davantage de guerriers, alors, petit à petit, il décima un par un les chefs des clans concurrents au cours de combats singuliers. Extrêmement fort, tactique et intelligent, il triompha chaque fois. Au fur et à mesure que sa tribu se développait, la protéger efficacement lui procura quelques soucis au point qu'il décida de quitter les plaines, dans lesquelles il se sentait vulnérable, pour les montagnes wallanes. L'histoire raconte que son fils tomba par hasard sur cette place aux allures de forteresse…
Un geste de sa main et les soldats wallans allumèrent puis distribuèrent une torche à chaque personne présente.
Les traits de Wartan se durcirent quand il reprit la parole :
— Après la vallée merveilleuse, l'endroit que vous êtes sur le point de découvrir représente le symbole le plus extraordinaire de la Wallanie. Césarus ne le connaît pas. Heureusement, car en ce lieu se dissimule notre plus bel atout pour le vaincre. Suivez-moi.
Le roi avança de quelques mètres, avant, soudainement, de disparaître aux yeux de tous. Quelques murmures étonnés s'élevèrent le temps que Wartan revînt sur ses pas.
— Oui, je sais. Exactement ici, la pierre paraît d'un seul tenant, mais c'est une illusion. Rapprochez-vous pour remarquer l'anfractuosité qui lui sert d'entrée. Venez.
Les hommes y pénétrèrent les uns après les autres, se faufilant entre les parois très resserrées. Un couloir naturel, étroit, les emmena vers une première salle, de taille moyenne.
— Voici ce que découvrit le fils d'Eulil. Il aurait pu s'arrêter là, mais, curieux, il étudia cet endroit de fond en comble avant de trouver, dans la roche, un nouveau passage. Le voyez-vous ?
Wartan attendit au centre de la pièce, sa femme à ses côtés. Les visiteurs hésitèrent un instant, puis certains ne tardèrent pas à inspecter les murs, tandis que d'autres restaient en observateur. Adrien, en retrait, avait regardé sans sourciller les allées et venues de ceux qui recherchaient l'ouverture. Se prenant au jeu, Hubert et Sérain en avaient réalisé le tour complet, scrutant et palpant chaque défaut de la pierre. Au bout de quelques minutes, le constat fut simple : rien. Et quand, enfin, les uns après les autres, ils renoncèrent, le roi wallan s'adressa à eux, moqueur.
— Alors, le fils d'Eulil aurait-il été plus malin que vous tous ? J'ai du mal à le croire. Une proposition avant de tout vous révéler ?
— Oui, j'en ai une, déclara Adrien en s'avançant vers Wartan.
— Je vous écoute.
— Étant donné qu'elle n'est ni au sol ni sur les parois, c'est que l'ouverture est au-dessus de nous…
Tout en parlant, Adrien avait élevé sa lumière ; une zone plus sombre se dévoila dans le côté de la voûte, juste au-dessus de Wartan. La mine de ce dernier se décomposa légèrement, puis, beau joueur, le roi se ressaisit.
— Bravo ! Vous êtes un prince rusé, je saurai m'en souvenir… Envoyez !
Au-dessus de leur tête, une dizaine d'échelles tombèrent du trou au bord duquel les soldats de Wartan patientaient en silence.
— Laissez vos torches ici, nous les reprendrons au retour. Mes hommes vous en donneront de nouvelles quand vous arriverez en haut.
— Éclairez ! cria-t-il de nouveau.
Tous les yeux se tournèrent vers le plafond et une clarté illumina le cercle ouvert dans la voûte, trop faible pour percer le mystère de ce qui les attendait au-dessus, mais suffisante pour attiser leur curiosité. Agrippant une échelle, Sérain commença à monter, immédiatement imité par les autres visiteurs. Wartan ferma la marche.
— Cet endroit vous paraît plus grand que la pièce en dessous, n'est-ce pas, mais de combien en réalité ? Bonne question. C'est vrai que les quelques lueurs dont vous disposez nous informent bien peu sur sa dimension. Alors, messieurs, regardez ! Lumière ! hurla Wartan.
Sa voix résonna de mille échos tandis que, presque simultanément, un nombre croissant de torches s'enflammaient, révélant progressivement une salle gigantesque. À défaut d'être magique, l'effet impressionna et le silence s'imposa à ceux dont les yeux balayaient l'immensité qui les entourait.
— Par les fées ! finit par s'exclamer Sérain, c'est extraordinaire…
Wartan éclata de rire.
— Et vous n'êtes pas au bout de vos peines ! Cet endroit peut contenir plusieurs centaines de personnes. Créé naturellement, il n'est, cependant, pas unique. Pour une raison inconnue, cette montagne regorge de pièces plus ou moins grandes qu'Eulil avait découvertes petit à petit, toutes reliées entre elles. Leurs origines proviendraient d'une rivière tumultueuse qui les aurait sculptées dans la roche, ce qui expliquerait le caractère sinueux et irrégulier de leur répartition. À la mort du roi, son fils a poursuivi son œuvre, puis le fils de son fils et ainsi de suite jusqu'au jour où un de ses descendants décida que les grottes manquaient de confort et leur préféra des habitations extérieures. À partir de ce moment, tout ce réseau a été abandonné, mais son histoire a perduré ainsi que des cartes détaillées qui en dévoilent la structure complexe. Je vous transmettrai l'intégralité des informations à ce sujet. Cependant, je veux que vous saisissiez que sous vos yeux se tient la forteresse la plus extraordinaire au monde et, assurément, la plus imprenable !
Sérain hocha la tête.
— Vous venez de nous offrir un cadeau inestimable et une nouvelle chance de contrer Césarus. Merci !
Le roi d'Avotour tendit une main dont Wartan s'empara avec ferveur. Puis, de façon inattendue, ce dernier explosa froidement :
— Je lui rendrai la monnaie de sa pièce à cet empereur destructeur et, même si je dois le faire tout seul, j'irai démonter son château pierre par pierre…
— J'entends votre colère, mais la prudence doit rester de rigueur…
Les traits du Wartan se contractèrent. Visiblement sur le point de s'emporter, il multipliait les efforts pour se contenir sous le regard de Sérain. Le souverain d'Avotour craignit que, sans être expressément nommée, cette fureur dirigée contre Césarus inclût Aila. Il redoutait cet antagonisme envers elle qui jetait le trouble dans leurs rangs. Quand on se battait contre l'empereur et ses armées, la plus infime des failles entre alliés pouvait devenir la brèche dans laquelle leur puissant ennemi s'engouffrerait. De son côté, depuis longtemps, Wartan avait compris qu'il devait garder pour lui son opinion sur la Dame Blanche et donc, diplomate, se taisait. Mais la situation maintenait une atmosphère malsaine et Sérain songea qu'en parler à Moutie pour désamorcer ce conflit sous-jacent constituerait une bonne idée. Il attendrait qu'elle fût seule pour en discuter.
— Prudent, finit par lâcher le roi de la Wallanie, je resterai prudent…
— C'est une sage décision. Maintenant que vous nous avez montré votre précieux trésor, que comptez-vous faire ?
— Oh… je vous réserve encore quelques surprises…, s'exclama Wartan avec un sourire malicieux. Nous les verrons en comité restreint. Avec les oreilles de Césarus qui traînent partout, nous devons demeurer vigilants, n'est-ce pas ? Orian continue-t-il sa surveillance ?
— Naturellement. Trop sûr de lui, l'empereur n'imagine pas avoir été repéré. Cependant, les deux échecs qu'il vient d'encaisser coup sur coup vont probablement le rendre plus attentif à nos actions. À moins qu'il accuse quelqu'un d'autre de ses propres débâcles, ce qui nous rendrait service au demeurant…
À la tombée de la nuit, Sérain, ses fils et Orian avaient rejoint Wartan, qui les accueillit avec un air de conspirateur. « Décidément, cet homme aurait pu exceller en tant qu'acteur, songea Sérain, mi-amusé mi-agacé, il a l'art de se composer un visage avec l'expression appropriée. »
— Venez, je vais ouvrir pour vous les portes de la montagne wallane…, déclara Wartan.
Sur la table, il étala avec précaution une carte jaunie.
— Voilà le plan du premier niveau.
— Premier ? Il en existe plusieurs ? s'étonna Hubert.
— Oui, trois en tout, mais tous ne possèdent pas la même distribution. Ici se positionne l'accès à ma forteresse, en pointillé, car situé en dessous du premier étage, juste sous la première grande salle. Son nom officiel est celui du fils d'Eulil : Azureth, mais je me souviens que mon grand-père racontait qu'en fait tous l'appelaient l'entrée. Je ne sais vraiment pas d'où il tenait cette information, lui-même n'étant pas assez vieux pour avoir rencontré nos ancêtres qui y vivaient encore !
Wartan, très content de sa boutade, émit un rire discret qui tomba à plat, tant la carte absorbait l'attention des Avotourins. Hubert dénombrait les emplacements, évaluait leur capacité d'accueil, tandis que Sérain s'attardait sur leur distribution. Adrien s'attachait à localiser les sorties et s'interrogeait sur leur répartition… Orian passait sa main sur son menton, un léger pli barrant son front, il paraissait inquiet. Hubert se mit à réfléchir tout haut :
— Comme vous l'avez laissé entendre, l'enchaînement des grottes possède toutes les caractéristiques d'un canyon souterrain. Elles sont une bonne dizaine, dispersées autour d'un couloir d'une longueur impressionnante. Certaines semblent particulièrement larges. De façon approximative, si j'estime une moyenne de quatre cents hommes par pièce, nous pourrions en loger environ quatre mille… Que faisons-nous des autres ? Suffisant pour Eulil, oui, mais cette constatation reste préoccupante pour nous…
— Attendez avant de tirer des conclusions hâtives ! Voici le niveau inférieur.
Wartan attrapa une nouvelle carte qu'il étendit, recouvrant la première.
— Situées au niveau de l'entrée, taillées dans le roc, cinq salles supplémentaires existent, le soutènement de la voûte est assuré par de colossaux piliers de pierre. Chacune possède une capacité de…, disons plusieurs milliers de personnes, ce qui nous en fait facilement dix mille de plus au minimum. Même si nous sommes encore loin du compte, nous nous en rapprochons…
— Comment l'air se renouvelle-t-il en ces lieux ? demanda Sérain.
— De multiples puits, très bien conçus, devraient offrir une aération suffisante.
— Nous devrons en être certains avant de proposer à nos soldats de vivre en hommes des cavernes… En cas de soucis, des sorties vers l'extérieur sont-elles accessibles pour tous les niveaux ?
— Plusieurs tunnels équipent chaque salle et débouchent dans la forêt, côté d'Avotour, donc à l'abri des regards. Il faudra naturellement vérifier leur solidité, mes équipes n'ayant pas eu le temps de tous les parcourir en nous attendant. Voyons à présent le deuxième étage. Comme vous pouvez le constater, les pièces sont beaucoup moins grandes et constituèrent les appartements du roi, de sa famille et de leurs proches avec des évacuations vers le haut de la falaise. Je propose d'installer notre quartier général là. Dernier point, si vous détaillez scrupuleusement la ligne ici, vous observerez comme de petites bulles. Il en existe plus d'une centaine sur trois niveaux. Ce sont des endroits stratégiques de défense, car vous pouvez y placer un archer qui tirera à travers une fente dans la roche, une espèce de meurtrière pour tout dire. Très efficace comme protection, vous ne trouvez pas ?
— Si, si, bien sûr… Merci pour tous ses renseignements, Wartan, nous en reparlerons demain après une nuit de sommeil. Nous allons nous retirer en vous souhaitant une bonne soirée à vous et votre femme.
Dehors, le silence s'était installé entre les quatre hommes qui retournaient vers leurs tentes. Sérain le rompit :
— Ces cavités peuvent nous apporter un véritable avantage sur Césarus si nous savons en tirer parti.
— Peut-être… Je crois cependant que le plus urgent est d'empêcher l'accès aux falaises pour arrêter le plus de soldats de l'empereur. Aila l'avait suggéré et nous disposons de bien peu de temps pour réaliser des pièges efficaces, expliqua Hubert.
— Tout de même, mettre autant de personnes sous cette montagne m'inquiète… Songez à la destruction de la vallée merveilleuse, un geste de la sorcière et la pierre se brise comme une brindille sèche, objecta Orian.
— Nous devrons réfléchir en toute rigueur à l'utilisation de ce réseau souterrain, continua le roi.
— Surtout si nous ne voulons pas que ces roches deviennent notre tombeau…, conclut Adrien.