XIIIOn est au soir de Pâques, après que se sont tues les cloches des villages, après qu’ont fini de se mêler dans l’air tant de saintes vibrations, venues d’Espagne et de France… Assis au bord de la Bidassoa, Raymond et Florentino guettent l’arrivée d’une barque. Un grand silence à présent, et les cloches dorment. Le crépuscule attiédi s’est prolongé beaucoup et, rien qu’en respirant, on sent l’été venir. Sitôt la nuit descendue, elle doit poindre de la côte d’Espagne, la barque de contrebande, rapportant le phosphore très prohibé. Et, sans qu’elle touche la rive, eux doivent aller chercher cette marchandise-là, en s’avançant à pied dans le lit de la rivière, avec de longs bâtons pointus à la main, pour se donner, s’ils étaient par hasard pris, des airs de gens qui pêchent innocemment de