XI Le premier mouvement de Frédéric, après avoir découvert sa méprise, n’avait pas été, comme on pourrait le supposer, de s’indigner contre la calomnie, de s’accuser lui-même, de se repentir et de renoncer à ses espérances. En admettant comme véridiques les soupçons injurieux de ses tantes, Frédéric n’avait cru porter atteinte ni à la mémoire de son cousin ni à la considération d’Édith. Édith, en effet, eût aimé le comte Sigismond, le comte Sigismond eût payé son bonheur du don de ses domaines, la femme de Muller eût accepté sans hésiter le prix de sa tendresse ou de sa complaisance, le jeune officier n’aurait vu là rien que de simple et de légitime. Habitué depuis longtemps à ces sortes de transactions, Frédéric n’était pas homme à s’effaroucher pour si peu. Non qu’il manquât d’honneur,