Chapitre 10

3103 Words
Vers quelle heure vient-il ? demanda Fanny. – Ordinairement, vers quatre heures du matin, madame… Mais je me tiens prête, à n’importe quelle heure, et je ne me lasse pas de l’attendre, maintenant que je sais qu’il vient ou qu’il peut venir… parce qu’il ne peut venir évidemment toutes les nuits. Qu’est-ce que je vous disais donc ? Après avoir abordé à cet endroit, généralement, parce que quelquefois il apparaît sans que l’on sache d’où il vient, simplement en se rendant visible tout d’un coup… Il vient en me tendant les bras en silence… en silence… On n’entend pas le bruit de ses pas… on n’entend que le petit bruit de chaînes… dont s’accompagnent toujours, paraît-il, les pas des fantômes qui sont les captifs de la mort… – Ma pauvre enfant ! Ma pauvre enfant !… interrompit encore Jacques… Où avez-vous lu tout ça ?… Où avez-vous rêvé tout ça ?… – Mais laisse donc, je t’en prie, Jacques !… fit encore Fanny avec humeur. – J’ai pu croire que je rêvais… Mais maintenant je suis sûre qu’il vient, qu’il m’attend, qu’il m’aime toujours… assura Marthe, avec d’angéliques hochements de tête… Elle est bien à plaindre la pauvre chère âme avec sa blessure rouge à la tempe !… C’est évidemment sur moi qu’elle compte pour la venger… mais je suis si faible… si faible… que je n’y arriverai jamais si vous ne m’y aidez pas !… Elle leur prit une main à tous les deux et la leur serra avec une force nerveuse dont ils l’eussent cru incapable. – Dites-moi que vous m’aiderez, et je vous dirai ce qu’il m’a dit cette nuit… – Vous savez bien que nous vous aimons beaucoup, ma petite Marthe, dit Fanny. – Ce n’est pas cela que je veux entendre !… Dites-moi : « Je vous aiderai ! » – Eh bien ! nous vous aiderons !… – C’est cela… merci !… Maintenant, je suis plus tranquille. C’est un grand secret qu’il m’a confié là… et qui va peut-être pouvoir nous aider beaucoup… Il m’a dit si douloureusement, si douloureusement… « Marthe ! Marthe ! je voudrais reposer en terre sainte… va chercher mon cadavre !… » « Alors je lui ai demandé : « Dites-moi, André, où est votre cadavre ? » « Et il m’a répondu : « Eh bien, mais !… Il a caché mon cadavre dans la malle !… » « Et, là-dessus, il a disparu comme de la fumée… Qu’est-ce que vous dites de ça ?… Nous savons maintenant où est son cadavre… il faudrait savoir où est la malle… ça sera peut-être très difficile… On a cherché parfois des cadavres dans des malles pendant des mois, des années… Rappelez-vous l’affaire dont nous a tant parlé le Dr Moutier, l’affaire Gouffé, je crois… Enfin, il faudra être bien prudent parce que Saint-Firmin a dû prendre ses précautions !… Et maintenant, descendons, descendons vite ; revenons à la maison, car mon mari ne sera plus longtemps à rentrer… Je veux qu’il nous trouve bien sages tous les trois dans le salon, et nous parlerons de la pluie sans avoir l’air de rien !… Mais, rentrée dans la petite maison du bord de l’eau, Fanny, en quelques mots, prit congé et ils se sauvèrent. On n’eût pu se servir d’un autre mot. Jacques était incapable de parler. Fanny avait à peine pu tirer une phrase de politesse hors de sa gorge desséchée… C’est elle qui, la première, eut reconquis un peu de sang-froid. – Il faut, dit-elle, savoir ce que tout cela veut dire… On a fini de rire avec cette petite… – Elle ne m’a jamais fait rire ! exprima Jacques, dont la pâleur effraya Fanny. – Remets-toi, lui dit-elle. Avant tout, il ne faut pas faire les enfants… – C’est épouvantable ! murmura Jacques… quand elle a dit la chose… j’ai cru que j’allais m’abattre comme une masse… Cette petite a des visions !… je finirai par croire que Moutier n’a peut-être pas tout à fait tort de prétendre… – Tais-toi ! Moutier se moque de nous !… Tu ne vas pas devenir aussi fou que Marthe, hein ?… André n’est pour rien là-dedans !… Si André, réellement, lui apparaissait, si André pouvait quelque chose… il nous aurait déjà arraché ses enfants !… Or, il ne s’en occupe même pas !… – C’est vrai ce que tu dis !… – Sais-tu ce que je pense ?… Je pense, moi, qu’elle voit réellement quelqu’un… et pas une ombre, pas un fantôme, quelqu’un de bien vivant, qui a peut-être… quand je dis peut-être… qui a dû assister à… à l’affaire… en tout cas (et elle se penche à son oreille), qui t’aura vu dans la forêt, mettre le cadavre dans la malle !… Voilà ce que je pense… Quelqu’un qui ne veut pas se compromettre, qui ne veut faire aucune dénonciation, mais qui connaît Marthe et son caractère mystique… et qui a trouvé ce moyen de la mettre sur la trace. Voilà ce que je crois, et c’est beaucoup plus grave que toutes vos histoires de fantômes… – Oh ! fit Jacques, qui s’arrêta et s’appuya contre un arbre, car il ne pouvait plus marcher… si nous en sommes là ! – Il faut savoir si nous en sommes là… et dans ce cas… – Dans ce cas ?… – Agir… et agir sans perdre une minute… Fanny le prit sous le bras, l’entraînant, essayant de lui passer un peu de son courage. Mais chez Jacques la volonté chancelait. À quatre heures du matin, deux ombres immobiles se dissimulaient derrière une clôture, à quelques pas de la petite maison du bord de l’eau. De l’endroit où elles se trouvaient, elles découvraient tout le coin de la rive jusqu’au bouquet de saules et, à gauche, le mur du jardin, puis, se perdant dans l’obscurité d’une nuit où la lune se montrait avare de ses rayons, le petit bois de trembles qui finissait à la forêt de Sénart. Dans le mur, il y avait une petite porte qui restait fermée. Dans le kiosque, on n’apercevait aucune silhouette accoudée sur la rampe rustique dans l’attente du mystère nocturne. – Ils ne se sont peut-être pas donné rendez-vous, ce soir…, souffla Jacques à l’oreille de Fanny. Mais Fanny lui mit la main sur la bouche. Et ils attendirent encore… patiemment, car ils voulaient savoir… savoir… Quatre heures et demie… Soudain, la petite porte s’entrouvre tout doucement, et une forme blanche apparaît sur le seuil. C’est Marthe. Elle est telle qu’ils l’ont vue l’après-midi même, dans sa robe blanche, avec son châle sur ses épaules frissonnantes. Elle fait deux pas comme en un rêve. Sa démarche est lente, on dirait une somnambule. Elle étend les bras. Elle regarde autour d’elle, elle s’arrête devant l’ombre difforme et fantastique des saules et elle appelle d’une voix basse et passionnée : « André !… André !… » – Tu vois bien qu’elle rêve…, dit Jacques. Fanny lui serre la main à la briser. – Tais-toi donc !… Tu n’entends pas un bruit de chaînes ?… – Si, si, mais c’est la chaîne du bachot… – Attends donc !… – Mais Marthe va tomber à l’eau !… – Eh ! Après ? répliqua la voix sèche de Fanny. Mais Marthe ne tomba pas à l’eau ; elle marchait le long de la rive et se pencha sur le fleuve et tendit les bras dans un équilibre inquiétant en répétant de sa tendre voix suppliante : « André !… André !… » Mais elle ne tomba pas. Un instant, elle resta tout à fait immobile, comme en extase, sembla parler à quelqu’un, lui adressa des signes… puis tout doucement, la tête appuyée sur l’épaule et les bras ballants, elle revint vers la porte, en pleurant… Afin de ne perdre aucun de ses mouvements, Fanny et Jacques étaient peu à peu sortis de leur cachette… Persuadés, du reste, qu’ils avaient affaire à une personne en état de somnambulisme, ils ne prenaient plus de grandes précautions. Fanny disait à Jacques : – Tu l’as vue ? Tu l’as entendue ?… Demain, elle nous racontera encore qu’elle a vu son mort et qu’elle lui a parlé !… – Ce qu’il y a de terrible, répliqua Jacques, c’est qu’elle nous dira peut-être comme aujourd’hui, ce que le mort lui a répondu… Il avait prononcé ces mots à voix très basse et cependant ils eurent l’effroi de voir tout à coup la forme blanche de Marthe suspendre sa marche hésitante, se retourner vers eux et leur dire : – Non ! non !… ce soir le mort ne m’a rien dit !… Le mort n’est pas venu… et pourtant je l’ai bien appelé… je lui ai parlé, moi !… je lui ai dit tout ce que j’avais sur le cœur… mais il n’est pas venu !… que voulez-vous, ce sera pour une autre nuit… Et elle essuya du doigt ses larmes, puis tranquillement, elle continua : – Quant à vous, mes amis, je vous attendais. Oh ! je savais bien que vous viendriez !… Sitôt que Mme de la Bossière m’a demandé hier : « À quelle heure vient-il, votre fantôme ? » j’ai bien compris que vous viendriez !… Vous vouliez vous rendre compte… savoir si je ne rêvais pas tout éveillée… c’est assez naturel !… Le malheur est que justement aujourd’hui il ne soit pas venu ! car nous aurions pu causer tous les quatre !… Ayant dit ces choses, non point dans le rêve, mais « dans la vie » et fort posément, elle leur serra la main à tous deux comme à de bonnes vieilles connaissances qu’elle était heureuse d’avoir rencontrées avant de rentrer chez elle, et elle rentra, en effet, chez elle, en refermant soigneusement la petite porte du jardin… – Ce qu’il y a d’extraordinaire, dit Fanny à Jacques, quand ils se retrouvèrent seuls… – C’est que nous soyons ici, répondit Jacques… Allons-nous-en ! – Je ne l’ai jamais vue aussi lucide !… Elle raisonne fort bien !… Et, tu vois, pas plus que nous, elle n’a aperçu le fantôme… – Allons-nous-en ! Mais tout à coup, ils tressaillirent tous les deux, car ils venaient d’entendre à nouveau, dans la nuit, le bruit de chaînes… Ils se dissimulèrent aussitôt derrière leurs planches, et, avidement, regardèrent. Ils aperçurent alors une forme penchée qui glissait sur les eaux pâles, qui disparaissait un instant derrière les saules, qui faisait encore entendre un bruit de chaînes et qui réapparaissait sur la berge où elle se mettait à marcher avec des gestes bizarres. – Mais c’est Prosper le bancal ! fit Jacques… – Le sourd-muet !… dit Fanny… Tiens, il traîne, à l’une de ses béquilles, un filet plein de poissons. – Il revient de la maraude, expliqua Jacques… Il sera allé braconner avec le bachot. – Je parie que c’est lui qu’elle aperçoit, qu’elle voit !… exprima Fanny… – Les sourds-muets ne parlent pas, dit Jacques… – Est-on sûr qu’il soit sourd-muet, celui-là ? À cette question posée par sa femme et dont il appréciait, dans le moment toute l’importance, Jacques ne répondit pas. Et ils ne dirent plus rien, car ils s’étaient compris. Prosper, claudiquant, bringuebalant son filet dont les écailles d’argent brillaient de temps à autre sous la lune, s’éloignait très vite, s’enfonçait dans le bois de trembles, rejoignant la forêt dont il avait fait sa mystérieuse demeure. – Je crois que nous pouvons nous en aller, maintenant, dit Fanny… Il n’y a plus rien à voir ici… Et ils rentrèrent à leur tour, chez eux, par le fond du parc et la petite poterne de la Tour d’Isabelle dont Jacques avait pris la clef. Les chiens n’aboyèrent même point. S’ils avaient été surpris, en bas, à une heure pareille, surveillant la petite demeure du bord de l’eau, ils avaient décidé de tout dire au vieux SaintFirmin des lubies de sa femme, de façon qu’il la surveillât mieux ou qu’il la fît enfermer dans une maison où ses propos n’auraient plus aucune importance, et où elle aurait cessé d’être dangereuse pour tout le monde. Or, voilà que quelqu’un, un pauvre être qui passait pour idiot et que l’on croyait sourd et muet, et qui habitait un misérable trou de grotte, dans la forêt, les préoccupait davantage maintenant que Mme Saint-Firmin elle-même. lendemain, Jacques resta toute la journée au château, incapable du moindre travail, depuis qu’il savait que le mort avait dit : « Il a caché mon cadavre dans la malle ! » Cette phrase l’avait tenu en éveil toute la nuit, et l’avait poursuivi toute la journée, le reportant par la pensée dans le coin de cette cave où il avait enfoui le corps de son frère. Ou Marthe agissait et voyait et entendait comme une somnambule et, dans ce cas, le somnambulisme devenait étrangement dangereux, ou elle était renseignée réellement par quelqu’un ; et alors, ils touchaient, peut-être, à une catastrophe. Quant à Fanny, elle appelait toutes les ressources de son intelligence pour prévenir le péril, pour le conjurer, pour le deviner. Prouvant une force de caractère peu ordinaire, elle vaqua à ses devoirs de maîtresse de maison avec une liberté d’esprit apparente, qui ne laissa point deviner un instant sa terrible préoccupation. Et cependant, elle ne pensait, elle aussi, qu’à ça !… Pour elle, il ne faisait point de doute que « quelqu’un savait »… Était-ce le bancal ? le jeteur de sorts ? comme on l’appelait dans le pays ?… Le coup venait-il de cet idiot ? À la réflexion, elle ne pouvait y croire… L’être paraissait si insignifiant… et puis, encore une fois, il était bien connu comme sourd-muet… Tout à coup, comme elle se promettait de l’approcher dès qu’elle aurait été avertie de sa présence, soit à la Roseraie, soit à Héron où il venait souvent mendier, elle se rappela qu’elle avait aperçu Prosper à Héron même quelques instants seulement avant le retour de Jacques en automobile à Héron, le fameux matin sinistre. Il ne pouvait donc point avoir assisté « à la chose », dans la forêt. Elle courut dire cela à Jacques qu’elle trouva prostré au fond d’un fauteuil, devant son bureau. La sueur au front, il dut se rappeler exactement où la « chose s’était passée ». D’une voix sourde, il expliqua qu’elle s’était passée, à plus d’une lieue de là, au rond-point de la Fresnaie. Ce souvenir et cette précision les rassurèrent en ce qui concernait Prosper. Du reste, un événement qui survint dans l’instant devait les tranquilliser tout à fait à cet égard. Il était cinq heures environ ; le jour touchait à sa fin quand un garde demanda à parler à Jacques et fut introduit. Ce garde expliqua qu’il avait trouvé des lacets de braconnier dans le bois, qu’il les avait surveillés et qu’il avait découvert le fautif. Ce n’était ni plus ni moins que le jeteur de sorts qui, en l’apercevant, s’était enfui si malheureusement qu’il pouvait bien s’être cassé la jambe… – Et qu’est-ce que vous en avez fait ? demanda Fanny. – Mon garçon et moi, nous l’avons ramené sur nos fusils et deux branches d’arbre. Il n’a pas cessé de gémir. Nous sommes bien embarrassés de lui, mais ce n’était pas chrétien de le laisser dans le bois dans un état pareil. – Vous avez bien fait de le ramener, dit Fanny. C’est un pauvre homme. Le Dr Moutier va aller voir ce qu’il a. Où l’avez-vous déposé ? – Chez la concierge ! – J’y vais tout de suite… Elle entraîna Jacques : – Darling, je vous en prie, sortez de cet accablement… Soyez fort, continuez à commander à la fortune qui vous a chéri depuis cinq ans… et si quelqu’un sait… ne désespérez pas encore… car alors, il sait depuis cinq ans, et pendant cinq ans, il n’a rien dit… et peut-être aussi qu’on ne sait rien et qu’on désirerait savoir !… Mais Jacques secoua la tête. – Il y a, dit-il, des choses là-dedans qui nous dépassent. – Taisez-vous, petit tchéri !… Il n’y a dans tout ceci qu’une folle qui doit se taire, ou qu’une petite fille très intelligente, qui fait la folle et qui, je vous le jure, se taira tout de même !… Il la vit devant lui, debout, admirable d’énergie… et si menaçante… qu’il eut honte de lui-même. – Allons voir notre sourd-muet, décida-t-il. Le Dr Moutier que l’on dérangea dans la rédaction d’un article sur « la suggestion dans l’emploi des vésicatoires » les suivit en bougonnant. Il aurait voulu avoir terminé cet article pour l’arrivée du Professeur Jaloux. Le Dr Moutier était le seul qui restait alors au château de tous les hôtes de la Roseraie. Il profitait avec acharnement de cette retraite pour mettre au point le premier fascicule de La Médecine astrale, sur lequel Jaloux, de l’Académie des sciences, qu’il attendait d’un instant à l’autre, devait venir jeter le coup d’œil du maître. Moutier regretta d’autant plus le temps qu’on lui faisait perdre qu’il se rendit compte tout de suite qu’on l’avait dérangé pour peu de chose… une simple foulure… très douloureuse, sans doute, car Prosper poussait des cris inarticulés dès qu’on le touchait, et il ne fallait pas être dégoûté pour le toucher, grognait le docteur en se relevant et en réclamant de l’eau et du savon pour se laver les mains. – Vous allez prendre une brosse de chiendent, du savon noir et de l’eau chaude et me nettoyer cette ordure, dit-il au garde et au concierge en leur montrant le misérable qui essayait de se soulever sur ses coudes comme s’il voulait fuir, et dont les gestes désordonnés semblaient réclamer les béquilles qui avaient été jetées dans un coin. Après, continua le père Moutier, je le panserai… et il pourra retourner au diable ! Jacques et Fanny n’avaient point cessé de dévisager l’idiot et de chercher à pénétrer un peu le mystère de son imbécillité ; mais c’est en vain qu’ils avaient épié une lueur de raison, une intention quelconque dans son regard de bête. Un grognement perpétuel sortait de sa bouche tourmentée : « Han !… Han !… Han !… Han !… » Dans le moment qu’ils se détournaient de ce triste spectacle avec dégoût, mais rassurés, M. et Mme de la Bossière ne furent pas peu étonnés de voir accourir Mlle Hélier. Très pâle et extrêmement agitée, elle semblait avoir perdu la force de parler : – Oh ! madame !… madame !… – Qu’y a-t-il, mademoiselle Hélier ?… Voyons, parlez !… Mon Dieu ! il n’est rien arrivé à Jacquot ?… – Non, madame… non, pas à Jacquot, mais au petit François…
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