I L’attentat Il y avait trois ans que durait pour les deux Bretons la vie cruelle, trois ans que par des miracles d’énergie, à force de privations et de souffrances, Joël et Jeanne étaient parvenus à dissimuler leur misère à tous les regards. Ils l’avaient cachée même à leurs proches, à leurs plus intimes amis, ne voulant point les affliger du spectacle de leur détresse. Trois années maintenant s’étaient écoulées depuis le dernier voyage que la jeune fille et le vieillard avaient fait à Quimperlé. Quelques lettres reçues les avaient avisés des changements qu’ils y auraient trouvés. Obéissant à la règle de sa communauté, Anne avait changé de résidence, avec espérance, il est vrai, de revenir au bout de trois ou quatre ans à la première maison de sa vocation religieuse. Jean avait quitté