XVIMaintenant ils ouvrent, au beau matin d’avril, les volets de leurs étroites fenêtres, percées comme des sabords dans l’épaisseur de la très vieille muraille. Et tout à coup, c’est de la lumière à flots, dont leurs yeux s’éblouissent. Dehors, le printemps resplendit. Jamais encore ils n’avaient vu, surplombant leur tête, des cimes tellement hautes et proches. Mais le long des pentes feuillues, le long des montagnes garnies d’arbres, le soleil descend pour rayonner dans ce fond de vallée sur les blancheurs du village, sur la chaux des maisonnettes anciennes, aux contrevents verts. Du reste, ils s’éveillent tous deux avec de la jeunesse plein les veines et de la joie plein le cœur. C’est que ce matin ils ont le projet d’aller, là-bas dans la campagne, chez des cousins de madame Dargaigna