J’ai dit que l’oubli commençait à faire son œuvre. Mais un des effets de l’oubli était précisément – en faisant que beaucoup des aspects déplaisants d’Albertine, des heures ennuyeuses que je passais avec elle, ne se représentaient plus à ma mémoire, cessaient donc d’être des motifs à désirer qu’elle ne fût plus là comme je le souhaitais quand elle y était encore, – de me donner d’elle une image sommaire, embellie de tout ce que j’avais éprouvé d’amour pour d’autres. Sous cette forme particulière, l’oubli qui pourtant travaillait à m’habituer à la séparation, me faisait, en me montrant Albertine plus douce, souhaiter davantage son retour. Depuis qu’elle était partie, bien souvent, quand il me semblait qu’on ne pouvait pas voir que j’avais pleuré, je sonnais Françoise et je lui disais : « I