XIXVoici venir les longs crépuscules pâles de juin, un peu voilés comme ceux de mai, moins incertains cependant et plus tièdes encore. Dans les jardins, les lauriers-roses de pleine terre, qui commencent de fleurir à profusion, deviennent des gerbes magnifiquement rosées. À la fin de chaque journée de labeur, les bonnes gens s’asseyent dehors devant les portes, pour regarder la nuit tomber, – la nuit qui bientôt embrume et confond, sous les voûtes de platanes, leurs groupes assemblés pour de bienfaisants repos. Et de tranquilles mélancolies descendent sur les villages pendant ces interminables soirs. Pour Ramuntcho, c’est l’époque où la contrebande devient un métier presque sans peine, avec des heures charmantes : marcher vers les sommets, à travers les nuages printaniers ; franchir des r