Nicodème Un jour, de très bonne heure, un ami auquel j’avais servi de témoin lors de son mariage, un an auparavant, fait bruyamment irruption chez moi. Du plus loin qu’il m’aperçoit il me tend des bras fraternellement ouverts. C’est un Méridional. Il a l’air ravi et un tant soit peu hagard d’un homme éperonné par une heureuse nouvelle à la fin d’une longue et accablante nuit blanche. Je cède à l’invitation de ses grands diables de bras. Je m’y précipite, surpris, inquiet même ; nous échangeons gauchement, du meilleur cœur du monde, une sorte d’embrassade de théâtre. Puis, libéré de l’étreinte, je l’interroge du regard. Il essuie ses yeux où évidemment c’est le bonheur seul qui larmoie ; il se mouche, et s’écrie : – C’est un garçon, mon ami, c’est un garçon ! – Un garçon ?… Ah ! j’y sui