Les étoiles sont censées briller dans le ciel, comme un diamant posé sur la peau lisse de celui qui le porte. Pourtant, j'avais l'impression de faire partie d'un monde dans lequel les hommes avaient tellement cherché les richesses matérielles, qu'ils avaient finies par troquer les vraies étoiles contre des répliques. Leur éclat semblait hypnotisé, vidé de leur réelle lumière. Mais qui avait encore le temps de s'arrêter pour réaliser que le monde devenait de plus en plus superficiel ? Ou était-ce réellement seulement moi qui avais cette impression ? Était-ce la douleur ? Était-ce donc la dépression, la déprime, le chagrin, la prostration ? Oui, qui me rendait incapable de voir que tout n'était pas ce que je pensais ? Étais-je une aveugle, dans un monde de voyant ? Mais y y avait-il précisément de clairvoyant ? Que ce soit moi ou encore eux ? Les autres ?
Ces répliques d'étoiles ne brillaient pas autant que les originales à mes yeux. Cependant, elles attiraient les imitateurs. Elles attiraient ceux qui voulaient faire semblant d'être heureux. Ceux qui désiraient prétendre être riches, prétendre d'être en vie.
C'est dans un tel monde que j'avais l'impression d'exister lorsque toi, tu es venu dans ma vie comme une vision de la réalité.
À cette période, je me sentais vide. Comme un océan sans eau. Une montagne sans hauteur. Un soleil sans chaleur.
Aujourd'hui, avec du recul, je repense à tant de choses, à tant de gens qui ne croient pas en l'existence de la spiritualité dans ce monde. Je respecte toutes les croyances et toutes les idées, mais j'ai la conviction que nous devons nous mettre tous à la recherche de notre designer. Lui demander dans quel but Il nous a créé. Sinon, les mensonges du monde finiront par nous rendre esclaves d'eux.
La période où nous nous sommes rencontrés, mon amour, je venais d'avoir une promotion au travail. Pourtant, cela ne m'enchantait pas tant que ça. Je n'en étais pas déplu, non plus. C'est juste que plus rien dans la vie ne me surprenait.
Une amie du bureau avait donc proposé de sortir fêter en groupe. Elle pensait que cela méritait une célébration, que je méritais des félicitations.
Nous étions cinq, aussi proches que les doigts de la main, mais aucun d'entre eux ne remarquait que j'avais mal. C'est fou comme parfois, on est tellement pris par les apparences qu'on ne voit pas au travers des faux sourires. On n'arrive pas à distinguer, dans le cri d'un éclat de rire, la douleur ou la joie.
Nous sortions un samedi soir, le vent caressant nos visages. Je souriais, assise près d'eux dans ce restaurant. Toutefois, à l'intérieur, j'étais vide. Pas de vrai bonheur. Insensible presque à la vie.
Quelques heures plus tard, nous partîmes dans une boîte de nuit. J'ai enchaîné les verres d'alcool, cherchant désespérément à remplir ce vide en moi.
Je buvais encore et encore. Seulement, plus je buvais, plus je réalisais que l'alcool n'arrivait pas à fermer ce creux d'âme. C'était étrange, comme si quelque chose de plus grand manquait, quelque chose que même l'océan ne pouvait combler. Je repensais alors à Moïse séparant les eaux. Une force divine capable de dompter l'océan, mais incapable de remplir le creux qui se trouvait en moi. Oui, pourquoi est-ce que le Dieu de Moïse n'arrivait pas à fermer cette porte ouverte sur un néant de solitude dans ma vie ? Pourquoi n'arrivait-il pas à séparer les larmes de mes yeux ?
Puis, pendant que nous marchions dans la rue, mon cœur s'est mis à battre très vite. Jamais encore, je ne l'avais senti jubiler si fortement. Une voix intérieure m'a dit de lever les yeux, et c'est là que je t'ai vu. Ton regard croisa le mien, comme si les mains d'un ange nous avaient touché au même instant.
Tout se passa après cela si rapidement. Bien que mes amis me tirèrent pour monter dans un taxi, je ne pouvais détacher mon regard de toi, cet inconnu aux yeux perçants, jusqu'à ce que la nuit vole ta silhouette et la distance nous invisibilise.