XIElle venait maintenant chaque soir, à l’heure du beau crépuscule d’or, et tout le jour Jean ne pensait guère qu’à sa venue. Le travail fini, vite, à grande eau fraîche il faisait sa toilette, arrangeait avec coquetterie son béret de laine sur ses cheveux courts et puis, très leste, sautait sur les pierres du quai pour l’attendre, en fumant sa cigarette turque. Et tout à coup, elle apparaissait là-haut, au bout d’un sentier raide, à un tournant des murailles désolées. Elle arrivait, descendant des quartiers vieux, regardant derrière elle comme par inquiétude d’être suivie ; à pas lents, elle s’approchait, à la fois candide et hardie, inconsciente du mal qu’il peut y avoir à aimer. Jean ne bougeait pas, mais attendait qu’elle passât. Avec un sourire, elle s’arrêtait, lui donnait quelque f